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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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son service sans un motif important.
    Castel-Rajac ne se fit pas répéter l’invitation. Il courut chercher sa monture, et revint à francs étriers avec le jeune valet.
    Dès qu’il fut arrivé, l’abbé Vertot lui confirma ce qu’il lui disait dans sa lettre, et les explications que Colin lui avait déjà fournies.
    – Les misérables ! gronda-t-il en tortillant nerveusement sa moustache. Oh ! mais cela ne se passera pas ainsi ! je le sauverai ou je le vengerai !
    Une seule chose importait avant tout : mettre la duchesse au courant.
    Et c’était cette nouvelle que Gaëtan allait porter à Saint-Germain à M me  de Chevreuse.

CHAPITRE III
 
OÙ CASTEL-RAJAC PART EN CAMPAGNE
 
    La duchesse de Chevreuse ne logeait pas au château de Saint-Germain, résidence principale de la cour. Elle avait préféré, afin de garder plus aisément cette liberté à laquelle elle tenait tant, demeurer dans un hôtel particulier de la ville où elle pouvait recevoir qui bon lui semblait.
    Ce jour-là, après avoir rendu sa visite quotidienne à son amie la reine Anne d’Autriche, Marie de Rohan, qui avait conservé presque intégralement son éclatante beauté et entièrement son charme, son esprit et sa grâce, était rentrée chez elle et s’était retirée dans un petit boudoir où elle avait l’habitude d’écrire à ses amis.
    Installée devant un petit bureau, elle avait adressé une première missive à l’une de ses cousines de province, lorsqu’on lui annonça que M. le lieutenant de Castel-Rajac sollicitait l’honneur d’être reçu par elle.
    Surprise par cette visite à laquelle elle ne s’attendait guère et pressentant une catastrophe, elle donna l’ordre de faire entrer aussitôt le chevalier.
    Dès que celui-ci parut sur le seuil, tout de suite, la duchesse, devinant la vérité, s’écria :
    – Henry ! n’est-ce pas ?
    – Disparu, fit simplement Gaëtan, dont la voix s’étrangla.
    Tandis que M me  de Chevreuse s’effondrait sur un siège, le mousquetaire articula :
    – Il a certainement été enlevé hier au cours d’une promenade, qu’il faisait en forêt.
    S’efforçant de se ressaisir, M me  de Chevreuse reprit :
    – Ce que je redoutais est arrivé. La ressemblance était trop frappante et c’est ce qui a perdu ce malheureux.
    » Quand je pense, qu’hier encore, j’adjurais la reine d’éloigner Henry ! Il était fatal que sa ressemblance avec le roi attirât sur lui l’attention des gens.
    » Tant que le cardinal de Mazarin a vécu, j’étais tranquille, je savais qu’il ne permettrait pas que l’on touchât à son fils et que sa toute-puissante sauvegarde mettait à l’abri ce malheureux jeune homme de tout attentat et même de toute persécution.
    » Mais, Mazarin mort, il fallait bien s’attendre à ce que l’on cherchât à anéantir cette réplique vivante du roi ! Pourvu qu’ils ne l’aient pas assassiné. »
    À ces mots, Gaëtan eut un frémissement de tout son être.
    – S’il en était ainsi, s’écria-t-il, il serait bientôt vengé !
    – Calmez-vous, mon ami, reprit la duchesse. Plus que jamais nous allons avoir besoin de toute notre présence d’esprit, de tout notre sang-froid, pour déjouer l’intrigue qui a coûté la liberté à notre cher Henry ; car, plus j’y songe, moins je crois que ses ennemis ont osé le tuer. Selon moi, ils se sont emparés de lui, l’ont emmené et l’ont enfermé dans une citadelle.
    – Pourquoi ? Pourquoi ? interrogea Castel-Rajac, dont l’immense douleur se lisait sur le visage.
    – Raison d’État, répliquait la duchesse.
    – Raison d’État ?
    – Oui. Certains ont pu redouter qu’une ressemblance aussi extraordinaire ne provoque un jour quelque coup d’éclat, en dressant tout à coup, en face du roi, un frère rival, dont les factieux, qui n’ont point désarmé, eussent fait leur chef.
    – Voilà, s’écria le Gascon, une chose que je n’aurais jamais imaginée.
    – C’est parce que, mon ami, déclara M me  de Chevreuse, vous vous êtes toujours tenu à l’écart de la politique et que vous êtes si droit, si franc et si loyal, que vous ne pouvez penser au mal.
    – Milledious ! ragea le Gascon. Pouvoir passer mon épée au travers du corps de celui qui a conçu un tel forfait et des gredins qui l’ont exécuté !
    – Prenez garde, ami, avertit la duchesse. Oui, prenez garde, car vous seriez obligé, peut-être, de frapper trop haut.
    – Que

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