Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
Samaritaine, l’attention de Nicolas fut attirée par l’enseigne portant l’inscription thomas, tondeur de chiens .
    – Oh ! dit-il, la désignant à Bourdeau, je suis une de ses pratiques. Il est aussi décrotteur, mais remplit fort habilement son second office. Avec lui, les chiens sont paisibles sous le ciseau sans avoir besoin de les museler ou de les tenir. Il ne les blesse pas. Cela me fait songer que par ce temps de canicule, il faudrait que je fasse rafraîchir le pauvre Pluton.
    – Comment se porte le noble animal ?
    – Il prospère à vue d’œil, gâté à l’excès par Marion et Catherine quand ce n’est point par Noblecourt. Mouchette l’a complètement enchaîné à ses charmes. Il paraît qu’il est devenu son chevalier servant, lui rabattant dans l’écurie rats et souris à foison.
    – Tu le sors peu.
    – Si, quand je vais donner de l’exercice à Sémillante aux Champs-Élysées. En fait, je crains pour lui.
    – Les équipages ?
    – Pas seulement. Il y a les chiens errants toujours agressifs et, désormais, ces tueurs patentés qui, le bâton ferré à la main, massacrent sans distinction toute bête isolée ou à contenance suspecte. Tête baissée ou queue traînante sont des motifs suffisants. Il est vrai que c’est le lieutenant de police qui stipendie ces gens, tant on craint cette maladie effroyable dont le seul nom fait frémir.
    Ils s’arrêtèrent quai des Grands-Augustins au marché des volailles où, appuyés sur une pierre de taille en guise de table, ils partagèrent un poulet au sel et deux douzaines d’huîtres, à l’abri d’un parasol. Cela fut inévitablement suivi d’une régalade d’un pichet de vin blanc rafraîchi chez un limonadier de la rue Dauphine. Par la rue Mouffetard, ils rejoignirent la rue Scipion. Le cocher les déposa à l’entrée de cette artère puante, étroite et sombre. L’écrivain public les accueillit aimablement et s’empressa de les faire entrer.
    – Si j’en juge, monsieur, à la rareté de vos visites, j’ai tout lieu de penser que vous avez besoin de mes faibles lumières.
    – Elles ont toujours su éclairer les complexités les plus obscures.
    – De quoi s’agit-il cette fois ?
    Nicolas exposa, avec sa clarté coutumière, l’état de leurs investigations et la nature du mystère sur lequel ils butaient. Il déploya, devant M. Rodollet attentif, la liste des livres en désordre relevés dans la bibliothèque de M. de Chamberlin. Le praticien chaussa ses besicles et contempla longuement l’énumération. Il soupira et, regardant les deux policiers avec un rien de commisération, se mit à leur faire la leçon.
    – Tout cela est d’un enfantin ! Le problème avec les amateurs, c’est qu’ils recherchent de midi à quatorze heures, compliquent la chose et font fuir la solution. Et pourtant, le système ne vaut pas les quatre fers d’un chien .
    – C’est bien pourquoi nous nous adressons à vous, pauvres ignorants que nous sommes.
    Il fut morgué sévèrement.
    – Il ne faut pas être grand clerc pour découvrir le système qui gouverne cette énigme-là, ajouta
M. Rodollet, qui paraissait prendre un malin plaisir à redoubler son ironie. Il n’est pas malaisé à deviner, ce galimatias-là !
    L’air dédaigneux, il se saisit d’une mine de plomb et traça une série de lettres.
    – À quoi correspondent-elles ? demanda Nicolas.
    – Vous êtes uniquement attiré par les titres des livres, alors que ce sont les majuscules qui comptent. Ainsi, S de Scarron, E de Erasme, L de Lesage, tiens, un Breton comme vous-même…
    – Tu vois ! dit Nicolas hilare, poussant Bourdeau du coude. Chacun sait que c’est un Breton.
    – Et ainsi de suite. Ah ! Un livre retourné. La marque d’un nouveau mot.
    Il continua jusqu’à épuisement de la liste du petit carnet noir.
    – Voyons ce que cela nous donne :
    S E L R A H C
    E D E S S O P
    L A N I G I R O
    – Faut-il, demanda Bourdeau, comme dans notre précédente consultation, prendre une lettre au milieu et marcher en avant et en arrière ?
    – Que non point ! C’est curieux, ma foi, que la solution ne nous apparaisse pas plus éclatante. Reprenons les trois mots en les lisant à l’envers.
    – LANIGIRO… Oui ! ORIGINAL ! C’est prodigieux !
    – Peuh ! En effet pour un apprenti. C’est le contexte de la bibliothèque qui trompe son monde.
    Bourdeau poursuivait.
    – POSSEDE… CHARLES. Charles, le neveu. Original

Weitere Kostenlose Bücher