L'inconnu de l'Élysée
partis dans notre démocratie et j'ai toujours voulu que l'opposition puisse y tenir toute sa place. Sauf l'extrême droite qui porte des idées inacceptables et dangereuses, et qui doit être combattue sans merci !
– Quand vous faites des propositions pour les cinq prochaines années, entendez-vous peser sur le programme de l'UMP ?
– Ce n'est pas du tout dans cet esprit que je l'ai fait. La France a besoin d'un grand débat. En 2002, en raison de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour, le débat a porté sur les valeurs de la République, et il n'y a pas eu de confrontation entre deux projets économiques et sociaux. Mais, surtout, la France est dans un monde en pleine mutation. Un monde fait d'opportunités formidables et de risques considérables. Ma responsabilité de président de tous les Français est d'élever ce débat au niveau qui doit être le sien. Elle est de fixer les enjeux et de le faire de manière concrète, en précisant les directions à suivre pour les années à venir. Et cela, à partir de ce qui a été fait. Si on ne le fait pas, si on laisse la caricature dominer le débat, si on ne désarme pas les angoisses, les idées fausses, on ouvre « un boulevard » aux extrémismes ! Cela, je ne peux l'accepter. J'assume donc les responsabilités qui sont les miennes en m'engageant ainsi.
– Même pour un lecteur non vétilleux, il y a un décalage certain entre les propositions de Sarkozy et les vôtres. Il serait possible, à partir de vos vœux, de construire un programme qui serait moins libéral que celui de l'UMP…
– Si vous regardez de près, il y a beaucoup de points de convergence, mais il y a aussi des différences de sensibilité, notamment sur la vision du monde, même si je note – et c'est une bonne chose – des évolutions de sa part. Sarkozy est spontanément plus libéral que moi. Il existe aussi des différences d'approche, s'agissant notamment de la relation avec les États-Unis. Et puis il y a aussi la question du communautarisme. Sur ce dernier point, j'ai noté aujourd'hui son adhésion à un principe fondamental à mes yeux : la France n'est pas et ne sera jamais une addition de communautés. La nation française est une et indivisible.
– Il y a un quatrième point important sur lequel vous n'avez pas la même approche : les problèmes du Proche et Moyen-Orient…
– C'est un enjeu essentiel pour l'avenir et la stabilité du monde. Il est effectivement nécessaire que tous les candidats exposent clairement leur vision du rôle et de l'action de la France. Pour moi, la France doit défendre une position claire. Il faut bien mesurer les enjeux. C'est une région où convergent la plupart des crises et des conflits du monde contemporain : le conflit israélo-palestinien, un sentiment anti-occidental de plus en plus répandu, l'affrontement historique entre chiites et sunnites, le choc entre un islam tourné vers la paix et un islamisme radical qui prône l'action violente, des rivalités régionales, le tout à nos portes, sur fond d'explosion démographique, de difficultés politiques et de croissance économique insuffisante.
La guerre d'Irak a amplement démontré que toute solution fondée sur l'unilatéralisme, la force ou l'illusion que le modèle occidental est « exportable » clés en main, est vouée à l'échec. Il faut agir avec détermination mais grande prudence, doigté et respect pour tous les peuples et toutes les nations de la région. Agir par le droit international, en sachant que toute action mal conduite accentue les risques de guerre. Agir en fonction de principes clairs, au premier rang desquels la volonté de sauver la paix.
La France a des responsabilités historiques dans cette région. Elle doit les assumer. Par son rôle propre, mais aussi en poussant l'Europe à s'engager davantage, à cesser de se replier frileusement alors qu'il lui faut s'affirmer.
Agir pour la paix entre Israël et les Palestiniens est absolument capital. Les contours d'un accord sont connus : deux États en paix et en sécurité dans des frontières viables, sûres et reconnues. Il faut que la communauté internationale s'en porte garante.
Agir pour le Liban, sa souveraineté, son intégrité territoriale, la démocratie qui s'y est enracinée, parce que la France est étroitement liée à ce pays. Cela suppose avant tout de convaincre les pays de la région de cesser d'en faire l'otage de leurs affrontements.
Agir pour que
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