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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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quand il lui donnerait sa couronne d’or, ses diamants, et tout son clinquant, à moins que cela ne lui plaise ; il n’y a pas de loi pour cela.
    Lionel, pour apaiser l’idiot irrité, lui dit quelques mots d’un ton doux et conciliant ; mais Job ne daigna pas lui répondre, se retira dans son coin d’un air sombre et mécontent, et s’y coucha par terre, comme pour réparer, par quelques moments de sommeil, les fatigues de la journée.
    Pendant ce temps Ralph était retombé dans une profonde rêverie, et le major se rappela que l’heure s’avançait, et qu’il n’en avait pas encore obtenu l’explication qu’il désirait. Il lui en parla donc de nouveau de la manière qu’il crut la plus propre à réussir dans son projet. Du moment qu’il eut fait une remarque sur l’agitation que sa tante avait manifestée, le vieillard releva la tête avec un sourire dans lequel on pouvait reconnaître la fierté du triomphe, et il répondit en appuyant sa main sur son cœur :
    – Elle partait de là, jeune homme, elle partait de là. Il fallait le pouvoir de la conscience, et la connaissance que j’ai de tous les secrets de cette femme coupable, pour la faire trembler et la rendre muette devant une créature humaine.
    – Mais en quoi consiste cette connaissance ? Je suis en quelque sorte le protecteur naturel de Mrs Lechmere, et, indépendamment de l’intérêt personnel que j’ai à ce secret, j’ai droit de vous demander, en son nom, l’explication d’accusations si sérieuses.
    – En son nom ! impétueux jeune homme ! Attendez qu’elle vous charge de faire cette enquête, et une voix semblable à celle du tonnerre y répondra.
    – Si ce n’est point par égard pour ma vieille tante, du moins rappelez-vous les promesses que vous m’avez faites plusieurs fois de me faire le triste récit de mes chagrins domestiques.
    – Oui, j’en suis en possession, comme de beaucoup d’autres choses, répondit le vieillard en souriant, comme par suite du sentiment intime de ce qu’il savait et de ce qu’il pouvait dire. Si vous en doutez, descendez et allez le demander à la misérable habitante de ce magasin, ou à la veuve coupable de John Lechmere.
    – Je ne doute que de ma patience. Les moments s’écoulent rapidement, et j’ai encore à apprendre tout ce que je désire savoir.
    – Ce n’est ni le temps ni le lieu où vous l’apprendrez. Je vous ai déjà dit qu’il faut que nous nous trouvions pour cela au-delà des collèges ?
    – Mais, après les événements de la journée, qui peut dire quand il sera possible à un officier de la couronne d’aller en sûreté au-delà des collèges ?
    – Quoi ! s’écria le vieillard en souriant avec un mépris mêlé d’amertume, le jeune homme a-t-il déjà découvert quelle est la force, quelle est la ferme volonté des colons si méprisés ? Mais soyez tranquille, je vous donne ma parole que vous verrez l’endroit dont je vous parle, et que vous le verrez sans courir aucun risque. Oui, oui, Priscilla Lechmere, ton heure approche, et le sceau est apposé à ta destinée.
    Lionel fit encore de nouvelles instances, et dit qu’il allait être dans la nécessité de retourner chez sa tante, car il entendait marcher dans la pièce d’en bas, ce qui annonçait qu’elle se préparait à partir ; mais ses prières et ses remontrances ne furent pas écoutées. Le vieux Ralph se promenait dans son appartement en murmurant quelques phrases courtes et incohérentes, dans lesquelles on n’entendait que le nom de Priscilla, qu’il répétait souvent. Quelques moments après on entendit la voix aigre d’Abigaïl, qui appelait son fils, en indiquant clairement par le son de sa voix qu’elle se doutait que l’idiot était caché dans quelque coin du bâtiment. Job s’entendit appeler plusieurs fois sans faire un mouvement ; enfin la voix de sa mère devint courroucée et presque menaçante ; alors il se leva et s’avança vers l’escalier à pas lents et avec un air d’humeur.
    Lionel ne savait plus ce qu’il devait faire ; sa tante ignorait encore qu’il fût dans cette maison, et il pensait que si Abigaïl avait jugé à propos qu’il se montrât, elle l’aurait appelé de même que Job. Il avait aussi de secrètes raisons pour désirer que les visites qu’il rendait au vieux Ralph ne fussent pas connues ; en conséquence il résolut de profiter de l’obscurité pour s’assurer de ce qui se passait, et de se gouverner

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