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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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tout en les lui passant. Nicolas voulait comprendre et pour cela mieux voir, ne fût-ce qu’un instant. Il craqua une allumette. Le quart de seconde où elle éclaira il put discerner ce à quoi ils étaient confrontés. Il appela Bourdeau près de lui.
    – Une cheminée à la Richelieu 58  ! Il y a deux vases en symétrie et une pendule. Ces trois objets sont juste au-dessous de la limite d’un miroir.
    – Miroir ! Cette chose blanchâtre et spectrale ?
    – Pas un miroir habituel. Une glace sans tain qui de ce côté va nous permettre de voir en vérité la nature de ces ombres qui s’agitent derrière.
    – Mais ces ombres risquent de déceler notre présence.
    – J’ai quelques lumières sur la chose, si j’ose dire ! L’effet est à sens unique. Il convient, ce qui est notre cas, que la pièce d’où l’on observe soit moins lumineuse et éclairée que celle qui est observée.
    Nicolas se rapprocha de la cheminée. Après bien des tâtonnements, il finit par découvrir dans le pseudo-foyer une tirette métallique qui devait déclencher le mécanisme tournant. Restait à trouver les capacités de l’ensemble mobile afin qu’une éventuelle irruption dans la pièce voisine réunisse toutes les chances de succès. Il se mit à genoux et caressa le sol jusqu’à trouver la jointure entre la terre battue et le métal de la plateforme.
    S’appuyant sur le marbre de la cheminée, le menton sur l’arrondi de la pendule, il colle au miroir. L’opalescence de la surface s’éclaircit comme dans une lunette d’approche qu’on adapte à la distance. Il distingua un salon richement meublé où deux hommes debout semblaient s’affronter violemment. L’un deux était maître Gondrillard, l’autre lui était inconnu. Il ne parvenait malheureusement pas à distinguer le sens des paroles échangées par le miroir. À un moment l’inconnu saisit le notaire par le col de son habit et le secoua tandis qu’il le menaçait de son autre main. Que se passait-il donc entre ces deux-là ?
    Nicolas recula de quelques pas et appela ses amis près de lui. Il les mit au fait de la situation et de la scène étrange qui se déroulait au-delà du miroir. L’action était désormais légitime puisqu’ils possédaient la preuve, la clé trouvée sur le sicaire les ayant conduits quai des Morfondus, de l’implication de Gondrillard dans cette affaire. Il ne s’agissait pas de manquer son coup. Il allait donc surgir brusquement et user de l’effet de surprise pour méduser le notaire et son visiteur. L’un après l’autre, Bourdeau, Naganda et Semacgus tenteraient de le suivre. Bourdeau lui fit observer que le mécanisme risquait d’être à sens unique et qu’ils n’étaient en rien assurés que la cheminée fonctionnerait avec plus d’une personne. Aussi serait-il sage de renforcer le second front. Lui-même, revenant sur ses pas, rejoindrait Gremillon place Dauphine et entrerait en force dans la demeure du notaire. Le commissaire fut convaincu par cette proposition de bon sens. Il indiqua à Semacgus et Naganda que tout concourait à ce qu’il existât une tirette identique à celle repérée, qu’il suffirait d’abaisser pour reproduire le mouvement.
    Il alla prendre place sur la plaque, tira son épée et de la main gauche fit jouer le mécanisme. Il y eut un claquement sec, puis un bruit de chaînes et, dans un insupportable crissement, la plateforme se mit en mouvement et pivota lentement. Il envisagea la scène avant même d’être aperçu. Les deux interlocuteurs, surpris par l’événement, fixaient la cheminée tournante, mais avec des expressions différentes. L’inconnu avec surprise et colère, le notaire sans émotion apparente. Toutefois, son impassibilité disparut quand il reconnut Nicolas. Pétrifié, il ne faisait pas un geste alors que l’inconnu dégainait et, poussant un cri sauvage, se jetait la rapière en avant
sur le commissaire. Son juron en anglais fut entendu par celui-ci qui, d’un saut de côté, évita l’assaut et renversa un fauteuil entre eux. Cela ne servit qu’à retarder l’estocade qu’il parvint à parer d’une quinte inversée. Il freina alors la fougue meurtrière de son adversaire d’un enveloppement de sa lame ménagé d’un ferme coup de poignet. Cette riposte se compléta d’une tentative sous la poitrine. Il entendit tinter un bouton métallique de l’habit de l’inconnu. En face, on serrait la mesure. Nicolas se prépara au coup suivant,

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