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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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impressionné, tant par la ferveur qui se dégageait de ce rituel que par sa simplicité. Quand le reste du pain fut revenu devant Paul, ce dernier leva une coupe de vin, en but une gorgée et reprit la parole :
    — Nous te rendons grâce, Notre Père, pour la sainte vigne de David, ton serviteur, que tu nous as révélée par Jésus, ton serviteur.
    La coupe circula de la même manière que le pain. Lorsqu’il but, Lucius sentit son émotion croître encore. Il comprenait à présent le sens des paroles de Paul concernant l’amour. Il se produisait quelque chose d’extraordinaire ! Il aimait ces gens qu’il voyait pour la première fois, comme ceux-ci l’aimaient eux-mêmes. L’amour s’était, pour ainsi dire, physiquement installé autour de cette table… Paul poursuivit, s’adressant visiblement aux nouveaux venus :
    — Ainsi a fait Notre-Seigneur, lors du dernier repas qui a précédé son sacrifice, et nous faisons de même en mémoire de lui. Il est ici parmi nous, car il a dit : « Là où deux ou trois sont présents en mon nom, je suis présent au milieu d’eux. »
    Ensuite, il se servit une poignée d’olives sur le plat qui était devant lui, donnant le signal du repas, et les conversations s’engagèrent entre les convives. Le voisin de Lucius se tourna vers lui.
    — Je m’appelle Honorius, je suis médecin. Voici ma femme. De l’autre côté de toi, tu as Caria, notre esclave. Je te souhaite la bienvenue parmi nous.
    Lucius se présenta à son tour ou, du moins, dit qu’il vendait de l’huile en compagnie de ses parents. Après quoi, il se mit à questionner son voisin, car ce qu’il venait d’entendre était extraordinaire.
    — Tu dis que tu es venu avec ton esclave ?
    — Elle ne l’est plus maintenant. Elle est notre sœur. Nous lui avons parlé, ma femme et moi, et nous l’avons convaincue.
    Auprès de Lucius, la brunette à l’allure modeste acquiesça. Lucius pensa à Sénèque, à ses grandes tirades contre l’esclavage et aux milliers de malheureux qui s’échinaient sur ses terres. Ce que le philosophe n’avait pas fait, les chrétiens le réalisaient sans phrases ni discours inutiles. Lucius s’apprêtait à poursuivre la conversation avec le médecin, mais la voix de Paul s’éleva au bout de la table :
    — J’engage les nouveaux venus à prendre la parole. Si l’un d’entre eux a quelque chose à dire, j’essaierai de lui répondre.
    Oui, l’un d’eux avait quelque chose à dire, c’était Délia, qui s’exprima d’une voix passionnée :
    — Comment devient-on chrétien ?
    — En recevant le baptême par aspersion de l’eau.
    — Alors, je veux recevoir le baptême. Je crois en votre Dieu.
    Paul hocha la tête.
    — Ce sera fait, si tel est ton désir. Mais il importe avant que tu saches ce que cela impliquera pour toi. Ne plus pratiquer la religion romaine, c’est te mettre à l’écart des autres. Tu vas devenir suspecte à beaucoup, et peut-être, un jour, risqueras-tu ta vie.
    — Cela ne me fait pas changer d’avis.
    D’autres craignant-Dieu présents exprimèrent le même désir. Paul s’en réjouit et, toujours à leur attention, précisa sa doctrine :
    — Vivre avec notre foi ne signifie pas entrer en révolte contre les autorités. Nous devons, au contraire, nous montrer parfaitement respectueux des lois, auxquelles nous devons obéissance. Car le Christ a dit : « Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »
    Lucius passait par toutes sortes d’émotions. La décision de Délia l’impressionnait. Elle lui faisait un peu peur, aussi : les mises en garde de Paul ne pouvaient être négligées. En ce qui le concernait, ainsi qu’il se l’était dit en venant, il ne se sentait pas encore décidé. De plus, sa position particulière vis-à-vis des chrétiens l’obligeait à la réserve. Quand sa mission auprès de Tigellin serait terminée, il serait toujours temps d’aviser. Mais pour sa mission, précisément, il venait d’obtenir une information décisive : les chrétiens prêchaient l’obéissance civile. Non seulement les accusations criminelles colportées par la rumeur étaient fausses, mais il n’y avait rien de subversif dans leur mouvement. Il allait pouvoir faire un rapport entièrement positif au préfet du prétoire…
    Le repas se poursuivit dans cette

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