L'inconnu de l'Élysée
avant d'aborder le fond de votre question, j'ai été surpris par les propos de Nicolas Sarkozy et, en quelque sorte, interloqué. Les sumotori sont des gens respectables, et le sumo un très grand sport. Il faut faire l'effort de s'y intéresser et on en devient vite passionné.
En ce qui concerne mes relations avec Nicolas Sarkozy, tellement de choses fausses ont été dites et écrites ! Je le connais bien avec, comme tout le monde, ses qualités – qui sont grandes – et ses défauts. Il faut aussi que vous compreniez quelque chose : j'ai moi aussi des qualités et des défauts ! Mais il y a un défaut que je n'ai pas, c'est celui d'être rancunier. C'est un sentiment qui m'est totalement étranger.
Si j'ai voulu qu'il participe au gouvernement en 2002, c'est parce que je connaissais ses qualités. C'est un homme actif, intelligent, un homme politique de premier ordre. C'était un atout pour la majorité et pour la conduite de l'action publique. J'ai estimé qu'il ferait un bon ministre de l'Intérieur. Et vous savez que la sécurité est au cœur des engagements que j'ai pris vis-à-vis des Français en 2002.
J'ai choisi comme Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de Villepin, parce que j'ai estimé qu'ils étaient le plus à même de diriger le gouvernement au regard des objectifs que j'avais fixés. Malgré les difficultés, tous les deux ont bien assumé leur tâche. Et ils l'ont fait dans une véritable relation de confiance avec moi.
– Bon, je comprends pourquoi vous passez l'éponge en 2002, mais quand il remet ça, après en 2004, en recourant à d'incessantes petites phrases…
– Il dit qu'il est en train de changer ; je pense qu'à ce titre c'est une bonne chose. Vous savez, pour moi, une seule chose compte : l'action gouvernementale et l'intérêt du pays. C'est pourquoi je ne me suis pas arrêté aux petites phrases. J'ai été en revanche très attentif à la qualité de l'action de chacun des ministres. Ce qui compte, c'est la France. C'est l'action au service des Français.
– Quand vous avez regardé votre Premier ministre et votre ministre de l'Intérieur échanger des coups…
– N'exagérons pas ! Mais c'est vrai j'ai dû parfois exercer l'autorité qui s'imposait pour ramener le calme. Ce sont deux forts tempéraments. Mais c'est au travail qu'ils doivent le manifester…
– Avez-vous pensé que Dominique de Villepin puisse devenir votre successeur ?
– J'ai pour Dominique de Villepin beaucoup d'estime et d'affection. C'est un très bon Premier ministre qui obtient des résultats importants, notamment sur l'emploi qui est la priorité que je lui avais fixée. Il faut mesurer que nous sommes en train d'atteindre un taux de chômage parmi les plus bas que nous ayons connus depuis un quart de siècle.
S'agissant de l'élection présidentielle, je sais d'expérience à quel point il est difficile de passer de Matignon à l'Élysée. Je le lui ai d'ailleurs dit clairement quand je l'ai nommé Premier ministre.
– Il a cru qu'il pourrait briser la règle…
– Je n'en suis pas sûr. Je crois en revanche qu'il s'est totalement donné à sa fonction de Premier ministre.
– Pensez-vous qu'il aurait la stature pour faire un bon président ?
– C'est au peuple français et à lui seul d'en juger. Mais Dominique de Villepin a incontestablement des qualités d'homme d'État.
– A-t-il commis des erreurs ?
– Le CPE, sans doute. Mais il voulait agir le plus fortement possible pour lutter contre le chômage des jeunes. Pour cette raison, je l'ai soutenu. J'assume je vous l'ai dit ma part de responsabilité.
– La semaine dernière, vous avez dit vouloir réfléchir à une éventuelle candidature ; est-ce que vous pourrez vraiment vous poser la question alors que tous les observateurs pensent que vous n'avez pas d'« espace ». Estimez-vous avoir encore une marge de réflexion ?
– Je respecte les observateurs et les sondages, mais ce n'est pas sur cette base que je me déterminerai, je ne tiendrai compte que d'une seule exigence : l'intérêt national. Rien d'autre – et certainement pas l'attrait du pouvoir – ne me déterminera.
– Je suppose que vous avez également en tête qu'en 1995 c'est au cours de la seconde quinzaine de février que vos courbes de sondage se sont inversées…
– C'est vrai, vous avez raison de le souligner.
– Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous n'étiez pas donné gagnant, au début
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