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L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs

Titel: L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman G. FINKELSTEIN
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économique commença à se déverser sur Israël qui se transforma en représentant du pouvoir américain au Proche Orient.
    Pour les élites juives américaines, la soumission d'Israël au pouvoir américain était un don du ciel. Le sionisme est né de l'idée que l'assimilation était une illusion et que les juifs seraient toujours perçus comme des étrangers potentiellement déloyaux. Pour résoudre ce dilemme, les sionistes ont voulu créer un foyer national pour les juifs. En fait, la fondation d'Israël a exacerbé le problème, au moins pour les juifs de la diaspora : son existence a donné une expression institutionnelle à l'accusation de double appartenance. Paradoxalement, après juin 1967, Israël se mit a. faciliter l'assimilation aux États-Unis : les juifs étaient désormais en première ligne de la défense de l'Amérique, c'est-à-dire de la « civilisation occidentale », contre les hordes arabes rétrogades. Alors que jusqu'en 1967, l'idée d'Israël évoquait le spectre de la double appartenance, il devint alors le symbole de la loyauté par excellence. Après tout, ce n'étaient pas des Américains mais des Israéliens qui se battaient et mouraient pour défendre les intérêts américains. Et contrairement aux soldats américains au Vietnam, les combattants israéliens n'étaient pas humiliés par des parvenus du Tiers-Monde ^^.
    Du coup, les élites juives américaines découvrirent soudain Israël. Après la guerre de 1967, on pouvait faire l'éloge de l'élan militaire israélien puisque ses fusils étaient pointés dans la bonne direction, contre les ennemis de l'Amérique. Ses prouesses martiales permettraient peut-être même de pénétrer dans le saint des saints du pouvoir américain. Jusque-là, les élites juives ne pouvaient offrir que des listes de personnes subversives ; désormais, elles pouvaient se poser en interlocuteurs naturels représentant le nouveau point d'appui stratégique de l'Amérique. De figurantes, elles devenaient des acteurs de premier plan dans le drame de la guerre froide. Ainsi, pour les
    (Massachussets) ; 1997, p. 9-93 ; David Barsamian (éd.), Chronicles of Dissent, Monroe, ME, 1992, p. 38.
    19. Pour une préfiguration antérieure de cet argument, cf Hannah Arendt, « Zionism Reconsidered » (194-4), Ron Feldman, éd., The Jew as Pariah, New York, 1978, p. 159.
    juifs américains, aussi bien que pour les États-Unis, Israël était devenu un avantage stratégique.
    Dans un volume de mémoires publié juste avant la guerre de 1967, Norman Podho-retz évoque avec émotion sa présence à un dîner officiel à la Maison blanche, où « tous les convives sans exception ne se tenaient visiblement plus de joie d'être là^*'. » Bien qu'il fût déjà rédacteur en chef du principal périodique juif américain, Commentary, ses mémoires ne contiennent qu'une allusion rapide à Israël. Qu'avait à offrir Israël à un juif américain ambitieux ? Dans un volume ultérieur de mémoires, Podhoretz se souvient qu'après juin 1967, Israël devint « la religion des juifs américains^' ». Devenu un vif partisan d'Israël, Podhoretz pouvait désormais se vanter non seulement d'assister à des dîners à la Maison blanche mais encore de rencontrer le président en tête-à-tête pour discuter de l'Intérêt National.
    Après la guerre des Six jours, les grandes associations juives américaines consacrèrent toutes leurs forces au renforcement de l'alliance américano-israélienne. Pour l'ADL, cela comprenait notamment une vaste opération d'espionnage sur le territoire américain, en association avec les services d'espionnage israélien et sud-africain^^. La part consacrée à Israël par le New York Times augmenta considérablement après juin 1967. Le nombre d'entrées pour « Israël » dans l'index du New York Times pour 1955 et pour 1965 représente à chaque fois une colonne de soixante pouces ; en 1975, la taille est de 260 pouces. « Quand je me sens mal, pour me consoler je vais voir les articles sur Israël du New York Times », dit Wiesel en 1973 ". Comme Podhoretz, beaucoup d'intellectuels juifs américains ont aussi découvert cette religion après la guerre de 1967. Novick raconte que Lucy Dawidowicz, la doyenne de la littérature de l'Holocauste, avait été « une critique féroce d'Israël ». Israël ne pouvait pas demander des réparations à l'Allemagne, disait-elle en 1953, s'il ne reconnaissait pas sa responsabilité dans le cas des Palestiniens

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