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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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sol instable.
    Heureusement, il restait une solution : de chaque côté, le long du mur, une poutre reliait les deux parties du plancher. Il devait s’y engager sans plus tarder, car son agresseur pouvait revenir, peut-être avec des complices. Il s’aventura donc sur cet étroit passage. Il n’avait pas particulièrement le vertige, mais il avançait avec difficulté. Il y avait juste la place pour poser les pieds, et un tigre, rendu furieux par une planche reçue sur le museau, faisait des bonds terribles pour l’atteindre. Il était un peu trop bas, mais arrivait à accrocher de ses griffes la poutre, qui tremblait sous le choc.
    Lucius s’efforçait de se concentrer sur ses pas et de ne pas prêter attention aux rugissements furieux de l’animal. Mais que sa progression était lente ! De temps en temps, il jetait un coup d’œil anxieux en bas : les autres fauves s’étaient levés et ne le quittaient pas des yeux, visiblement prêts à profiter du repas au cas où leur congénère serait parvenu à ses fins.
    Enfin, il arriva en face et s’arrêta un moment pour reprendre ses forces et se remettre de ses émotions… Son agresseur ne faisait pas partie de ceux qui l’avaient suivi lorsqu’il était allé à la synagogue, il en était certain. Il ne s’agissait donc pas d’un acte isolé, il avait toute une organisation à ses trousses. L’affaire devenait sérieuse et il devait en parler à Tigellin au plus tôt… Il mit un terme à ses pensées. Malgré ce qui venait de se passer, il ne devait pas arriver en retard à l’invitation de Paul. Il poursuivit son chemin avec précaution, redescendit l’échelle et prit la même direction que celle du groupe où se trouvait Délia.
    La maison où les avait conviés Paul était un bâtiment modeste, mais relativement vaste. Il avait peut-être appartenu autrefois à l’ensemble d’installations dépendant de la caserne. Lucius s’attendait à trouver un lieu de culte, même très simple, comme la synagogue, mais il n’en fut rien. C’était une habitation ordinaire. De même, il pensait qu’allait se dérouler une cérémonie religieuse quelconque, mais, là encore, ce n’était visiblement pas le cas. Des mets simples – olives, oignons, fèves, poisson séché, fruits – étaient disposés sur une longue table. Il s’agissait d’une invitation à un repas.
    Le maître de maison lui-même alla saluer, en les embrassant, chacun des arrivants, y compris Lucius. À nouveau, ce dernier fut frappé par son physique si particulier, dans lequel l’esprit dominait entièrement le corps. Il remarqua aussi que la plupart des hommes et des femmes s’embrassaient, comportement tout à fait inhabituel à Rome. Lui-même n’osa pas les imiter. À Délia, en particulier, il se contenta d’adresser un sourire. Elle fit de même et n’alla pas vers lui. Il n’en conclut pas à de la froideur de sa part. Il pensa qu’elle voulait rester recueillie et que sa présence à ses côtés l’aurait distraite. Il resta donc là où il se trouvait.
    Paul prit place à l’un des bouts de la table et les autres s’installèrent. Conservant ses réflexes professionnels, Lucius détailla l’assistance. Lui compris, ils étaient trente en tout. Le plus remarquable était la diversité des origines sociales. Il y avait de pauvres gens, des affranchis, peut-être même des esclaves et des personnes beaucoup plus aisées. C’était en particulier le cas du couple auprès duquel il avait pris place. Ils appartenaient visiblement à la grande bourgeoisie de la ville.
    Une fois que tout le monde fut assis, le silence se fit. Nul ne touchait aux plats et Lucius, comme les autres, attendit sans bouger. Paul se leva alors, prit un gros pain qui se trouvait devant lui et dit :
    — Nous te rendons grâce, Notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles !
    Puis il prit un morceau du pain, qu’il porta à sa bouche, et tendit le reste à celui qui se trouvait à côté de lui. Le pain circula ainsi autour de toute la tablée, chacun se servant à son tour dans le plus grand silence. Lucius reçut le pain de son riche voisin, en préleva une bouchée et le tendit de l’autre côté, à une brunette, dont les vêtements trahissaient la modeste origine. Il était vivement

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