L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude
radicale des femmes, même si elle a souvent débouché sur une attitude aberrante. L’homme et la femme se sont retrouvés alors dans une égalité apparente, portant chacun un jean’s délavé, voire troué, un tee-shirt de préférence crasseux, et des chaussures qui valaient surtout pour des randonnées en montagne ou des courses en terrain accidenté.
Pourquoi vouloir nier à tout prix sa féminité alors que celle-ci, au moins dans l’espèce humaine, est plus belle que la masculinité ?
Ces divers comportements suscitent des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre. Si l’homme lesbien ne fait généralement guère de fixation sur la tenue extérieure de sa « complice », il est des exceptions. Elles amènent à évoquer le phénomène du « transvestisme » ou « travestisme », voire même du « transsexualisme », encore que ce dernier terme désigne en fait ce que les Anglo-Saxons nomment le transgender , désignant un changement de sexe volontaire obtenu par des pratiques de chirurgie médicale. Mais un travesti est-il un homme lesbien ? Inversement un homme lesbien doit-il être obligatoirement un travesti ? La réponse à cette double question est non, sans équivoque.
Un travesti est un homme qui, pour diverses raisons, aime s’habiller en femme de façon permanente ou occasionnelle. Écartons d’emblée le « prostitué » qui n’est pas toujours mû par cette pulsion intérieure, mais se « déguise » pour aguicher des clients avides de nouveautés ou de situations ambiguës. Il faut admettre que dans leur plus grande majorité les travestis authentiques ne sont pas des homosexuels. Le véritable homosexuel mâle déteste et fuit tout ce qui rappelle la femme, y compris sa parure, tandis que les travestis sont des admirateurs de la féminité sous toutes ses facettes. Et parce que certains hommes lesbiens peuvent être – aussi – de magnifiques travestis féminins, on a parfois entretenu des confusions.
Il fut un temps où je fréquentais avec curiosité un groupe de travestis appartenant à une classe sociale plutôt aisée et intellectuelle. Sondant leurs motivations, je me suis aperçu que chacun constituait un cas particulier. Toute généralisation est abusive et risque de fausser les opinions que l’on peut porter sur ce genre de comportement.
Prenons l’exemple de Georges, qui se faisait appeler Gina. Ayant perdu sa mère alors qu’il avait à peine dix ans, il en avait conçu un chagrin fou qui ne s’atténuait pas. Or, la famille avait gardé les vêtements de la défunte dans le grenier de la maison. Un jour où il se trouvait seul, l’orphelin a revêtu, sans se poser de questions, successivement tous les habits de sa mère. Il s’est senti si bien qu’il a poursuivi un jeu innocent. Et il est devenu peu à peu un véritable travesti, fier de l’être. Mais s’agit-il d’un homme lesbien ? Nullement. Travesti, l’homme incarnait sa mère, n’en était que le substitut.
Un autre exemple de ce type, Gaby. Veuf d’un certain âge, ayant vécu une grande passion avec sa femme, il a conservé intact, de façon touchante, le petit logement qu’il partageait avec elle et où il revêt les habits de la défunte. Non plus que Georges, Gaby n’est un homme lesbien : il se contente de faire revivre en lui l’image de sa compagne, ce qui n’est pas sans provoquer une mélancolie.
L’Histoire nous a légué quelque chose d’équivalent avec les aventures du Chevalier de Fréminville. Né en janvier 1787 à Ivry-sur-Seine, il devient marin, botaniste, spécialiste des coquillages, et même archéologue. Un jour, le marin fait naufrage, est recueilli sur le rivage par une jeune femme. S’ensuit un immense amour avec Caroline. Malheureusement, Fréminville doit partir pour une lointaine expédition. Ne le voyant pas revenir et se croyant abandonnée, la jeune femme se suicide de chagrin. Deux jours plus tard, Fréminville arrive. S’enfermant dans la douleur, il conserve les vêtements de Caroline et passe, à Brest où il meurt en 1848, les six dernières années de sa vie habillé en femme, recevant de la sorte ses amis. Le chevalier de Fréminville, pas plus que les amoureux précédemment cités, ne peut être considéré comme un homme lesbien.
En revanche, un personnage du XVII e siècle, qui nous est bien connu parce qu’il a rédigé lui-même ses mémoires, est à la fois un travesti et un
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