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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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besicles et considéra un fragment plus gros que les autres.
    – Il semble qu’il s’agisse d’un mémoire de frais provenant d’un relais de poste. On distingue sur cet autre fragment la date… Ma foi, c’est celle de la journée d’hier.
    – À considérer de très près. Et que cela te suggère-t-il ?
    – Pour la première constatation, qu’à moins d’être furieusement frileux le valet a été en hâte déshabillé et couché après… Et pour la seconde qu’il serait du domaine du possible qu’il soit revenu hier à Paris…
    Nicolas méditait sur ces surprenantes découvertes pendant que les praticiens s’affairaient. Après s’être longtemps acharnés sur le corps du vieillard, ils portaient leur attention sur l’oreiller rapporté des Porcherons. Semacgus, après un court échange avec Sanson, se retourna vers le commissaire perdu dans la contemplation d’une vieille hache d’exécution rongée par la rouille.
    – Vos premières suppositions ne laissaient pas d’être avérées, cependant nous souhaiterions y apporter quelques ajouts circonspects. L’homme a bien été étouffé, et dans des circonstances rigoureusement définies et particulières.
    – Où nous conduisent toutes ces précautions oratoires ?
    – Laissez-moi achever. Ce que nous voulons dire c’est que le modus operandi mêle deux actes différents qui se succèdent dans le temps. Premier geste, l’assassin immobilise sa victime, la maintient de force contre lui jusqu’à ce que mort s’ensuive. Secundo , il la déshabille, la vêt de sa chemise de nuit et la dispose sur le lit, le nez dans ledit oreiller sur lequel, par précaution, il pèse. Il espère sans doute que cette mise en scène superficielle suffira à tromper. Plusieurs constats nous incitent à penser
cela. Comme tu l’avais remarqué, l’oreiller, selon ce que nous a dit Bourdeau avant ton arrivée, sentait le cheval. De fait, nous avons retrouvé dans la gorge de la victime d’infimes crins qui correspondent très bien à ceux recueillis sur le plancher de la chambre de la victime. Ainsi pouvons-nous reconstituer le déroulement du crime : l’homme maîtrise le vieillard, le presse contre lui, utilise l’oreiller dans le but de faire accroire que l’homme s’est étouffé dans son sommeil, ce qui advient parfois pour ceux qui souffrent de catarrhe ou de faiblesse du cœur. Ce que nous avons relevé ne peut s’expliquer qu’ainsi.
    – Malepeste, commenta Bourdeau, deux victimes étouffées dans la même demeure, cela fait beaucoup ! Et chaque fois de manière si ambiguë que le doute peut subsister sur la vérité de l’acte criminel.
    Sanson hocha la tête.
    – Mon ami, sur ce coup-là aucun doute ne subsiste.
    – Bon, dit Nicolas, la répétition ne signifie rien. Soit c’est le même assassin et il a jugé que deux meurtres de même nature annulaient en quelque sorte le soupçon sur le second, ou bien c’est un autre et il estime qu’on fera porter son acte à celui qui a commis le premier.
    – Et cela n’implique en rien qu’il le connaisse.
    – Non plus que le contraire !
    – C’est un coup en aveugle, mais qui démontre une certaine réflexion dans le crime.
    – Autre point, ajouta Semacgus.
    Il se rapprocha du corps, désigna à Nicolas la main droite du cadavre et lui tendit un verre grossissant.
    – Considérez l’index. Chez les vieillards les ongles sont fort durs.
    – Je constate une petite plaie qui a saigné.
    – En effet. Une partie de l’ongle a été arrachée. La victime s’est sans doute défendue ou a tenté de le faire. Elle s’est agrippée à son agresseur. Un de ses ongles a cassé. Je vous le signale, car il existe une chance sur mille que ce fragment soit resté accroché au vêtement du meurtrier.
    – Voilà un ensemble d’indices qui peuvent tout aussi bien nous conduire au but que nous dérouter en multipliant les pistes. Quelle force faut-il pour étouffer un vieillard ?
    – Une femme serait capable d’y parvenir. Encore que souvent la vie est chevillée au corps et que la résistance dans ces conditions… Tout est possible.
    Nicolas regarda Bourdeau.
    – Je crois indispensable de savoir de la manière la plus précise quand et comment Tiburce a quitté le convoi funèbre de son maître.
    L’inspecteur, accroupi devant un tabouret, leva la tête, triomphant.
    – D’autant plus que nous savons maintenant qu’il a pris hier une chaise au relais de poste de

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