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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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étaient attachés par les liens d’une longue intimité, perpétuée des pères aux enfants. Il l’invita même à réfléchir s’il ne serait pas à propos, dans quelque moment favorable, qu’il sortît des lignes occupées par l’armée anglaise, pour travailler à exécuter ce louable dessein.
    Il y avait dans ces propositions un peu équivoques quelque chose de si flatteur pour l’amour-propre du jeune militaire, qu’il consentit à attendre le cours des événements, après avoir obtenu la promesse d’un commandement tel qu’il pouvait le désirer, s’il survenait de nouvelles hostilités, et il ne fallait pas être aussi bon observateur que le major Lincoln pour juger que c’était ce qui ne pouvait manquer d’arriver très-incessamment.
    Gage avait déjà abandonné sa position à Charlestown, pour concentrer prudemment ses forces. Du sommet des hauteurs de la péninsule de Boston, on voyait que les colons faisaient rapidement des préparatifs qui annonçaient des hommes résolus à assiéger l’armée du roi. On voyait déjà les collines les plus élevées couronnées de fortifications en terre élevées à la hâte, et un corps nombreux de ces guerriers novices, campé devant l’entrée de l’isthme, coupait toute communication avec le pays adjacent, et occupait le petit village de Roxbury, en face des batteries anglaises, avec une audace qui aurait fait honneur à des hommes plus exercés dans l’art militaire, et plus habitués aux dangers de la guerre.
    La surprise que firent naître dans l’armée ces apparences de courage et d’intelligence qu’on remarquait parmi les Américains, si méprisés jusque alors, diminua jusqu’à un certain point, quand le bruit se répandit dans le camp anglais que plusieurs habitants des provinces, qui avaient autrefois servi avec honneur dans les troupes royales, se trouvaient dans leurs rangs, et y occupaient les postes les plus importants. Lionel entendit citer entre autres les noms de Ward et de Thomas, hommes qui avaient des connaissances, des sentiments libéraux, et quelque expérience dans les armes. Le congrès de la colonie de la baie de Massachusetts leur avait donné une commission régulière comme chefs des forces de cette province, et ils organisaient plusieurs régiments, composés d’hommes réunissant toutes les qualités nécessaires au soldat, à l’exception de deux choses qui lui sont indispensables, la discipline et les armes. Lionel entendit prononcer le nom de Warren plus souvent qu’aucun autre dans les cercles militaires de Boston, et c’était toujours avec cette sorte d’amertume qui annonce que l’animosité qu’on a conçue contre un ennemi n’empêche pas qu’on ne le respecte. Warren avait bravé jusqu’au dernier moment la présence des troupes royales, et il avait défendu intrépidement ses principes, même au milieu de leurs baïonnettes. Mais il avait disparu tout à coup, abandonnant sa maison, ses propriétés et une profession lucrative ; et en prenant une part active aux derniers événements de la journée de Lexington, il avait hasardé sans crainte toute sa fortune dans cette crise.
    Mais le nom qui possédait en secret le plus grand charme pour l’oreille du jeune major était celui de Putnam, propriétaire cultivateur dans la colonie voisine de Connecticut, et qui, dès que le bruit de l’affaire de Lexington était arrivé jusqu’à lui, avait littéralement abandonné sa charrue, et montant sur un cheval d’un de ses attelages, avait fait une marche forcée de cent milles pour venir se placer au premier rang de ses concitoyens. Quand Lionel entendait le nom de ce brave Américain prononcé à voix basse au milieu de la foule de militaires qui se rendaient aux levers de Gage, une foule de souvenirs doux et mélancoliques, se présentaient à son imagination. Il se rappelait les conversations fréquentes et remplies d’intérêt qu’il avait eues dans son enfance avec son père avant que la raison de sir Lionel Lincoln se fût égarée ; et, dans tous les récits qu’il avait entendus alors des combats sanguinaires livrés aux habitants des forêts, des dangers courus par ceux qui s’enfonçaient dans des solitudes et des déserts où le pied de l’homme civilisé n’avait jamais gravé son empreinte, et même des rencontres avec les animaux sauvages qui régnaient dans les bois, le nom de Putnam avait toujours frappé son oreille ; ce nom était entouré d’une sorte de renommée

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