L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
la politique américaine à l'égard d'Israël, il écrit : « C'est lorsque l'Holocauste était le plus présent dans l'esprit des dirigeants américains (pendant les vingt-cinq années d'après-guerre) que les États-Unis ont le moins soutenu Israël. [...] Ce n'est pas lorsqu'Israël était perçu comme faible et vulnérable, mais après qu'il a démontré sa force dans la guerre des Six Jours, que l'aide américaine à Israël, de ruisselet, est devenu un flot'" ». Cet argument s'applique avec la même force aux
45. Response, décembre 1988. Les plus en vue des marchands d'Holocauste et des partisans d'Israël, comme le directeur national de l'ADL, Abraham Foxman, l'ex-président de l'AJC Morris Abram et le président de la conférence des présidents des organisations juives américaines, Kenneth Bialkin, sans parler d'Henry Kissinger, tous prirent la défense de Reagan pendant la visite à Bitburg, tandis que, la même semaine, l'AJC recevait lors de son assemblée annuelle le loyal ministre des affaires étrangères du chancelier ouest-allemand Helmut Kohi. Dans le même esprit, Michel Berembaum du Musée mémorial de l'Holocauste de Washington attribuait, plus tard, le voyage de Reagan à Bitburg et ses déclarations au « sens américain naïf de l'optimisme » (Shafir, Ambiguous Relations, p. 302-304 ; Berenbaum, After Tragedy, p. 14).
46. Seymour Martin Lipset and Earl Raab, Jews and the New American Scène, Cambridge (Massa-chussets), 1995, p. 159.
47. Novick, The Holocaust, p. 166.
élites juives américaines .
Il y a aussi des causes américaines internes au développement de l'industrie de l'Holocauste. Les interprétations orthodoxes relèvent l'émergence récente des « politiques identitaires », d'une part, et de la « culture de victimisation », d'autre part. En fait, toute identité a ses racines dans une oppression particulière ; les juifs ont ainsi recherché leur identité raciale dans l'Holocauste.
Cependant, parmi les groupes qui se plaignent d'avoir été des victimes, à savoir les Noirs, les Amérindiens, les Américains d'origine espagnole, les femmes, les homosexuels, seuls les juifs ne sont pas désavantagés dans la société américaine. En fait, les politiques identitaires et l'Holocauste ont réussi parmi les juifs américains parce qu'ils ne sont pas des victimes.
Au fur et à mesure que les obstacles antisémites tombaient, après la seconde guerre mondiale, les juifs ont occupé la première place aux États-Unis. D'après Lipset et Raab, le revenu juif par tête est presque le double de celui des autres ; seize des quarante Américains les plus riches sont juifs ; 40% des Prix Nobel américains de science et d'économie sont juifs, de même que 20% des professeurs des grandes universités, de même que 40% des membres des cabinets d'avocats de New York et de Washington. Et la liste continue"*^. Loin d'être un obstacle au succès, l'identité juive est devenue le couronnement de ce succès. De même que beaucoup de juifs se tenaient soigneusement à l'écart d'Israël quand ce pays était mal vu et se sont convertis au sionisme lorsque c'est devenu un avantage, ils ont tenu leur identité raciale à l'écart lorsqu'elle était mal vue et se sont convertis à l'identité juive lorsque c'est devenu un avantage.
En fait, la réussite sociale des juifs américains a confirmé un élément central - peut-être le seul - de leur nouvelle identité de juifs. Qui pourrait encore douter que les juifs sont « le peuple élu » ? Dans le livre A Certain People : American Jews and Their Lives Today, Charles Silberman, lui-même un juif re-judaïsé, éructe de façon caracéristique : « Les juifs auraient été moins humains s'ils avaient éliminé toute idée de supériorité » et « il est extraordinairement difficile pour les juifs américains d'évacuer le sentiment de supériorité, quels que soient leurs efforts pour y parvenir ». Ce dont hérite un enfant
48. Lipset et Raab, Jews, p. 26 -27.
juif américain, d'après le romancier Philippe Roth, ce n'est pas « un code juridique, un ensemble de connaissance ni une langue et, finalement, pas un dieu., mais une sorte de psychologie : et la psychologie peut se résumer en quatre mots : les juifs sont supérieurs "^^ ». Comme on va le voir, l'Holocauste est le versant négatif de la réussite matérielle dont ils sont si fiers : il a servi à cautionner l'idée de l'élection des juifs.
Au tournant des années 1970,
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