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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Jossigny 38 , grâce à laquelle il a dû arriver aux Porcherons peu après six heures. Et plus étrange encore, il était prévu qu’il rejoignît le relais dans la nuit même, le prix en était réglé.
    – Qu’avait-il de si pressé qu’il ne pouvait faire auparavant dans cette maison ?
    – Sans doute, conclut Nicolas, la même chose que les deux autres ! Combien faut-il de temps pour revenir aux Porcherons ?
    – À mon avis, avec une chaise de poste rapide à deux chevaux, trois heures suffisent. Le départ de la famille et de sa suite était prévu fort tard le matin ;
donc étape dans ce relais aux environs d’une ou deux heures de relevée.
    Nicolas se tourna vers Semacgus et Sanson.
    – Avez-vous une idée sur l’heure de la mort ? Des morts, devrais-je dire.
    – L’homme de Sartine, entre neuf et onze heures, Tiburce entre six et huit heures.
    – Cela pose question. Rabouine nous dit avoir quitté le poste à six heures. Le portier se trouvait-il là ?
    Bourdeau approuva.
    – A-t-il seulement remarqué le retour de Tiburce ? Et, sinon, pourquoi ? Aussi convient-il de déterminer le moment où il s’est fait matrasser 39 .
    – D’autant que dans cette rue tranquille, l’arrivée de la chaise a dû faire du carillon 40 et être remarquée.
    Nicolas remercia Semacgus et Sanson, et donna ses dernières instructions à Bourdeau. Celui-ci devait interroger Rabouine pour préciser la chronologie des faits survenus la veille aux Porcherons. Ensuite, il le dépêcherait à la poursuite du convoi de la famille Ravillois, avec tous les moyens nécessaires et notamment un blanc-seing signé du ministre de la maison du roi pour les autorités locales de police et de justice. Le commissaire savait qu’il pouvait faire fond sur la capacité d’initiative et l’intelligence de la mouche. Ce qu’il avait accompli dans le passé plaidait en sa faveur. Quant à lui, il irait prévenir Naganda qu’ayant rencontré Sartine, la visite à Versailles était remise. Puis il répondrait, avec tous les égards dus à une fille de France, à la demande de Madame Louise en se rendant au carmel de Saint-Denis. Rue Montmartre, il trouva Noblecourt et
Naganda installés dans le jardin. Ils y devisaient comme de vieux amis.
    – Ah ! Mais c’est notre Nicolas qui survient. Je suis en train de commenter, avec la passion d’un vieux bourgeois de Paris, l’ Almanach parisien en faveur des étrangers et des personnes curieuses dont j’ai fait présent à notre ami. Il souhaite en effet approfondir ses connaissances sur tout ce qu’il y a de plus remarquable et digne d’intérêt dans notre capitale et ses environs, monuments, églises et palais.
    Il agitait un petit in-octavo fatigué relié en veau.
    – Cet ouvrage, d’un format commode, permet de surcroît de signaler à un étranger le prix des voitures publiques et celui de quantité de marchandises dont il peut avoir le besoin. Cela est indiqué dans le dernier détail.
    – Il va pouvoir en user, car notre promenade à Versailles est hors de question ; j’ai rencontré Sartine et je ne peux me soustraire à une obligation particulière et impérieuse.
    – Notre ami m’a raconté avec talent vos aventures de cette nuit. Qu’en a-t-il été des ouvertures ? Y avez-vous trouvé motif à éclaircissement ?
    – D’abord, je souhaiterais prendre des nouvelles de votre santé après notre festin d’hier soir.
    – C’est bien urbain de votre part, mais rassurez-vous, jeune homme, le patriarche se porte bien. J’ai dormi comme un loir dans le calme et le silence des champs. Guillaume et Awa m’ont prodigué les attentions les plus touchantes. Mais, ce midi, prenez mesure de ma sagesse, je me suis contenté d’un œuf mollet et d’une compote de cerises, le tout arrosé du nectar du grand roi, une sauge. Naganda a bien voulu m’accompagner d’un poulet froid et d’une salade améliorée. En voulez-vous ?
    – Bien volontiers.
    Catherine, qui suivait de loin la conversation, s’empressa d’apporter le nécessaire et le superflu, et le commissaire se mit à informer ses amis des dernières péripéties de l’enquête. Pluton vint les rejoindre et, la tête sur le genou de Nicolas, considéra avec inquiétude le pilon que celui-ci déchiquetait à belles dents.
    – Prenez garde ! Point d’os de volailles aux chiens : c’est en respectant cette règle que j’ai conservé si longtemps le pauvre Cyrus.
    Nicolas

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