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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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À peine apprend-on que vous êtes à Versailles que vous voilà à Paris. Aussi ai-je décidé de vous venir surprendre dans votre antre. Et cela d’autant plus que…
    Il s’était approché d’elle, l’avait relevée. Il serrait ce corps qu’il revoyait toujours mouillé et sans connaissance, gisant sur la mousse des bois de Fausses-Reposes. Elle voulut parler, il écrasa ses paroles sur ses lèvres et sans desserrer son étreinte la porta sur le bureau. Elle ne résistait pas, murmurant à son oreille des mots sans suite. Il dut mettre la main sur sa bouche pour étouffer ses cris.
    – Voyons, monsieur, dit-elle après un moment, comme il est judicieux de souhaiter vous joindre. Vous devez m’être reconnaissant des égards que j’ai pour vous, les prodiguant sans relâche et sans espoir de retour.
    Il la reprit dans ses bras.
    – Allons, soyez sage, Nicolas. Songez qu’on aurait pu entrer ! À mon arrivée, j’ai vu Semacgus et Bourdeau. Ils vous attendent. Avant cela, je dois vous parler. Vous m’avez fermé la bouche tout à l’heure…
    Il lui prit les mains et les baisa dévotieusement.
    – C’était pour une bonne cause.
    – Et vous dire que j’ai accompagné Madame Élisabeth.
    – Certes ! C’est votre occupation habituelle.
    – Ne faites pas l’enfant et laissez-moi parler.
    – Soit, je me tais.
    – Donc, hier après-midi nous avons gagné le carmel de Saint-Denis. Pour être exacte, Madame devait rencontrer sa tante Madame Louise. Il faut vous dire que, de notoriété, Madame est en froid avec sa tante.
    – Voilà une nouvelle d’importance qui fait frémir et la cour et la ville !
    – Ah ! Point de persiflage. Écoutez-moi.
    – Je vous contemple sans me lasser.
    – Bon, en voilà bien une autre ! Je reprends. La guerre règne dans la famille…
    – Quelle famille ?
    – Vous m’excédez ! La famille royale. Depuis l’automne dernier, Madame est en froid avec sa tante Adélaïde. Vous connaissez l’altière et susceptible princesse. Un brimborion est à l’origine de tout cela. Elle s’est trouvée fort mécontente de ce que Madame, ayant subi l’inoculation, ne lui ait pas écrit pour l’en avertir. Et ajoutez à cela la reconnaissance qu’elle aurait dû manifester pour telle et telle chose. Bref, Madame Adélaïde s’est imaginé que le sentiment de sa nièce à son égard s’était refroidi au point de s’amoindrir et depuis ne cesse de se fâcher et de gronder. La reine s’est entremise, ce qui n’a fait qu’aigrir la querelle. Madame n’en pouvait mais. Elle s’afflige, se lamente et pleure tout au long du jour. Du coup, on a eu recours à Madame Louise qui, du fond de son couvent, conserve quelque autorité sur ses sœurs. La sainte fille a commencé à faire la morale et à tancer sa nièce qui a éclaté en san
glots. Peignez-vous le tableau ! Émue, la carmélite a enfin promis de parler à Madame Adélaïde, tout en engageant la princesse à solliciter son pardon.
    – Je constate que la vie est difficile dans ces royales maisons.
    – Vous moquez-vous ? La conversation s’est poursuivie, car la tante n’a nullement perdu son goût de tout savoir. De là a suivi un sermon en forme appelant Madame Élisabeth à considérer les inconvénients des grandeurs de ce monde et le peu qu’il faut pour les dissiper. Elle l’appelait à distendre les liens avec le siècle et de vivre à la cour d’une manière toute religieuse. N’avait-elle pas elle-même connu cette vie pour la détester à jamais, et que l’éclat de carmélite valait mille fois mieux que celui de princesse. Et c’est là que, soudain….
    – Que ?
    – Que votre nom a surgi.
    – Mon nom ? Cela m’étonne. Elle ne me connaît point. Je ne l’ai approchée qu’à la chasse lors d’un incident dont elle n’a sans doute nulle souvenance. Et de loin, dans les cérémonies de cour et à sa prise de voile où j’avais accompagné le feu roi. J’aurai mieux compris pour Mesdames Adélaïde et Victoire à qui j’ai eu l’occasion de rendre quelques services.
    – En fait, elle a demandé à sa nièce si elle connaissait le marquis de Ranreuil, signalant que son père l’appréciait fort. La princesse, ignorante, s’est tournée vers moi. Avec pudeur…
    Elle éclata de rire.
    – … je lui ai indiqué que vous étiez proche de mon père, l’amiral d’Arranet.
    – Je vous félicite de votre prudence.
    – Mon Dieu, oui ! Devant une

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