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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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souhaité ? Il se reprit pourtant et réfléchit un long moment sous le regard de ses amis dont l’inquiétude n’était pas moindre que la sienne.
    Il frappa la table de ses deux mains.
    – À bien y songer, il faut se mettre dans la tête de ce bon Bardet. Voilà un cocher à qui l’on prescrit de mener grand train sans lui donner de destination. Que peut-il se passer dans son esprit ? Je vous le demande ?
    Tous se regardèrent, perplexes.
    – Il est dans l’obligation de diriger son attelage dans les rues qui se présentent à lui, certes. Mais peu à peu il oriente ce trajet et, d’une manière consciente ou non, reprend le chemin que lui et son cheval connaissent le mieux, la direction de son logis rue de Vaugirard. Considérez qu’il a commencé son parcours par l’opposé, mais rapidement engagé une boucle qui le ramène au fleuve et sur la rive gauche.
    – Diantre, dit Bourdeau sceptique, quel raisonnement labyrinthique.
    – Il ne faut point oublier, dit Semacgus souriant, que notre ami, loyoliste de formation, sait alambiquer sa raison y compris dans les étonnants laby
rinthes où elle se veut perdre. Mais je dirais que le passé étaie cette idée qui, à la réflexion, ne manque pas de finesse et plaide en faveur d’une subtilité dont il nous a donné tant de preuves.
    À ce moment le père Marie apporta un nouveau message qu’il tendit à Gremillon.
    – Je crains, dit-il après y avoir jeté les yeux, que le commissaire n’ait raison. Une patrouille du guet vient de découvrir un fiacre à l’abandon, cheval disparu, à la renverse au bout de la rue des Vieilles Tuileries et…
    – Et ? demanda Nicolas, pris d’angoisse.
    – Et j’ai le regret de vous informer que la caisse et la banquette sont maculées de sang. Tout laisse supposer des événements violents.

    Le pire était donc arrivé. Un froid de glace saisit Nicolas. Ses amis, médusés, se taisaient. On entendait dans le lointain l’huissier qui toussait et se grattait la gorge.
    – Allons, dit Bourdeau, ne présumons rien des apparences. Il n’y a jamais de certitude hors la réalité. Poursuivons nos recherches. Je conçois ce que cette information peut laisser présager. Ne baissons point la garde.
    – Des traces de sang, remarqua Semacgus, n’ont jamais signifié le pire. Vous savez combien par exemple s’épanchent les blessures à la tête.
    Après un temps d’accablement, Nicolas releva la tête.
    – Nous n’allons pas rester ici. Il faut agir. Que les recherches se poursuivent sans que soit levé le dispositif mis en place.
    – La ville est grande, dit Semacgus. Un chien n’y retrouverait pas son os.
    Cette phrase sans conséquence, qui ne visait dans l’esprit de son auteur qu’à meubler un silence qui menaçait de retomber, fut un trait de lumière pour le commissaire. Il entrevit soudain une issue à une tentative qui s’avérait désormais vaine.
    – Pardonnez-moi, dit Gremillon, si l’on avait attenté à la vie de M. Naganda ou de son cocher, les corps auraient été laissés en l’état et leurs présumés assassins n’auraient pas pris la peine de les emporter. M’est avis qu’il s’agit davantage d’un enlèvement que d’un assassinat. Certes, me direz-vous, il y a du sang, mais sans doute que l’on s’est défendu. Peut- être même est-ce celui des agresseurs et non celui des victimes de l’attaque qui a été ainsi répandu.
    – Voilà qui est bien dit. Il y a espoir et je m’en veux persuader. Toutefois Semacgus vient de dire une chose qui m’a ouvert l’esprit et qui va ordonner les actions à venir. Un chien et son os, avez-vous suggéré, cher Guillaume. Oui, un chien, un animal doué du plus grand flair, accoutumé à trouver et suivre les traces. Je crois que l’un de mes amis va nous aider dans cette quête. Pierre, je te demanderai de demeurer ici pour recueillir les informations, les trier, nous faire parvenir celles que tu jugeras opportun de porter à notre connaissance. Tu seras notre quartier général et l’homme qui tiendra en mains l’ensemble des fils de cette opération.
    Bourdeau esquissa une grimace, mais un regard suppliant et la main de Nicolas sur son épaule réduisirent à quia les objections peu fondées qui lui étaient venues à l’esprit. Il se persuada de l’importance et de la nécessité du rôle qui lui était imparti.
    – Le sergent, Semacgus et moi-même nous rendrons rue Montmartre pour y prendre Pluton. Oui,

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