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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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d’autre ?
    – Rien d’autre.
    – Aussi peut-on imaginer que votre maître a rédigé une seconde lettre entre six heures et sa mort. Comment le savoir ?
    – C’est fort aisé, monsieur le commissaire.
    Tiburce se dirigea vers la grande table et d’un petit vase céladon monté sur bronze sortit une des plumes qui y étaient fichées. Il la saisit à tâtons et en examina l’extrémité après avoir chaussé ses besicles.
    – Monsieur le commissaire, je puis vous affirmer que mon maître a bien écrit après six heures du soir, hier. Il y a soixante ans que je taille ses plumes et il ne se sert jamais deux fois de la même. Hier, avant de le quitter, j’ai taillé celles-ci au canif et celle-là en particulier.
    Il la tendit à Nicolas.
    – Voyez vous-même….
    Il passa son doigt sur l’extrémité noircie.
    – Elle a servi. Elle est tachée d’encre et ses pointes sont émoussées. Ce que je dis est avéré.
    – Ainsi donc, reprit Bourdeau, une certitude : deux documents reposaient sur cette cheminée, l’un pouvait être le testament nouveau et l’autre une pièce inconnue.
    Nicolas soudain envisagea dans la muraille à gauche de la tête du lit une porte dissimulée dans la boiserie. Il la désigna au vieux valet.
    – C’est le cabinet de toilette auquel succède une garde-robe.
    Il poussa la porte et les invita à pénétrer dans une pièce étroite éclairée par une haute fenêtre. Elle contenait une table avec une cuvette alimentée par une petite fontaine. On y distinguait un bol, un rasoir, des brosses et des flacons de cristal. Une autre porte que Tiburce leur ouvrit donnait sur un petit réduit éclairé d’un œil-de-bœuf où s’alignaient deux meubles que Nicolas fut surpris de rencontrer côte à côte : une chaise percée et des lieux à l’angloise . La première était de bois avec un couvercle de velours rouge, les seconds consistaient en une auge de marbre munie d’une bonde portant soupape.
    – Un réservoir disposé dans le plafond au-dessus, précisa Tiburce, permet de jeter l’eau qui chasse les matières et alimente une petite fontaine pour se laver les mains. Oh ! Je mesure votre étonnement de la présence de la chaise. Il se trouve que mon maître appréciait peu les nouveautés à la mode et entendait toujours user de son vieux meuble de famille ! Il n’y avait plus pour le service qu’à transvaser !
    De retour dans la chambre, Tiburce et le docteur de Gévigland s’évertuèrent à dégager sur le palier les vestiges du baldaquin, excepté la partie à laquelle demeurait attaché le cordon de la sonnette et un élément de colonne torse scié que le commissaire sou
haitait conserver. Puis ils se consacrèrent à la toilette funèbre du défunt. Nicolas et Bourdeau se mirent en mesure de trier les papiers qui pouvaient correspondre par leur nature à ceux que souhaitait récupérer le lieutenant général de police. Nicolas mesura vite la difficulté du choix. Certains documents dataient de plusieurs dizaines d’années alors que la plupart intéressaient des comptes de la Marine et des colonies en voie d’examen. Dans l’impossibilité de trancher, il prit ses dispositions pour tout rassembler.

    La fouille des deux cabinets fut aussi entreprise. Nombre de tiroirs ne contenaient que des papiers personnels indifférents, mémoires de fournisseurs, objets brisés, besicles inutilisables et souvenirs de famille. Nicolas avait en mémoire un cabinet rapporté d’une campagne militaire en Allemagne par le marquis son père. Enfant, il aimait jouer avec les multiples tiroirs et avait fini par en découvrir le secret. Il suffisait de chercher. Se fondant sur son expérience limitée, il retira chaque tiroir de son logement, plongeant la main dans les profondeurs du meuble. Au bout d’un quart d’heure de recherches infructueuses sur le premier cabinet, un faux mouvement déclencha le mécanisme espéré : un montant vertical s’ouvrit et un étroit tiroir surgit. Hélas, il était vide. La seconde tentative sur l’autre meuble, encore plus longue, fut couronnée de succès. Le visage de l’une des figures grotesques s’enfonça, ouvrant un tiroir identique, mais disposé à un endroit différent.
    Il y préleva un petit pli cacheté qu’il alla aussitôt comparer à l’une des empreintes de la cheminée. Le petit rectangle coïncidait exactement. Le mystère
s’épaississait. Mille pensées contradictoires l’agitaient. Comment ce

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