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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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éclairci, encore que…
    – Que voulez-vous dire ?
    – La bille a-t-elle roulé sous le lit ? L’a-t-on lancée ? A-t-elle été oubliée, égarée, tombée de la poche d’un enfant qui se dissimulait sous le lit ? Il pourrait y tenir, vu la taille du meuble.
    – Ce détail me paraît bien innocent, mon ami, dit Gévigland.
    – Pour lui, goguenarda Bourdeau, il n’y a pas de détail innocent. Jamais ! Ils sont tous coupables d’exister !
    – Allons ! Aidez-moi plutôt à dégager le corps.
    Ils saisirent à eux quatre le ciel du lit et le soulevèrent après avoir replié dessus les courtines. C’est à cet instant, juste avant de déposer l’ensemble sur le plancher, que Bourdeau signala que le cordon de la sonnette constitué d’une bande d’épaisse tapisserie n’était pas relié à l’ouverture dans le mur par lequel un mécanisme transmettait l’appel au service, mais avait été fortement attaché au châssis du ciel. Ainsi, c’est en tirant sur le cordon que M. de Chamberlin avait exercé la traction verticale qui avait déclenché la chute fatale.
    – Bourdeau, ma foi, tu as raison, dit Nicolas, alors que le corps aux yeux encore ouverts apparaissait, le visage meurtri, offrant l’image d’une douloureuse surprise. Considérez la main gauche pendante et la droite levée vers la tête, sans doute après avoir sonné.
    Nicolas, derechef à genoux, examina l’appareillage du baldaquin et l’endroit où les montants avaient cédé.
    – Les meubles attaqués par les insectes, murmura-t-il comme pour lui-même, le sont par les parties inférieures ou latérales. Et d’ailleurs il n’y a point de traces de leurs dégâts. Ce n’est donc pas le cas. Pourtant quelque chose m’intrigue.
    Il sortit de sa poche un petit canif argenté et considéra les vestiges des colonnes torses qui tenaient au ciel du lit. Il gratta avec une lame les endroits de la rupture et recueillit de petits fragments marron qu’il renifla, puis plaça dans un petit cornet fait avec une page empruntée à son carnet noir.
    – Quelles conclusions à tout ceci ? demanda l’inspecteur.
    – Les montants, d’évidence, ont été sciés et recollés à la colle d’ébéniste. Le travail a été dissimulé par un enduit composé de sciure et teinté au brou de noix. Cela pouvait tenir tant qu’on ne tirait pas trop fort dessus. Avec le cordon relié à l’ensemble, c’était une affaire assurée ! Ajoutons à cela qu’on a tranché en biseau pour faciliter la chute de l’ensemble vers la tête et non vers les pieds. Cela fleure une action bien pourpensée, et cela de longue main.
    – Le piège pouvait échouer. Songez que le défunt aurait pu tirer la sonnette debout.
    – Point, dit le valet. Il y en avait une autre dans l’angle près de la croisée. C’est celle-ci dont Monsieur usait lorsqu’il n’était pas couché. Notez qu’il était de nature fort impatient, se pendant au cordon avec force et plusieurs fois, sachant, par ailleurs, que je suis un peu sourd, surtout à cette musique-là.
    – Nous voici édifiés ! Docteur, voulez-vous procéder à un examen plus complet du corps.
    Il se retourna vers le valet.
    – Il se trouve que nous vous avons laissé entendre bien des constatations qui se doivent de rester
secrètes. Je vous demande d’en conserver avec scrupule la confidence. Puis-je compter sur votre discrétion ?
    – Monsieur le commissaire, je ferai tout pour aider à découvrir celui qui a assassiné mon maître.

    M. de Gévigland s’était mis au travail. Veste tombée, en gilet, il se penchait sur le corps du vieillard. Il observa les meurtrissures de la face, réfléchit un long moment avant d’examiner à nouveau le cadavre. Il se redressa, réfléchit encore un instant les bras croisés, puis se tourna vers Nicolas.
    – Je puis vous apporter une certitude. Mon patient est mort d’une rupture interne, comme le prouve un épanchement sanguin abdominal dont le gonflement est perceptible au toucher. Sans aucun doute, étouffement dû au saisissement occasionné par la chute du baldaquin, panique, terreur, accélération du rythme du cœur et crise fatale.
    – À vous en croire, il n’y a pas lieu à ouverture ?
    – Ce serait supplicier un pauvre corps qui a droit désormais au repos.
    – Je vous en laisse juge. Ainsi vous confirmez la nature accidentelle d’un trépas s’il n’avait pas été provoqué par une main criminelle ?
    – Je

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