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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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chaud entrait par la glace baissée de la voiture. Ils approchaient du fleuve. Des cris d’enfants, des appels, des querelles de cochers, le bruit des équipages et des charrois les enveloppaient de rumeurs. De nouveau une horreur glacée reprit Nicolas. À quarante ans il sortait de l’enfance tiré au forceps par cette révélation. Cependant, sa nature étant bonne, ce moment de colère contre le destin céda à la douce pitié qu’il éprouva soudain pour les amants malheureux.

IX
    Étiquette et politique
    « Ce qu’on y voit de plus pompeux n’est l’affaire que d’une scène. »
    Massillon
    Au Châtelet, la mouche lancée par Bourdeau sur les traces du garçon tabletier amant de la Lofaque, ne put que leur avouer son échec. Certes, après bien des recherches il avait fini par découvrir l’atelier où ce Jacques Meulière travaillait, mais avait dû affronter la fureur d’un maître sans nouvelles de son apprenti depuis plusieurs jours. Cela arrivait de plus en plus souvent à l’intéressé, qui recevait des remontrances sans pour autant s’amender.
    – Bon ! dit Nicolas. Cette disparition n’a sans doute aucun lien avec nos affaires, cependant je souhaite interroger ce garçon. Qu’on le trouve et qu’on me le présente. Et par la même occasion, qu’on demande à sa maîtresse si elle a des nouvelles de lui.
    Au fur et à mesure que l’action imposait le cours habituel de la réflexion et de la décision, l’oppres
sion de son cœur diminuait et il recouvrait un peu de sa sérénité.
    – Comment avais-tu senti que nous étions observés ? dit Bourdeau.
    – C’est l’habitude du chasseur. À l’affût, le moindre mouvement est aussitôt perçu.
    – Cela signifie que nous étions suivis.
    – Reste à savoir depuis quand. Et qui tient la main à cette filature.
    – Sartine ?
    – Cela signifierait qu’il aurait donné ordre de m’assassiner. Non ! Je ne le peux croire.
    – On a pu outrepasser ses ordres…
    – Tu oublies qu’il y a une course entre nous, le ministre et ses adversaires pour retrouver… ce que nous ignorons.
    – Alors ?
    – Il faut absolument savoir qui a tué son agent aux Porcherons. C’est par là que nous remonterons à l’organisateur de ces mystères.
    – Que recherchent-ils tous ? Les bijoux trouvés dans la chambre de l’enfant ?
    – Je ne le pense pas. Mais pourquoi étaient-ils dissimulés là ? Nous les détenons. Reste à voir l’attitude des Ravillois à leur retour.
    – Peut-être ignorent-ils l’existence de ce trésor ?
    – Eux, mais pas le fils cadet. Nous aurons avec lui une intéressante conversation. Autre énigme, le message dissimulé par Chamberlin dans le désordre de sa bibliothèque, à qui était-il destiné ?
    – Et celui dans le tiroir du cabinet désignant M. Patay comme son exécuteur testamentaire. M. de Chamberlin était très malade. Il ne l’ignorait pas. Sans pressentir le crime probable dont il a été victime, il se savait perdu. Il pouvait, c’est mon hypo
thèse, supposer avec raison qu’on viendrait lui donner de l’eau dans sa chambre en saluant sa dépouille. La famille et ses proches. Lequel d’entre eux remarquerait l’étrange classement d’un des rayons ? Lequel ?
    – Certains propos de M. Patay, son ami, m’ont frappé. Il a fait d’étranges remarques sur le goût que pouvait avoir M. de Chamberlin pour les mystifications. Je n’ai pas compris sur le moment, leur sens m’échappait. Était-ce à lui que le message s’adressait ? Il faudrait le rencontrer à nouveau et lui poser la question. Peux-tu le lui demander en jouant la sincérité ?
    – Oh, non ! Je ne t’abandonne pas, tu es menacé. Il te faut une protection.
    – Ce serait par trop complaire à celui qui me poursuit. À la violence opposons la ruse. C’est un jeu auquel je suis adonné depuis vingt ans. Je dois rentrer rue Montmartre et, peut-être, aller à Versailles si Naganda n’est pas revenu avec Louis.

    Bourdeau le laissa partir à regret. La conversation avait masqué la tristesse qui pesait sur Nicolas depuis l’attentat de la rue Scipion. La mort l’avait souvent pressé, mais cette fois-ci son émotion provenait de l’ébranlement causé par la découverte de la lettre de son père. Sourd donc à toutes les mises en garde, il reprit sa voiture et se fit déposer devant le portail de Saint-Eustache, intimant au cocher Bardet, brave homme qu’il connaissait de longue

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