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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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hérita à la fois les deux réformes de Borloo, mais aussi les projets de l'Élysée qui déboucheront sur le CNE (contrat nouvelle embauche) visant à relancer la bataille de l'emploi.
    Dix ans après l'installation de Jacques Chirac à l'Élysée, les tensions sociales sont telles que le gouvernement n'affiche plus désormais qu'une seule préoccupation : la réduction de la fameuse « fracture sociale », avec pour volet prioritaire la réduction du chômage, principale source des problèmes de la société française.
    Si le CNE passe comme une lettre à la poste malgré les grincements de dents des leaders syndicaux, le lancement du CPE (contrat première embauche) constitue en revanche une catastrophe qui fait descendre trois millions de manifestants dans la rue, brisant le rêve du président d'apparaître comme le grand réformateur social et de faire de Dominique de Villepin son successeur à la tête de l'État. Le Premier ministre va de surcroît entraîner le président dans sa descente aux enfers. M'étonnant qu'il lui ait fallu tant de temps pour renoncer au projet de Matignon, j'interroge Jacques Chirac qui ne se défile pas.
    « On peut toujours avancer trente-six raisons pour expliquer que cela a été mal géré.
    – Vous n'avez pas réagi assez vite ?
    – C'est moi qui l'ai mal gérée. J'aurais dû me rendre compte que l'on allait dans le mur. Il y avait des précédents. Honnêtement, j'aurais dû dire non : ça n'était pas une bonne idée.
    – Mais, au bout du compte, vous allez quand même à la télévision pour tenter de repêcher votre Premier ministre qui a géré cette affaire de manière catastrophique.
    – Il faut toujours reconnaître ce qui relève de sa propre responsabilité. Comme dans l'armée, le chef est toujours responsable des bévues de ses subordonnés.
    – Pourquoi sauvez-vous votre Premier ministre ?
    – Parce que c'est un homme de qualité, et je n'ai pas eu tort, voyez, il remonte dans les sondages…
    – Vous consultez donc quand même les sondages, vous qui m'avez dit ne jamais vous en préoccuper ?
    – J'ai dit que je n'en tenais pas compte…
    – Mais vous voyez quand même quand ils remontent…
    – Je ne les regarde pas, mais je sais ce qu'il en est. Frédéric 9 me le dit, cela se sait, les gens le répètent, je l'apprends à l'occasion de mes contacts avec mes amis parlementaires »…
    Au mois d'octobre 2006, la tempête du CPE quelque peu apaisée, Jacques Chirac a tenté de relancer le dialogue social, nié par son Premier ministre, en proposant des mesures importantes – dont l'obligation de concertation avec les partenaires sociaux avant le vote de toute réforme – dans un discours prononcé devant le Conseil économique et social. Quelques heures plus tard, je le rencontrais et faisais état devant lui de l'interrogation de Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, sur France-Info, moquant le caractère bien tardif de ces réformes.
    « Il a raison, m'a répondu le chef de l'État. Je voulais cette réforme-là depuis longtemps. »
    Le président savoure néanmoins un plaisir qu'il n'avait pas éprouvé depuis longtemps : « C'est la première fois que Thibault, Mailly et Chérèque 10 viennent me féliciter. »
    Au terme de son second mandat, le président peut ainsi se prévaloir d'avoir fait adopter deux réformes structurelles importantes (mises en œuvre par Jean-Louis Borloo) répondant aux promesses du candidat Chirac sur la réduction de la « fracture sociale ». Mais le brouillage lié à l'affaire du CPE, les critiques virulentes et souvent injustes qui l'accablent, empêchent qu'elles soient portées à son crédit. Ces deux réformes ont été accouchées au forceps, contre l'Administration mais aussi contre une importante fraction du camp chiraquien. Il est encore trop tôt pour apprécier les effets du Plan de rénovation urbaine voté en 2004 et ceux du Plan de cohésion sociale adopté en 2005. Le premier concerne 600 quartiers et quelque deux millions de personnes. Sans triomphalisme, Jacques Chirac évoque le plan Borloo comme pouvant apporter une « amélioration sensible » dans les quartiers difficiles : « Et si on continue dans cette voie, comme on le fait depuis deux ou trois ans avec ces deux plans, la fracture sociale sera réellement réduite, mais cela ne peut se faire en quelques mois. Je crois beaucoup à l'impact de la loi de cohésion sociale, je crois beaucoup

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