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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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aussi souvent que les filles de joie et l’on saute de rue en rue comme l’oiseau sur la branche.
    – Et ce charretier, l’avez-vous vu au moment du transfert ?
    – Certes. Monsieur ne souhaitait quitter son appartement qu’une fois ses effets enlevés. Et nous avons suivi le convoi dans sa voiture.
    – Donc vous avez remarqué tout à loisir les plaques de fer peintes en jaune, attachées au collier des chevaux sur lesquelles on peut lire, en lettres et en chiffres noirs d’un pouce de hauteur, les numéros mais encore les noms et surnoms des propriétaires ?
    – Bigre, lui murmura Bourdeau, je ne te savais pas si savant sur la réglementation ! D’où sors-tu tout cela ?
    – Ah ! Consulte l’ordonnance de 1734. Vois-tu, j’ai fait ma bible du Traité de la Police de Delamare. Je m’y réfère chaque jour, rencontrant mille détails curieux et la mémoire de la ville.
    – Monsieur le commissaire, répondit Tiburce, je vous assure que ce n’était pas le cas. J’aurais remarqué le fait, surtout que je suis descendu plusieurs fois du fait des embarras et pour jeter de l’eau… Je n’ai rien vu de tel. Des charrettes avec pancartes ? Aux chevaux… Ah, non !
    – Les ordonnances de police sont faites pour être ignorées, commenta Bourdeau avec philosophie.
    – Et comment, poursuivit Nicolas, a-t-on transporté ce monument à baldaquin ?
    – Il se démonte fort aisément. Tout un jeu de chevilles de bois qui n’ont guère joué. Du beau travail des siècles passés. Le baldaquin, les quatre colonnes, le bâti, le sommier. Rien n’est plus facile.
    – Démonté et remonté par les crocheteurs ?
    – Ces bougres ont une grande dextérité dans ce maniement-là. Au reste un enfant s’en débrouillerait, seule la force lui manquerait.
    – Comment avez-vous appris que Mme de Ravillois avait pris soin de ce déménagement ?
    Un silence suivit qui pouvait passer pour un commentaire éloquent.
    – Madame, bien qu’elle ait peu d’autorité au logis, se voit trop souvent contrainte de décider à la place de son époux retenu à la ville… Elle y pourvoit donc en dépit des agaceries de sa belle-mère qui… Enfin, des agaceries, le mot est faible.
    – Qui ?
    – Je m’entends, et vous constaterez par vous-même et assez vite ce que je me garde de préciser.
    – Encore un point. Votre maître était-il satisfait de sa nouvelle installation ?
    – Il en souffrait beaucoup. Cela ajoutait à ses maux. Il regrettait la Cité où il avait ses habitudes, le monde du Palais, des amis… Cet appartement ne lui convenait pas du tout. Il déplorait la hauteur des plafonds qui, disait-il, lui donnait le vertige, il s’y sentait étranger. Il regrettait les poutres basses et tortues de son logis sur l’Isle. Il ne cessait de répéter que tout craquait autour de lui. Sa seule satisfaction résidait dans la familiarité avec sa nièce et son petit-neveu, le seul qui de son vivant lui complut et qui lui manifesta de l’affection.
    – Il y en a d’autres ?
    – Oui, Armand, l’aîné. Vingt ans. Tout le portrait de son père. Plein de morgue, déjà débauché. Fiancé à une riche héritière, Mlle de Malairie…
    Il se parlait à lui-même.
    – … qui aura le même destin que celui de sa future belle-mère. Oh, oui ! Celui-là, il détestait le vieil homme, lequel d’ailleurs ne ratait jamais une occasion de tympaniser son caractère.
    – Vous avez confié au docteur de Gévigland avoir craint qu’on attente à la vie de M. de Chamberlin. Voilà une bien grave accusation. À quoi songiez-vous en affirmant cela ?
    – Je ne sais si je dois… J’ai surpris une querelle très violente entre Monsieur et son neveu Bougard. Il s’agissait de fait du prochain mariage d’Armand. C’est peu de dire que leurs avis divergeaient.
    – En quoi ?
    – Monsieur menaçait d’informer le père de Mlle de Malairie de l’état de fortune véridique de M. de Ravillois. Il soutenait que c’était insupportable fausseté et trahison de lui en conter aussi malhonnêtement à ce sujet. Qu’il y avait là manière de se comporter inacceptable et que, pour l’honneur d’un nom qui lui était précieux, il ne consentirait jamais à le tolérer, qu’il préviendrait M. de Malairie de cette situation. Cela finit par se conclure : il laissait à son neveu par alliance deux semaines pour prendre les dispositions nécessaires et rétablir la vérité.
    – Et qu’a

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