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L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude

Titel: L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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clitoris est le strict équivalent du pénis, et inversement   ; ce qui relègue le vagin à un rôle secondaire. Le vagin est lié à la maternité, mais dans la relation que souhaite l’homme lesbien, il n’y a pas de place pour la procréation. Ainsi la femme élue ne peut-elle jamais être considérée comme une mère potentielle. S’il y a pénétration du pénis dans le vagin, l’homme lesbien se garde souvent de toute éjaculation. Il pratique ce que, dans les techniques orientales, notamment dans le tantrisme, on appelle une « étreinte réservée », laquelle consiste à retenir son sperme juste avant que ne se déclenche l’orgasme masculin   ; ou, chose fréquente en Occident, il se contente d’un coïtus interruptus , autrement dit d’une éjaculation hors du vas naturale , comme disent les théologiens et les moralistes catholiques.
     
    C’est à une sorte de rituel d’ordre religieux que se livrent les amants lesbiens dans leurs rapports intimes. Rituel qui n’est pas sans rappeler celui pratiqué au Moyen Âge dans l’Amour courtois. La fine amor (ou bel amour), si bien chantée par les troubadours, est un amour adultère où tout est permis sauf la pénétration (5) . De la sorte, est préservée la continuité de la lignée masculine officielle, et l’honneur du mari demeure intact. On a voulu voir dans ce type de relation une manifestation de l’amour platonique, c’est-à-dire un amour intellectuel et spirituel qui n’a nul besoin de contact physique.
    Cependant les textes de l’époque, comme l’a montré René Nelli, sont loin de faire l’éloge de la chasteté en tant que vertu principale.
     
    Alors, qu’en est-il exactement de cet amour   ? C’est d’abord, de la part de l’homme lesbien, une période de contemplation de la femme, de sa beauté – autant intérieure qu’extérieure –, de son intelligence et de sa grâce. Il la dévore littéralement des yeux, souvent au cours d’une attente passionnée durant laquelle le désir masculin s’accroît et où l’énergie, d’être mise en réserve sur le plan sexuel, suscite de la part de l’homme des actions exceptionnelles et plutôt glorifiantes. Puis vient le moment de la pratique, souhaitée et acceptée par l’homme et la femme. Cela se traduit dans l’étreinte des corps qui échangent leur chaleur et leurs vibrations les plus intimes, les plus subtiles. Caresses qui ne négligent aucune partie du corps, le cou, les épaules, la poitrine, le dos, le creux sensible des reins, les fesses, et le sexe, finalité suprême de l’exploration sensuelle . Tout s’enchaîne avec naturel   : masturbation, cunnilingus, voire anilingus. L’homme lesbien mesure son propre plaisir à l’aune de celui qu’il perçoit chez la femme étreinte.
    Il n’y a par conséquent ni possession de la femme par l’homme, ni appropriation abusive de l’homme par la femme, mais au contraire, une revalorisation de la sexualité.
    Serait-ce l’union idéale des deux sexes   ? Probablement, mais cette harmonie est difficile à atteindre, et elle est précaire, car elle demande de part et d’autre un certain renoncement à ce que la majorité des gens considèrent comme des prérogatives ne devant pas être remises en cause.
    Il n’empêche que ce renoncement, excluant la violence et la brutale autorité, favorise l’élaboration d’un couple équilibré en le fondant sur une pleine égalité entre deux êtres.
    Car il s’agit bel et bien d’égalité, non de « complémentarité ».
    La nuance a sa valeur. La parure est secondaire pour l’homme lesbien   : il ne recherche pas la beauté de la femme à travers un « emballage » consistant en vêtements et sous-vêtements sophistiqués. En cela il est proche du Mouvement de Libération de la Femme (M.L.F.) et de l’esprit de mai 1968. À ce moment, les femmes ont rejeté – ou tenté de rejeter – ce qui avait un rapport avec l’asservissement au plaisir du mâle, comme le soutien-gorge, le porte-jarretelles et accessoires de ce genre, y compris le corset qui, dans les années 1900, signait l’infériorité des femmes en même temps que la béate satisfaction des contemplateurs d’êtres fragilisés mais présentables puisque revêtus d’oripeaux qu’ils avaient eux-mêmes conçus, choisis ou fait choisir à celles qu’ils exhibaient en public tels des singes sortis d’un zoo ou des portraits décrochés des murs d’un musée. On comprend la réaction

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