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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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mécontentement soit bien général, pour qu’un pareil être refuse de l’argent plutôt que de manquer à ses principes, dit l’officier en lui-même. Allons, voilà donc une demi-guinée, si vous préférez l’or.
    Job continua à frapper nonchalamment du pied contre une pierre, sans ôter ses mains de ses poches où il les tenait ordinairement, et à cette nouvelle offre il répondit, toujours dans la même posture, en relevant seulement un peu la tête enfoncée sous son chapeau rabattu :
    – Vous avez empêché les grenadiers de battre Job, Job ne veut pas prendre votre argent.
    – C’est bien, mon ami, c’est montrer plus de reconnaissance qu’on n’en trouverait souvent dans des hommes plus sensés. Allons, Meriton, je reverrai le pauvre garçon, et je n’oublierai pas ce refus. Je vous charge de le faire habiller plus convenablement dans le commencement de la semaine.
    – Mon Dieu, Monsieur, dit le valet, si c’est votre bon plaisir, je n’y manquerai pas, je vous assure ; mais, de grâce, examinez un peu le personnage, et dites-moi, avec une pareille tournure, comment vous voulez que je m’y prenne pour en faire jamais quelque chose.
    – Monsieur, Monsieur, cria Job en courant après l’officier qui avait déjà fait quelques pas, si vous voulez faire promettre aux grenadiers de ne plus jamais battre Job, Job vous montrera toujours le chemin dans Boston, et il fera aussi vos commissions, voyez-vous.
    – Pauvre garçon ! Eh bien, oui, je vous promets que vous ne serez plus maltraité par les soldats. Bonsoir, mon bon ami. Venez me voir.
    L’idiot parut satisfait de cette promesse ; car il se retourna aussitôt, descendit la rue en faisant mille gambades, et disparut bientôt au premier tournant. Cependant le jeune officier entra dans la cour de la maison de Mrs Lechmere. Le bâtiment était en briques et d’un extérieur plus imposant que la plupart de ceux qu’il avait vus dans la partie basse de la ville ; les ornements en étaient lourds et en bois, suivant une mode un peu plus ancienne, et il présentait une façade de sept fenêtres dans les deux étages supérieurs, celles sur les côtés étant beaucoup plus étroites que les autres. L’étage du bas offrait le même arrangement, à l’exception de la porte d’entrée.
    On voyait une grande quantité de lumières aller et venir dans différentes parties de la maison, ce qui lui donnait un air de vie et de gaieté au milieu des édifices sombres et obscurs qui l’entouraient. L’officier frappa, et un vieux nègre se présenta aussitôt, portant une livrée assez belle et qui était même riche pour les colonies. – Mrs Lechmere est-elle chez elle ? À cette demande le nègre répondit affirmativement, et traversant un corridor assez étendu, il ouvrit la porte d’un appartement qui se trouvait sur l’un des côtés, et dans lequel il fit entrer le jeune homme.
    Cet appartement serait regardé aujourd’hui comme beaucoup trop petit pour contenir la société d’une ville de province ; mais s’il lui manquait quelque chose en grandeur, ce désagrément était bien racheté par la richesse et la beauté des décors ; les murs étaient divisés en compartiments par des panneaux de menuiserie sur lesquels étaient peints des paysages et des ruines de toute beauté ; les châssis brillants et vernissés de ces tableaux étaient surchargés d’armoiries destinées à rappeler les différentes alliances de la famille ; au-dessous étaient des divisions de panneaux plus petites, sur lesquelles étaient dessinés différents emblèmes, et de là s’élevaient, entre les compartiments, des pilastres en bois, cannelés, avec des chapiteaux dorés ; une corniche lourde et massive, également en bois et surchargée d’ornements, se prolongeait autour de l’appartement et couronnait les autres ouvrages.
    L’usage des tapis était encore, à cette époque, peu répandu dans les colonies, quoique le rang et la fortune de Mrs Lechmere l’eussent probablement engagée à l’introduire dans sa maison, si son âge et le caractère général de l’édifice ne l’eussent décidée à s’en tenir à l’ancienne méthode. Le plancher, dont la beauté répondait au reste de l’ameublement, était un ouvrage de marqueterie très-remarquable, et se composait de petits carrés alternativement de bois de cèdre rouge et de pin ; au milieu se faisaient remarquer les lions de Lechmere, que l’artiste avait mis tout son

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