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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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rejoindre dans le pré, devant le donjon. Et là, il m’a fait jouer à un jeu étrange : je devais prétendre être Sparrow tandis que lui était la pauvre sentinelle qu’a tuée l’assassin.
    — Pourquoi vous avoir demandé une mascarade pareille ?
    — Je l’ignore. Il m’a dit de me placer au centre du pré et…
    — Ah oui, le coupa Gabele, je me demandais ce que vous faisiez là.
    — Je faisais ce que me demandait Sir William. Lui feignait d’être le gardien, et nous avons tenté de reconstituer les circonstances de l’évasion de Sparrow. Je suis allé dans un coin, Sir William m’y a suivi, puis, tout à coup, il a secoué la tête et s’en est allé. C’est tout.
    — Hier soir, je l’ai trouvé très silencieux, dit alors Margotta. À table, il n’a presque rien mangé et il s’est retiré tôt. Il a marmonné quelque chose à votre sujet, Colum, disant qu’il devait vous voir.
    — L’un d’entre vous a-t-il encore quelque chose à dire ? demanda doucement Kathryn.
    Tous secouèrent la tête, et Colum déclara qu’il en avait terminé. Gabele lui proposa un rafraîchissement, mais il déclina l’offre et refusa aussi qu’on le raccompagne avec Kathryn pour sortir du château. Ils trouveraient leur chemin seuls, assura-t-il. Il attendit cependant que tout le monde ait quitté la salle.
    — Êtes-vous sûre que quelqu’un a frappé Webster derrière la tête ? demanda-t-il à Kathryn dès qu’ils furent seuls.
    — Oui, et savez-vous, Colum, je pense que le hurlement qu’ont entendu les sentinelles n’était pas un cri de Webster. Beaucoup de choses me conduisent à penser que le pauvre gouverneur était inconscient lorsqu’on l’a envoyé tourbillonner dans l’éternité. Il a été assassiné parce qu’il savait quelque chose en rapport avec l’évasion de Sparrow.
    Ils n’en dirent pas plus et quittèrent la salle. Ils s’arrêtèrent quelques instants dans le petit pré, puis gagnèrent l’ombre du mur d’enceinte où s’étaient sinistrement colletés Sparrow et l’infortuné gardien.
    Là, Colum secoua la tête.
    — Dieu seul sait ce que Webster espérait découvrir. Peut-être avec le temps le découvrirons-nous à notre tour.
    Ils retrouvèrent leurs montures et regagnèrent la ville. Colum accepta d’accompagner Kathryn pour sa visite à l’hospice des Prêtres Indigents, aussi tournèrent-ils dans Bullock Lane, puis dans Steward Street. Avec le beau temps, beaucoup de gens étaient sortis, et les pèlerins quittaient leurs hostelleries pour aller s’incliner devant le tombeau de Becket, dans la grande cathédrale. Une foule si dense et si bruyante avait envahi les rues que les deux cavaliers durent sauter de leurs montures. Ils remontaient Crocchere’s Lane quand Kathryn entendit quelqu’un crier son nom. Elle étouffa un gémissement en reconnaissant Joscelyn, son parent, et son acariâtre épouse, qui se frayaient un chemin dans la foule pour la rejoindre.
    — Bonjour, Kathryn, et bonjour à vous aussi, Maître Murtagh, dit Joscelyn, en même temps qu’un sourire fourbe se dessinait sur son visage allongé.
    « Quel cagot pompeux ! » songea Kathryn. Elle regarda attentivement le visage compassé de son cousin et s’efforça d’ignorer l’air méprisant de sa femme.
    Joscelyn était le cousin de son père, vendeur d’épices de son métier. Malgré son apparente bonhomie, il n’aimait pas Kathryn. Pendant qu’ils échangeaient quelques politesses, la femme de Joscelyn ne quittait pas des yeux Colum, l’air odieusement dédaigneux. Finalement, l’Irlandais l’effraya en la toisant avec son expression la plus redoutable.
    — J’ai à faire, dit Kathryn en reprenant les rênes de son cheval. Il faut que je passe à l’hospice.
    — Bien sûr, bien sûr, ma chère cousine, et où en est votre demande de licence ?
    — Elle doit passer devant la guilde, mais je me constitue déjà des stocks. Richard de Swinforfield, un marchand de Londres, m’a promis de m’envoyer des clous de girofle, de la muscade, du safran, du sucre, de la cannelle, du gingembre, ainsi que de la coriandre, de l’anis étoilé et du sarrasin, et j’ai aussi demandé que l’on me fasse parvenir de l’étranger des gousses de cassier, du jonc odorant et de l’aloès.
    — Vous allez vendre tout ça dans votre herboristerie ? s’exclama Joscelyn, dont la fausse bonhomie avait disparu, remplacée par une angoisse authentique.
    — Bien sûr,

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