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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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entre les poignets et les chevilles.
    — Pourtant le corps que nous avons vu ne portait pas de traces de fer, où que ce soit. Je vous conseille donc, Maître clerc, de déclarer que le cadavre repêché est celui d’un étranger, et de vous arranger pour qu’on l’enterre décemment.
    Colum vida le fond de sa coupe et remarqua d’un ton sec :
    — Si l’on retrouve la tête, faites-le-nous savoir.
    Comme il se levait, Luberon lui fit signe de se rasseoir.
    — Attendez ! Ce Brandon détenait peut-être un précieux pendentif et il a été capturé au nord-ouest de la ville, n’est-ce pas ?
    — C’est ce que l’on nous a assuré. Pourquoi ?
    — Réfléchissez, Maître Murtagh : le comte de Warwick savait qu’il allait mourir ; il savait aussi que le pendentif était sacré.
    Luberon se frotta le menton.
    — Si vous vous étiez trouvé à sa place, Maître Murtagh, ou vous, Maîtresse Swinbrooke, qu’auriez-vous fait de ce bijou, sachant qu’il ne vous restait que quelques minutes à vivre ?
    Kathryn sourit, se pencha pour embrasser Luberon sur le front. Le clerc rougit de confusion jusqu’aux oreilles.
    — Bien sûr, s’exclama la jeune femme, vous êtes fin et perspicace, Luberon ! Si j’avais été dans la position de Warwick, j’aurais remis le joyau à une église ou à un sanctuaire. Or le plus grand sanctuaire d’Angleterre est celui de saint Thomas de Cantorbéry !
    Colum frappa la table de sa main.
    — Brandon a peut-être été pris non pas quand il allait à Cantorbéry mais en en repartant ? Mais s’il leur avait remis le pendentif, les moines de Christchurch en auraient informé le roi, non ?
    — Pas forcément, répliqua Luberon. Nos moines sont malins. Ils peuvent avoir gardé le bijou avec l’intention de révéler qu’ils le détiennent dans quelques années seulement.
    Le clerc finit son vin et se leva.
    — Vous avez à faire à Cantorbéry ? demanda-t-il.
    — Nous cherchons un pardonneur.
    — Un individu avec les cheveux teints en jaune, tout habillé de noir, et qui se fait appeler le Vertueux ?
    Kathryn hocha la tête.
    — Il est au Bullstake, près de Buttermarket.
    Luberon regarda la bougie des heures sur son support de fer.
    — Écoutez, allez voir votre pardonneur, et on se retrouve dans une heure devant la tombe du Prince Noir, dans la cathédrale. Entre-temps, je me serai renseigné. Si nos bons moines détiennent le pendentif, ils me le diront.
    Luberon partit avec un air affairé. Colum et Kathryn quittèrent à leur tour la taverne pour descendre Best Lane et rejoindre la Grand-Rue. Les rues étaient encombrées de pèlerins, marchands, colporteurs et camelots, qui jouaient des coudes pour avancer plus vite. Dans Burgate, il y avait un grand attroupement devant l’Auberge du Soleil, et les badauds regardaient un bateleur vêtu de vert criard, de rouge et de mauve. L’homme, monté sur un cheval d’allure paisible, promettait une pièce d’argent à quiconque réussirait à chevaucher l’animal sans tomber. Si le cheval au contraire se débarrassait de son cavalier, ce dernier devrait lui donner un sou de six pence, à lui, Saladin, ancien gardien des écuries impériales de Cologne. La foule riait et huait le saltimbanque, et déjà des mains se dressaient pour relever le défi. Kathryn regarda le paisible animal : il avait des hanches larges, un museau tout humide de salive et de bons yeux bruns.
    — Il a l’air tranquille, murmura-t-elle.
    Colum secoua la tête avec un sourire.
    — Je connais ce farceur, Kathryn. Regardez ce qui va se passer.
    Saladin venait de sauter à terre, et les clochettes d’argent cousues à sa tunique tintaient joyeusement.
    Un jeune marchand arborant un air très assuré enfourcha le cheval et le fit doucement avancer. Dans la foule les rires redoublèrent. L’animal avançait comme une rosse fatiguée, et bientôt le marchand, lâchant les rênes, chevaucha les mains tendues devant lui. Le bateleur cria alors :
    — Flectamus genua ! On plie le genou !
    Aussitôt le cheval s’agenouilla sur ses quatre jambes, et le marchand tomba par terre, tandis que la foule cessait brusquement de rire.
    — Levate et vade ! Lève-toi et viens ! cria le bateleur.
    Le cheval se releva, fît demi-tour et rejoignit son maître, qui le récompensa avec une pomme sucrée.
    Le jeune marchand avait son bel habit couvert de boue et de poussière quand il se remit sur ses pieds, écumant de fureur. Mais

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