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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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les corps, lui signala à l’oreille sa méprise ; rue de Sèvres il n’y avait plus que deux cadavres.
    – Taisez-vous ! On peut nous observer. Feignez d’examiner celui qui fut touché par Naganda. L’autre, hélas, n’est plus en état ! Confirmez à voix intelligible qu’il est encore vivant. Puis nous le relèverons et le conduirons, serré et maintenu entre nous, jusqu’au Grand Châtelet. Me suivez-vous ?
    – Hum ! Je crois comprendre, même si je ne suis pas jusqu’au bout votre raisonnement.
    En dépit de sa corpulence, Semacgus s’agenouilla et se coucha presque sur le cadavre auquel il fit subir l’examen pratiqué dans des circonstances semblables.
    Il se remit debout aidé par Nicolas.
    – Fichtre ! Ce brigand a eu de la chance, lança-t-il de sa voix de basse. La lame s’est plantée entre
deux côtes sans toucher aucun organe noble. Et l’émotion a fait défaillir notre homme. Il faudrait le panser.
    Il retira la lame avant de placer un mouchoir en tampon sur la plaie.
    – Qu’on approche la voiture, cria Nicolas. L’un d’eux en a réchappé. Pierre, Naganda, venez nous aider.
    Intrigué, le Micmac morgua le corps. Il allait parler quand le commissaire, le fixant avec insistance, lui intima d’un signe le silence. On porta donc le corps dans la voiture de Nicolas. Placé au milieu de la banquette il serait soutenu par deux des occupants. Avant de lever le camp, on examina avec soin la voiture des deux sicaires retrouvée quelques toises plus loin. Les rideaux des portières avaient été soigneusement tirés de manière à ce que les occupants ne puissent être aperçus de l’extérieur. Aucun indice particulier ne fut relevé susceptible d’apporter des indications sur son propriétaire. L’autre cadavre fut jeté dans la voiture des exempts avec ordre de le mener à la basse-geôle du Grand Châtelet. Le cortège de retour prit un aspect funèbre. Entre Bourdeau et Nicolas la tête du mort brinquebalait. Le commissaire songea au départ nocturne de la momie de Voltaire deux années auparavant. Aucune parole ne fut échangée tant cette présence en imposait et tant chacun était perdu dans ses pensées. Arrivés à destination, le père Marie, que rien depuis des lustres n’étonnait, fut requis de faire porter les corps dans la salle des ouvertures. En l’absence de Sanson et vu l’urgence, Semacgus se proposa d’officier seul, ce qui fut d’emblée accepté.
    Quel qu’eût été le péril imminent qui avait déclenché la riposte de Nicolas, la confrontation avec ce corps au crâne fracassé fut une épreuve. L’émotion de Bourdeau se mesurait à la cadence des bouffées qu’il tirait de sa pipe. Semacgus, habit bas, s’affairait à la lumière tremblante des torches assisté par Gremillon et par un aide de Sanson venu leur prêter main-forte. Le premier cadavre examiné fut celui abattu par Nicolas. On lui retira ses hardes qui furent tendues à Bourdeau pour leur fouille efficace. Il fut ensuite lavé à grande eau. Nicolas admira le calme et l’apparente insensibilité de Gremillon, qui procédait sans hésitation et obéissait aux injonctions du chirurgien de Marine.
    – Quel tir ! Entre les deux yeux. On ne peut guère mieux viser.
    – Je n’ai pas visé, dit Nicolas sourdement.
    Maintenant Semacgus considérait, l’air intrigué, le côté droit du cadavre. Il fit approcher une torche, tapota les chairs, se redressa et, après un moment de réflexion, frappa dans ses mains.
    – Je crois, messieurs, que la révélation que je vais avoir l’honneur de vous faire va vous édifier. Ce cadavre porte encore les stigmates de plusieurs blessures récentes.
    – De quelles apparences ? Sont-elles à ce point éloquentes ?
    – Voyez vous-même ! Sur ce bras droit, des coupures encore presque fraîches et même infectées, se refermant mal par ce temps orageux. Très superficielles, elles correspondent, j’en suis persuadé, aux coups de poignard que Naganda avait multipliés sans succès au moment de son enlèvement à la barrière de Vaugirard.
    – Cela n’ajoute rien à ce que nous savions déjà.
    – Peut-être, si ces blessures étaient uniques, mais il y a davantage. Je relève la trace d’un coup d’épée récent qui a traversé les chairs sur le flanc gauche. Cela ne vous rappelle rien ?
    – Ma foi, dit Bourdeau qui secouait la culotte du mort, le sang répandu aux Porcherons. Il y avait celui de l’agent de Sartine et

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