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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit :
    – J’ai perdu, maître Gringonneur. Recommençons !
    Et il vida son escarcelle dans l’herbe. Les pièces d’or roulèrent et se heurtèrent.
    – Je veux jouer aussi ! dit tout à coup une voix.
    Passavant leva les yeux, et vit la tête de l’archer penchée sur eux, avide, ardente. Le chevalier se leva et dit :
    – C’est bien, prenez ma place.
    – Mais, balbutia alors le soldat, c’est que je n’ai pas beaucoup d’argent, moi…
    – On te fera crédit, fit Gringonneur.
    – Inutile, dit Passavant. Prenez ceci pour jouer.
    Il désignait du doigt les pièces d’or qu’il avait tirées de son escarcelle. Le soldat le regarda, effaré. D’une voix effrayante de calme, Passavant, reprit :
    – Allons, mon brave, prends cet or, et joue, crois-moi, joue sans t’inquiéter du reste.
    – Ho ! gronda le soldat en voyant le chevalier faire un pas vers la porte, c’est une trahison ! À moi !
    Il ne put en dire plus long. Passavant, le touchant à peine de la main gauche, lui présentait à la gorge la pointe de sa dague, et disait doucement :
    – Un mot de plus et tu es mort. C’est chose affreuse que de tuer un inconnu qui ne m’a fait aucun mal, je le sais. Mais sache que si je n’entre pas à l’instant dans l’Hôtel, la vie de plusieurs personnes est en danger. Ainsi, mon ami, mets-toi donc à jouer, et je te jure sur mon âme qu’en me laissant entrer, tu n’auras commis aucune trahison…
    – Promettez-moi, dit le soldat, que nul ne saura que vous êtes entré par cette porte. Car je serais pendu, et je n’ai que vingt-quatre ans.
    – Sur ma vie, dit Passavant, nul ne le saura.
    – Allez donc, et que Dieu vous garde, car à votre figure, à votre accent, je vois, je sens que c’est lui qui vous mène !
    Passavant s’élança.
    L’archer avait eu un beau mouvement. Une seconde, l’émotion qui se dégageait du chevalier s’était communiquée à lui, comme une flamme purifiante. Mais nous devons dire que, tout de suite, cette émotion fut remplacée par une autre moins noble assurément, mais plus intéressante pour lui. En effet, le digne fils de Mars et Bellone tomba en arrêt devant les fameuses pièces d’or venues en droite ligne du sac envoyé à Passavant par Isabeau de Bavière, et ici, le lecteur nous sera reconnaissant de résister à la tentation d’établir que l’or d’Isabeau allait peut-être contribuer à sauver la jeune fille que cette même Isabeau voulait tuer.
    Passavant s’élança donc dans l’intérieur de l’Hôtel Saint-Pol et, pour trouver le logis d’Odette, il n’eut qu’à suivre en sens inverse le chemin que lui avait fait parcourir le vieux Champdivers.
    Il arriva, haletant, sous les fenêtres.
    Tout était calme, silencieux, et il éprouva instantanément cette impression que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Il respira à longs traits. Il se rappela que Gringonneur, de toute évidence, était ivre.
    L’Hôtel Saint-Pol dormait profondément. Les fenêtres d’Odette, éclairées doucement, lui donnèrent la sensation du repos paisible.
    Alors, les terreurs du jeune homme s’évanouirent. Sans trop savoir pourquoi, il se mit à rire doucement, et sans motif, il pensa à Roselys. La gracieuse figure de l’enfant qu’il avait aimée, perdue à jamais maintenant, morte depuis des années, cette figure souverainement jolie fut si vivante à ses yeux qu’il dut faire effort pour s’arracher à l’obsession.
    Et tout à coup, par une saute de l’imagination, comme il y a des sautes de vent, il revit le duc d’Orléans – son sauveur – il le revit étendu dans la rue Barbette, le crâne fracassé, des pensées terribles l’assaillirent, et, presque à haute voix, il prononça :
    – Ocquetonville, Scas, Courteheuse, Guines, vous mourrez de ma main !
    Et ils étaient là, dans l’Hôtel Saint-Pol ! Pourquoi ? Qu’y faisaient-ils ? Puisque tout était paisible dans le logis royal, sans doute les Bourguignons étaient venus pour quelque service au palais de la reine. Passavant cessa de penser à eux, et son imagination le ramena à Odette de Champdivers…
    Alors, tout à coup, il éprouva l’impérieux besoin de la revoir.
    Une pensée soudaine traversait son cerveau :
    Se hisser jusqu’à l’une de ces fenêtres… et là, peut-être, un instant, pourrait-il l’entrevoir. Passavant leva les yeux et fut désappointé : il y avait bien, à une certaine hauteur une sorte de large

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