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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l’affirme en effet. Il n’y aurait pas la position du bras droit et la torsion du buste, on pourrait supposer qu’un tiers a tiré sur le cordon de la sonnette. Mais ce n’est pas le cas.
    – Donc…
    – Donc, mort par arrêt du cœur consécutive à une émotion à la suite d’un piège diabolique installé pour tuer.
    – Bon ! dit Bourdeau. Voilà une étape importante de franchie.
    – Reste à déterminer, poursuivit Nicolas, l’heure approximative de la mort.
    Le docteur de Gévigland médita un instant, consulta sa montre et compta sur ses doigts. Il revint au cadavre qu’il retourna. Il souleva la robe de nuit pour constater l’état du dos. Enfin il remit tout en ordre.
    – Je puis vous donner des indications à ce sujet sans entrer dans des détails de peu d’intérêt. La rigor mortis est déjà très sensible. Durant cette période de l’année la température est douce. Or vous savez que la rigidité est d’autant plus rapide que la chaleur est élevée. D’autres effets interviennent, âge du patient, efforts avant le trépas ou hémorragie. Il y a conjugaison de tous ces facteurs. Je dirais que le décès pourrait être intervenu dans un laps de temps situé entre dix heures et minuit.
    – Voilà qui est bel et bon, mais dégage une marge considérable qui ne nous facilitera guère la tâche.
    Le vieux valet leva la main comme pour attirer l’attention.
    – Hier, contrairement à ses habitudes, mon maître n’a pas sonné pour demander son infusion. J’en fus très étonné, attendant son appel à l’office. J’ai pensé que, fatigué, il s’était endormi.
    – À quelle heure vous sonnait-il d’habitude ?
    – Oh ! Entre neuf et dix heures. Jamais au-delà.
    – Qu’importe, remarqua Bourdeau, puisque autant le vieux monsieur a lui-même déclenché sa mort !
    – Les choses, mon ami, ne sont pas aussi simples et évidentes qu’il y paraît. Car entre le moment où nous sommes entrés et hier soir, il s’est passé beaucoup de choses dans cette chambre. Et en particulier, entre l’instant de la mort et le moment où le docteur de Gévigland a paru ce matin.
    Il marcha vers la cheminée et se pencha à hauteur de sa tablette. Il appela ses compagnons à le rejoindre.
    – Considérez à contre-jour la surface de cette tablette. Voyez-vous se dessiner deux rectangles ? Sur l’un des côtés, la ligne est effacée car on a enlevé les deux objets qui empêchaient la poussière de se déposer. De la poussière au point de laisser des traces très nettes. Pourquoi ? Monsieur Tiburce, le ménage n’est-il pas fait chaque jour ?
    – Sans faute, monsieur le commissaire. Monsieur ne supportait pas la moindre poussière qui, disait-il, lui donnait des quintes de toux. Et cette demeure neuve en est emplie ! Vous savez, le plâtre…
    – Voilà ! La chute du baldaquin et des courtines a levé un nuage de particules qui se sont déposées. Vous pouvez encore en relever les couches sur tout le mobilier…
    – Pas partout, murmura Bourdeau, le bureau en est indemne. Il porte juste une coulure de chandelle.
    – Peut-être un courant d’air venant de la croisée ? Ainsi, entre le moment où M. de Chamberlin a péri écrasé et celui où M. de Gévigland a pénétré ce matin dans l’appartement, il y a eu soustraction de deux objets déposés sur la cheminée. Compte tenu des traces laissées par la poussière, il devait s’agir de lettres. Monsieur Tiburce, auriez-vous quelques lumières à ce sujet ?
    – Monsieur le commissaire, une certitude. Hier soir, vers six heures, j’ai vu mon maître vivant pour la dernière fois. J’ai remarqué sur la cheminée, car de loin je vois très bien, un pli cacheté et peut-être…
    – Peut-être ?
    – … l’exemplaire du nouveau testament dont j’ai tout lieu de croire que Monsieur venait de l’écrire de
sa main, m’ayant chargé la veille de porter à son notaire un pli urgent qui semblait lui tenir à cœur. Il ne me dissimula pas son importance, me répétant mille recommandations au sujet de cette convocation . Ce fut le mot qu’il employa.
    – Un soupçon sur le contenu de ce nouveau testament ?
    – Point ! Mais qu’il voulût modifier ses dernières volontés, cela était, semble-t-il, clair dans son esprit.
    – Qui est son notaire ?
    – Maître Gondrillard, place Dauphine.
    – Vous êtes certain qu’à six heures hier soir il n’y avait qu’un pli sur la cheminée ? Rien

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