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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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découlent nombre de conséquences. Primo , je ne crois pas que Naganda, ni le cocher, soient morts. Secundo , l’un d’entre eux est blessé. Tertio , ils ont séjourné un certain temps dans cette cabane, vraisemblablement avant d’être transférés dans un lieu plus sûr. Il reste à démêler le sens de ce qui apparaît clairement comme un enlèvement. Je note par ailleurs, comme vous l’avez sans doute remarqué, que la voiture censée vous transporter était suivie par deux sicaires et non par un
seul comme supposé. Cela explique aussi qu’ils aient réussi à maîtriser Naganda, le cocher d’évidence ne lui ayant été d’aucun secours. Mais voilà, je crois que Pluton se remet en route. Suivons-le.
    Le chien bondit dans la rue et s’arrêta, une centaine de toises plus loin, devant un bâtiment à moitié démoli dont la façade était entourée de palissades de bois. Il se mit à gratter furieusement les planches.
    – Au fait, je connais ce bâtiment, dit Nicolas surpris. Il paraît abandonné. J’y suis venu une fois avec le feu roi pour une course de taureaux à l’espagnole.
    – Ce terrain s’appelle le Champ Clos, ou encore Combat du Taureau. Il s’y produisait des spectacles avec des bêtes féroces, sangliers, loups, tigres et même des lions contre lesquels on lâchait des dogues ou des mâtins, et aussi…
    Semacgus secoua la tête.
    – On voit encore des placards sur les murs annonçant ces combats avec la formule atroce : On espère qu’ils se défendront cruellement. N’y a-t-il point quelque inconvénient à tolérer un spectacle qui n’est point dans nos mœurs et dont l’effet serait d’accoutumer le peuple à voir du sang ?
    – Il existe toujours, poursuivit Gremillon. Il a été transféré à Belleville vers l’hôpital Saint-Louis et la canaille s’y porte en foule. Quant à cet endroit, je sais de source sûre qu’il a été acheté par un notaire pour y construire des maisons de rapport.
    – Un notaire ? demanda Nicolas, que cette mention avait intrigué. En connaîtriez-vous le nom par hasard ?
    – Non. Il y a deux ans, pour le transfert, des mesures de sûreté avaient été prises par le guet pour la bonne marche de l’entreprise qui pouvait recéler
des dangers pour un peuple curieux à contempler la chose.
    Nicolas ne dit mot mais Semacgus, qui le connaissait bien, parut noter le frémissement qui le parcourut alors. Et il était vrai qu’une idée informe venait de naître dans l’esprit du commissaire. Son expérience lui montrait qu’une coïncidence n’avait jamais rien de fortuit. Ainsi la conduite inconsciente du cocher de la voiture revenant vers son logis relevait-elle sans doute de l’ordre de la Providence. Celle-ci ne s’était-elle pas manifestée sans équivoque en lui sauvant la vie à la sortie de chez Rodollet ? Il ordonna aussitôt de forcer la palissade, ce qui fut promptement exécuté par les hommes de Gremillon. L’ancien lieu de spectacles avec ses cages et ses tribunes n’était plus qu’un amoncellement de ruines. Pluton, excité, fila comme une flèche et les conduisit vers un amas de pierres qui recouvrait sans raison apparente une porte de bois à plat sur le sol. Le chien se mit à aboyer et à gémir. Nicolas l’attacha et le confia à Semacgus. Avec l’aide de Gremillon il dégagea les pierres et souleva la planche. Elle laissa apparaître un trou carré donnant sur une fosse obscure.
    En dépit des conseils de prudence, Nicolas s’y engagea, les jambes en avant. En dépit de son horreur du vide et de l’enfermement, il se laissa tomber. À Dieu vat ! La chute fut brève, il roula sur un sol fangeux. Il se releva et appela, rien ne lui répondit, aucun bruit ne permettait de déceler une présence humaine dans ce tombeau. Il cria qu’on lui jetât de quoi éclairer. On lui fit passer des allumettes et du papier qu’il enflamma aussitôt. Dans le court laps de temps que dura la lumière produite, il put apercevoir, alors que le désespoir l’avait repris, deux corps
allongés dans la fange, ligotés et les têtes masquées et bâillonnées dans des cagoules noires semblables à celles du bourreau. Un nouvel effroi le saisit. Peut-être étaient-ils ainsi abandonnés parce que… Il chassa de son esprit les images funestes qui s’y pressaient. Aucune odeur de mort n’était sensible. Il appela et demanda de l’aide. Gremillon et l’un des gardes le rejoignirent. Ils saisirent avec précaution,

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