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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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désespoir du soupçon.
    – Sire, dit-il de son ton froid, je crois qu’à cette heure vous ne devez pas trembler…
    – Oui, bégaya le roi, dont le soupçon s’évanouit au même instant, je devine en vous un être de bravoure et de loyauté. Mais demain, monsieur, demain, si mes gardes me trahissent, qui me défendra ?… Oh ! ajouta-t-il soudain en battant des mains, j’ai trouvé… Nous sommes sauvés !
    Quelques minutes, il se promena à grands pas dans la pièce. Puis, avec une fiévreuse volubilité, il reprit :
    – Demain, au point du jour, je quitterai l’Hôtel Saint-Pol. Je quitterai Paris. Vous viendrez avec moi, Odette. Monsieur, notre litière sera entourée d’une bonne escorte. Je vous en donne le commandement.
    – Sire, dit Odette tremblante, à quoi bon cette fuite… Je vous en prie, attendez que…
    – Silence ! interrompit le fou avec une majesté théâtrale. Quand le roi ordonne, il n’y a plus qu’à obéir. Donc, vous viendrez avec moi. Monsieur, vous prendrez le commandement de l’escorte. Vous vous trouverez devant la grand’porte de l’Hôtel Saint-Pol à huit heures du matin. Me le promettez-vous ?
    – Oui. Sire. Et d’ailleurs, ajouta Passavant avec un sourire narquois, quand le roi commande, il ne peut être question de promesses, mais d’obéissance.
    – Voilà qui est bien dit ! fit joyeusement Charles VI en frappant ses mains l’une contre l’autre. Mais ce n’est pas tout. Avec une escorte de cent hommes d’armes que vous commanderez, vous faites-vous fort de nous conduire sains et saufs au château de mon défunt frère ?
    – Sans aucun doute, sire ! Et même avec une escorte moindre.
    Il pensait : Et même à moi tout seul ! Mais il n’osa pas le dire.
    – Bon ! reprit Charles avec le même rire joyeux. Nous partirons donc à huit heures, et marcherons tout droit sur le château de Pierrefonds. On m’a assuré qu’il est solide et tiendrait devant une armée. Je veux voir cela par moi-même. Là nous serons en sûreté… à moins, continua-t-il en s’assombrissant, à moins que notre cousine d’Orléans ne nous refuse l’hospitalité !
    – Sire, dit Odette avec fermeté, comment pouvez-vous suspecter cette noble dame !
    – C’est bien ! dit Charles en se remettant à grelotter. N’en parlons plus. Nous irons supplier la veuve de notre frère de nous garder en son manoir autant de temps qu’il le faudra. Allez, monsieur. Et n’oubliez pas que demain vous escortez la fortune et la vie du roi de France.
    – À huit heures, sire, je serai devant la grand’porte de l’Hôtel Saint-Pol.
    Passavant s’inclina devant le roi et Odette. L’orgueil et la joie gonflaient son cœur. Et déjà il calculait combien d’heures le séparaient encore du moment où il se mettrait à la tête de l’escorte. Passavant s’en alla. Et comme il était venu par la fenêtre, il trouva tout naturel de s’en aller par le même chemin. En un instant, il eut disparu aux yeux d’Odette et de Charles VI. De la corniche, il se laissa tomber à terre.
    Une fois là ; il entendit soudain les hurlements du roi là-haut.
    La crise se déchaînait.
    Le lendemain matin, Charles VI, assommé par le mal, incapable d’un mouvement et d’une pensée, demeurait prostré dans sa chambre, et ce ne fut guère que deux jours après qu’il reprit à peu près conscience de lui-même : il avait alors complètement oublié son projet de voyage ou plutôt de fuite à Pierrefonds.
    *
    * *
    Passavant se dirigea rapidement vers la porte basse par où il avait pénétré dans l’Hôtel Saint-Pol. Le geôlier de la Huidelonne avait disparu, Passavant le chercha un moment du regard pour le remercier de son aide, puis gagna la porte, et, l’ayant franchie, trouva Gringonneur et l’archer toujours acharnés à la même partie.
    Le malheureux archer en était à défendre son dernier écu contre Gringonneur qui, naturellement, était de première force. Passavant, quelques minutes, les contempla en souriant.
    L’archer, à ce moment, eut un juron de rage, et Gringonneur un éclat de rire triomphant : le dernier des écus laissés par le chevalier au soldat était perdu.
    Jacquemin, déjà, ramassait joyeusement le gain qui était important.
    – Maître Gringonneur, dit Passavant, prêtez-moi cette somme, voulez-vous ?
    – Vous la prêter ? dit Gringonneur en serrant les écus dans ses mains.
    – Allons, dépêchons.
    Les belles pièces à

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