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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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son rôle d’appât. Un émissaire fut dépêché auprès des deux hommes qui surveillaient le Combat du Taureau. Ils avaient instruction de continuer à se dissimuler sans intervenir après que le piège aurait été tendu. Dans ces affairements, le temps s’écoula vite. Curieux de demeurer acteur de la suite de l’affaire, Semacgus surgit et fut mis au fait du plan ; il obtint, malgré les réticences de Nicolas, soucieux de sa sécurité, de les accompagner.
    Vers onze heures un placard blanc fut accroché à la croisée au-dessus du porche de la vieille forteresse. On laissa s’écouler une demi-heure et, par des voies parallèles mais convergentes, des voitures de police s’acheminèrent vers la barrière de Vaugirard. À destination, seul le fiacre de Nicolas approcha du site en ruine. Il convenait de procéder avec rapidité de manière à n’être point surpris. La troupe s’était munie d’une échelle afin de faciliter l’installation des prétendus otages dans la fosse où ils iraient croupir dans des conditions identiques à celles constatées lors de la libération de Naganda et de Bardet. Gremillon était déguisé à s’y méprendre. Soudain Bourdeau s’arrêta et retint d’un bras Nicolas qui s’élançait déjà, en lui désignant la palissade.
    – Halte ! murmura-t-il, elle est ouverte. Ce n’est pas normal et nous n’avons plus le temps de consulter nos gens. Ils appliquent à la lettre les consignes.
    À peine ces mots prononcés deux hommes sortaient de l’enclos. Ils aperçurent aussitôt les arrivants de l’autre côté de la rue. L’un deux, sans hésiter un instant, leva l’arme qu’il portait à la main et, sans viser, tira sur le groupe. La cagoule dont était affublé Gremillon s’envola. L’acolyte à son tour brandit un pistolet. Nicolas hurla à ses amis de se jeter à
terre. Le temps de toucher le sol, Naganda avait lancé un poignard qui vint se ficher dans la poitrine de l’assaillant qui s’effondra. Son compagnon ayant rechargé son arme allait de nouveau faire feu. Nicolas sans l’ajuster, mais dans un réflexe de chasseur, tira au jugé et lui fit sauter la cervelle. L’homme s’effondra dans un flot de sang.
    Dans la fumée et l’odeur de la poudre un grand silence suivit, bientôt rompu par les cris du voisinage alerté et par les fiacres de police qui se rameutaient à grand bruit. Nicolas se releva et secoua les pans souillés de son habit. Il contempla le désastre. Deux morts, et les fils d’une possible remontée vers les responsables rompus. Il se retourna et découvrit Gremillon assis, tenant dans ses mains un visage ruisselant de sang. Il se précipita, mais le sergent, devinant son inquiétude, fit un grand geste de dénégation.
    – Ce n’est rien, la balle m’a effleuré. Une égratignure.
    Semacgus s’empressa auprès de lui, mais Naganda, plus vif, avait sorti d’autour de son cou un petit sac de cuir dans lequel il préleva une sorte d’étoupe blanchâtre dont il appliqua une partie sur l’égratignure. Le médecin de marine constata avec surprise l’efficacité du traitement. L’écoulement de sang se tarit aussitôt.
    – Pour votre début au service des affaires extraordinaires, voilà un beau baptême du feu. Vous êtes doublement des nôtres, s’exclama Bourdeau claudiquant, sa jambe s’étant portée sur un caillou lorsqu’il s’était jeté à terre.
    – Et soigné d’étrange manière par un seigneur algonquin !
    – Rien d’autre, monsieur le chirurgien, que le produit cotonneux d’une plante de nos prairies qui
possède la propriété d’arrêter les épanchements de sang et de soigner les blessures.
    – Peste, messieurs, s’écria Nicolas dont l’humeur inhabituelle les frappa tous, il n’est point temps de parler botanique. Qu’allons-nous faire maintenant ?
    – Il est ainsi, souffla Bourdeau à l’oreille de Semacgus, chaque fois qu’il est contraint de tuer des malfaisants. Toujours pour sauver sa vie ou celles de ses amis…
    L’attitude de Nicolas étonnait. Il se précipita soudain vers les deux corps allongés. Il se pencha et, sortant de sa poche un petit miroir, constata en hochant la tête que Naganda et lui-même avaient fait mouche. Pourtant il se dressa et cria à haute voix, si fort que tous furent surpris, que l’un des assaillants était vivant et qu’on eût à le porter au Châtelet où des soins lui seraient donnés. Semacgus qui, à son tour, était venu examiner

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