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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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incision, murmura-t-il en tirant la tête du défunt en arrière. Nette et propre. Il a dû être foudroyé. Peut-être a-t-il encore cligné des yeux, mais il n’a sûrement plus dit un mot. La lame lui a tranché les cordes vocales. Mon Dieu, quelle boucherie !
    Le docteur Lionardo observait la mare de sang qui s’était répandue sous la tête de Moosbrugger, le regard pétillant de joie.
    — Vous avez l’arme du crime ?
    — Non.
    — Pas étonnant. En général, on ne laisse pas traîner ce genre d’objets. Ça doit être un vrai scalpel. Un couteau pareil, ça vous rentre dans la gorge comme dans du beurre.
    Après avoir mis des gants en coton blanc, il souleva un à un les doigts de la victime avec une petite spatule en bois.
    — Pas de trace de résistance. C’est bien ce que je pensais. Il est mort avant de comprendre ce qui lui arrivait.
    — Peut-on faire une plaie comme celle-ci sans être soi-même couvert de sang ? demanda Tron.
    Le médecin légiste se redressa et se gratta la tête.
    — Bonne question.
    Il réfléchit un instant.
    — Pas si le couteau vient de face. Car dans ce cas-là, le sang vous gicle à la figure. En revanche, si vous attaquez par-derrière, que vous donnez un coup rapide et puissant – il fendit l’air avec sa spatule – et reculez aussitôt…
    Il regardait Tron d’un air joyeux, puis quelque chose d’autre lui traversa l’esprit : — Au fait, avez-vous lu le rapport d’autopsie concernant les crimes sur le paquebot ? Le conseiller et la jeune femme ?
    — Nous ne nous occupons plus de cette affaire.
    Le docteur Lionardo se frappa le front avec trois doigts.
    — C’est vrai, j’avais oublié ! Le rapport provenait en effet du colonel Pergen. Et il ne vous a parlé de rien ?
    — Qu’aurait-il dû me dire ?
    — Que les coups de feu ont été tirés post mortem . Un geste tout à fait absurde.
    Il jeta un regard réprobateur à Tron, comme si c’était le commissaire qui avait tiré.
    — Et quelle est la cause réelle du décès ?
    Le médecin haussa les épaules.
    — Sans doute un infarctus.

30
    — Vous avez relâché Grillparzer alors que vous l’aviez surpris à proximité du cadavre ?
    Spaur se pencha au-dessus de son bureau et, inquiet, s’accrocha à la boîte de confiseries posée sur un plan de la ville. Quand Tron était entré, le commandant de police était en effet plongé dans l’étude de l’urbanisme vénitien en compagnie de son neveu, le porte-flambeau du progrès. La carte était couverte d’épaisses lignes noires, sans doute les conduites de gaz que Haslinger projetait d’installer pour le plus grand bonheur des habitants, un réseau de traits qui barraient le labyrinthe de ruelles et de canaux.
    Spaur avait écouté le rapport du commissaire avec une gêne croissante – à l’inverse de son neveu, qui ressemblait à un joueur auquel on propose une passionnante partie d’échecs. Tron pouvait littéralement voir qu’il enregistrait et analysait chacune des informations. Cette histoire le fascinait. Peut-être regrettait-il désormais d’en avoir manqué l’épisode le plus palpitant – la nuit sur le paquebot – et de devoir maintenant se contenter de miettes.
    — Il était de votre devoir de prévenir aussitôt la police militaire ! continua le commandant de police. Le colonel Pergen ne manquera pas de l’apprendre. Et alors, il va me…
    Énervé, il prit une friandise, ôta le papier et engloutit une bouchée au massepain tout en disant :
    — … merenlavimpossib…
    — La vie impossible ? s’assura Tron. J’en doute fort.
    Il adressa un signe de reconnaissance à Haslinger qui s’était permis d’avancer la boîte de confiseries et invitait du regard le commissaire à se servir. De toute évidence, il ne savait pas que son oncle ne partageait jamais ses pralines.
    — Et pourquoi ?
    La mine de Spaur, qui s’était assombrie, s’éclaira de nouveau quand il vit que son subalterne déclinait d’un geste la proposition du neveu.
    — Parce que dans son rapport, expliqua Tron, il n’a pas évoqué les résultats de l’autopsie. Si le conseiller est mort d’un infarctus, il ne s’agit plus d’un crime.
    Haslinger se pencha au-dessus du bureau :
    — Certes, mais l’autopsie ne permet pas de savoir qui a tiré. Ce pourrait très bien être Pellico.
    — L’attentat est une trouvaille de Pergen. Pour quelle autre raison Pellico aurait-il tiré sur Hummelhauser ?
    L’ingénieur réfléchit un instant.

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