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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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possède Charles . Cela n’a aucun sens.
    – Je ne vois pas pourquoi vous compliquez les choses pour le coup en lisant à l’envers. Charles possède original, c’est tout.
    – Monsieur, que de reconnaissance nous vous avons.
    – Je n’en vois pas le motif. Il n’y a pas de prétexte à faire le crâne pour une telle babiole. Apportez-moi plus souvent des mystères qui en valent la peine et, alors, je pourrai faire le rodomont. C’est toujours un plaisir renouvelé de vous recevoir. À l’occasion, présentez mes respects à M. de Sartine.

    Ils reprirent la ruelle ombreuse, méditant sur ce qu’ils venaient d’apprendre. Passant devant une porte cochère, elle s’ouvrit brusquement et, avant que l’un ou l’autre ait pu faire le moindre geste, un pistolet cracha sa charge sur Nicolas. Aussi vite qu’il avait paru, l’agresseur se volatilisa et le commissaire, portant sa main à sa poitrine, s’effondra livide dans les bras de Bourdeau éperdu.
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    – Il ouvre les yeux ?
    – Il aura un bleu d’importance ; c’est bien le moins après un coup presque tiré à bout portant.
    – Cela tient du miracle.
    – Le salut est venu de ce petit paquet qu’il portait sur la poitrine. Considérez comme la balle s’est écrasée…
    M. Rodollet approcha l’objet de ses besicles.
    – Tiens ! Un objet de piété, comme ceux que l’on fait dans les couvents… Très abîmé. Il y avait un petit médaillon de métal à l’intérieur. Il est enfoncé et le plomb s’y est incrusté.
    Nicolas, dans une sorte de rêve, entendait des voix autour de lui, celle angoissée de Bourdeau, et celle
plus calme de l’écrivain public. Il respirait avec peine, la poitrine comme trouée d’une douleur qui, pourtant, diminuait. Il y porta la main, mais ne sentit que sa peau souffrante. Aucune blessure ouverte n’était sensible.
    – Ah ! Il ouvre derechef les yeux. Nicolas, comment te sens-tu ?
    – Oppressé, mais plutôt mieux.
    M. Rodollet revint avec un petit flacon dont il lui fit avaler dans un verre à liqueur la valeur d’un dé à coudre. Un fleuve de feu lui inonda la poitrine, mais, après quelques instants, il se sentit dispos et gaillard.
    – C’est pire que la potion du père Marie.
    – Pire ! Comment pire ? Comme vous y allez ! Une liqueur venue de Chine procurée par mon fournisseur de tablettes d’encre. Une goutte vaut de l’or ! Je dispose aussi d’un baume de la même provenance qui, dans votre état, sera du plus heureux effet.
    Il ouvrit délicatement un petit pot de porcelaine blanche dans lequel il recueillit un peu d’une substance brunâtre. Ses doigts habiles massèrent légèrement la partie douloureuse du torse de Nicolas.
    – Quelle est cette panade ?
    – Une mixture chinoise. Elle contient du camphre, des épices, de la menthe et de la graisse de castor.
    –  … Tandis que les Chalybes nus nous donnent le fer, le Pont son fétide baume de castor, l’Épire les palmes des cavales d’Elis.
    – Mon Dieu ! s’écria Bourdeau. Ne voilà-t-il pas qu’il délire ?
    – Après cette émotion, j’admire plutôt son froid tempérament, dit Rodollet, avec un rien de condes
cendance. Et reconnaissez que citer Virgile dans ces conditions n’est pas donné à tout le monde !
    – Rassure-toi, Pierre, je n’ai rien.
    – Désolé pour tes reliques. Ah ! Tu es bien breton de porter cela sur toi.
    – Cela lui a sauvé la vie.
    Nicolas se redressa, se leva du coffre où il avait été allongé et rajusta son habit perdu. Il s’écarta légèrement de ses amis et considéra les restes lamentables de ce que lui avait remis Madame Louise. Ce n’était plus qu’un petit médaillon doré, bosselé et troué. Il l’ouvrit avec difficulté. Le cœur serré, il découvrit le portrait d’une jeune femme et une lettre pliée et repliée qu’il entreprit de déchiffrer :
    Gabrielle,
    J’ai recueilli le bien précieux que vous m’avez fait tenir. Ce que tu m’as demandé a été accompli et je veillerai à ce que les suites en soient favorables.
    Adieu encore, je sais qu’il est temps que je finisse… Je romprais mon serment et en serais au désespoir. Je suis si hors de moi que je peine à tracer ces lignes. Adieu, adieu, mon amour, mon dernier soupir sera pour toi.
    Louis
    Autant le contrecoup de M. Rodollet l’avait inondé de chaleur, autant les mots qu’il

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