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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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étaient-ils entrés à sa suite qu’il rebroussa chemin et reprit celui parcouru jusqu’à la rue de la Barouillère au coin de laquelle il tomba en arrêt près de Semacgus qui se félicita in petto de ne s’être point pressé.
    – Il s’est égaré… C’est… un échec, dit Nicolas, la voix hachée par l’essoufflement de la course.
    Le chirurgien hocha la tête.
    – Je crois plutôt que celui ou que ceux que nous cherchons ont erré quelque peu et que Pluton a reproduit leurs mouvements successifs.
    Un vieil homme coiffé d’une toque de loutre qui ne cadrait pas avec la saison les considérait avec curiosité. Il ôta une pipe en terre de sa bouche, cracha et fit un geste de la tête en direction de Gremillon
qu’il estima sans doute au vu de son uniforme comme le chef de cette étrange compagnie.
    – Ayez pitié d’un pauvre vieillard ! Pourrait-il avec votre aide, messeigneurs, boire ce soir sa chopine et gagner son tabac ? Voilà bien de la secousse dans un quartier si calme ! J’pouvions pt’être vous secourir dans vos déambules ? On dirait des colonies de hannetons, un coup par-ci, un coup par-là ! Ça passe et ça rapace !
    – As-tu tes lunes pour parler ainsi ? lui répondit un des hommes du guet. Garde tes joberies pour toi ou tu le regretteras.
    – Tu, tu, tu, modula Semacgus, l’air engageant et le geste modérateur. Il faut être déférent avec les anciens. Je suis sûr, moi, qu’il pourrait nous en conter de belles.
    Tout en parlant il avait sorti de sa poche quelques écus qu’il faisait sonner dans sa main.
    – Hé, fit l’autre. Ce gonze-là, il sait causer avec éloquence ; on ne lui résisterait pas.
    – Eh bien, l’ami, as-tu quelque chose à confier aux hommes du roi ?
    – Oh ! Le roi, le roi… Il sait point les malheurs du peuple, le roi. Je veux bien dégoiser. Ça me démange depuis l’avant-veille et je m’en voudrais sur ma conscience de ne pas éventer une mèche…
    – Qui pourrait intéresser le Magistrat ? ajouta Semacgus, secouant derechef les pièces.
    – Ma foi, ça se pourrait bien. Surtout si je prenions part à votre greli-grelo … si vous voyez ce que je veux dire.
    Il tendit une griffe dans laquelle le docteur posa un écu sans pourtant le lâcher tout à fait malgré les efforts du vieil homme.
    – Il faut savoir délier la langue à temps, sinon…
    – Voilà, voilà, monseigneur. Avant-hier…
    – À quelle heure ?
    – En fin d’après-midi. La journée avait été fort chaude et je prenais le frais. Faut vous dire que le vent s’était levé et soulevait la poussière si fortement que… Mais je vous cause de cela pour que vous compreniez la suite, car il y a des choses que l’on remarque sans les voir… Voyez ce que je veux dire, hein ?
    Il cligna de l’œil. Le sergent allait interrompre ce qu’il considérait sans doute comme une divagation du témoin. D’un geste Nicolas l’invita au silence. D’expérience il savait qu’il ne fallait jamais casser le flux d’un discours qui pouvait révéler au milieu d’inévitables scories des aperçus éclairants.
    – Lors donc, je fumaillais tout en buvotant une chopine quand je vois passer dans la rue…
    – Celle-ci ou celle de Vaugirard ?
    – Vaugirard, car ce qui m’a frappé à c’t’heure c’est que vous et vos gens, enfin les autres, car vous, vous ne gambadez plus, hein ? Donc les autres, comme ceux que j’avais observés, ont emprunté le même chemin avec des allers et des retours.
    Brave Pluton, songeait Nicolas attentif aux méandres du propos, il n’a fait que suivre les propres hésitations de… Il ne savait comment qualifier ceux qu’il pourchassait. L’homme continuait.
    – Et chargés comme ils étaient, ce n’était pas chose aisée.
    – Ils étaient nombreux ?
    – Deux cavaliers de mine basse, de ceusses qu’on n’aurait point aimé croiser étant trop éloigné…
    Il jeta un coup d’œil à Gremillon.
    – … d’une patrouille du guet. Bref, des rodomonts 52 de barrière toujours prêts à chercher cos
tille 53 au pauvre monde. J’avions tiré mon chapeau sur le nez, qu’ils ne croient pas que je les mirais. Sont passés et sont revenus. Fallait les voir, ah ! ah ! empêtrés qu’ils étaient avec leurs montures tenues par la bride et la vieille charrette qu’ils traînaient. Mouais ! Celle-là bien brinquebalante. Je la connaissais, tellement vieille et usée qu’elle avait été abandonnée

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