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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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davantage.
    Tandis qu’il parlait ainsi, les gestes qu’il faisait dirigeaient les yeux de ses auditeurs vers le singulier édifice auquel il faisait allusion. Comme la plupart des autres maisons qui donnaient sur cette place, c’était un bâtiment fort ancien, peu élevé, sombre et malpropre. Il était de forme triangulaire, une rue le bordant de chaque côté, et les trois extrémités se terminaient par autant de tours hexagones et surmontées, comme le principal édifice, par un toit presque perpendiculaire, couvert en tuiles et décoré d’ornements grossiers. Ses murs étaient percés d’un grand nombre de petites fenêtres, à travers l’une desquelles la faible lueur d’une chandelle était le seul indice qui annonçât que ce bâtiment sombre et silencieux était habité.
    – Nab connaît Mrs Lechmere mieux que Job, continua l’idiot après une pause d’un instant, et elle saura si Mrs Lechmere voudra faire fustiger Job pour lui amener de la compagnie un samedi soir {14} , quoiqu’on assure qu’elle est assez mal apprise pour parler, rire, et boire du thé, le samedi soir comme les autres jours.
    – Je vous garantis que vous en serez bien traité, dit l’officier que les délais de son guide commençaient à fatiguer.
    – Voyons cette Abigaïl Pray, s’écria le vieillard en saisissant tout à coup Job par le bras, et en l’entraînant avec une force irrésistible vers une des portes du bâtiment, où ils entrèrent sur-le-champ.
    Resté sur le pont avec son valet, le jeune officier hésita un instant avant de se décider sur ce qu’il avait à faire ; mais cédant à l’intérêt vif et puissant que ce vieillard avait réussi à lui inspirer, il ordonna à Meriton de l’attendre, et suivit son guide et son compagnon de voyage dans la sombre habitation du premier. Après avoir passé la porte, il se trouva dans un appartement spacieux, sans autre décoration que les murs, et qui, d’après quelques marchandises de peu de valeur qu’on y voyait encore, paraissait avoir servi autrefois de magasin. La lumière l’attira vers une chambre, située dans une des tours, et, tandis qu’il s’avançait vers la porte qui en était entr’ouverte, il entendit la voix aigre d’une femme s’écrier :
    – Où avez-vous été courir ainsi un samedi soir, vagabond ? sur les talons des soldats, je gage. Vous êtes allé écouter leur musique impie, et assister à leurs réjouissances un jour si voisin du sabbat ! Vous saviez pourtant qu’il y avait un navire dans la baie, et que Mrs Lechmere m’avait priée de la faire avertir dès qu’il serait arrivé. Je vous attends depuis le coucher du soleil afin de vous envoyer chez elle pour lui en porter la nouvelle, et l’on ne sait où vous trouver, vous qui savez si bien ce qu’elle attend.
    – Ne grondez pas Job, ma mère, car les grenadiers lui ont fouetté la peau avec des courroies, jusqu’à en faire sortir le sang. Mrs Lechmere ? je crois, ma mère, qu’elle a changé de logement, car il y a plus d’une heure que je le cherche, attendu qu’il y a là quelqu’un qui vient de débarquer du vaisseau, et qui m’a demandé de l’y conduire.
    – Que veut dire cet imbécile ? s’écria sa mère.
    – Il parle de moi, dit le jeune officier en entrant dans l’appartement ; c’est moi qu’attend Mrs Lechmere. Je suis venu à bord de l’Avon , de Bristol ; mais votre fils m’a fait faire bien du chemin. Il parlait d’abord de me conduire par les sépultures de Copps Hill.
    – Excusez un pauvre garçon qui n’a pas de jugement, Monsieur, dit la matrone en mettant ses lunettes pour examiner le jeune officier. Il connaît le chemin aussi bien que celui de son lit ; mais il est quelquefois capricieux et volontaire. Ce sera une joyeuse soirée dans Tremont-Street. M’excuserez-vous, Monsieur ?… Et levant la chandelle, elle l’approcha de son visage pour mieux examiner ses traits. – Un beau jeune homme, dit-elle comme en se parlant à elle-même ; il a le sourire agréable de sa mère et l’œil terrible de son père. Que Dieu nous pardonne tous nos péchés, et qu’il nous rende plus heureux dans un autre monde que nous ne le sommes dans cette vallée de larmes et d’iniquité.
    En finissant ces mots, elle remit la chandelle sur la table avec un air d’agitation singulière. Quoiqu’elle les eût prononcés sans intention de les faire entendre, l’officier n’en avait rien perdu, et un nuage soudain

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