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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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rétorqua Kathryn, à présent que la guerre est finie, la demande est forte. Les gens achètent surtout de la rue, pour garder les jonchées propres et fraîches.
    Kathryn s’amusait, maintenant. Elle haussa les épaules.
    — Comme vous le savez, Joscelyn, les herbes et les épices me sont aussi indispensables pour la confection de mes remèdes. Vous avez lu Théophraste, n’est-ce pas ?
    Joscelyn secoua la tête d’un air morne.
    — D’après lui, reprit Kathryn, les épices sont d’un grand secours en médecine. Comme le dit plus clairement Hippocrate : « Que nos aliments soient nos médicaments, et que nos médicaments soient nos aliments. »
    — Oui, oui, je comprends bien…
    Joscelyn recula.
    — Dans ce cas, cousine, je souhaite que votre demande soit retenue.
    Puis prenant sa femme maussade par le bras, il disparut dans la foule. Kathryn laissa libre cours à son hilarité.
    — Il ne vous aime pas, fit observer Colum, et vous ne l’aimez pas non plus. Pourquoi êtes-vous si joyeuse ?
    Kathryn, qui pleurait de rire, s’essuya les yeux.
    — Oh, Colum, si vous saviez ! s’exclama-t-elle. Cousin Joscelyn aurait voulu que j’épouse quelque marchand ennuyeux afin que je reste à ma place. Au lieu de quoi j’exerce le métier de médecin, et j’ai maintenant l’intention de vendre des épices, si bien que je lui ferai de la concurrence. Il n’en est pas très content. Ce que le vieux Chaucer a dit du docteur vaut pour cousin Joscelyn.
    Elle sourit malicieusement.
    — Et pour moi aussi, peut-être. « Car si l’or en médecine est un cordial, alors il aimait l’or d’une façon spéciale. »
    — Je ne le pense pas, murmura Colum.
    — Qu’est-ce que vous ne pensez pas ? Et parlez clairement au lieu de marmonner !
    — Je ne crois pas que vous aimiez l’argent.
    L’Irlandais enleva avec précaution un fil qui pendait de la robe de Kathryn.
    — Si c’était le cas, quel espoir resterait-il aux autres ? Comme dit le poète : « Si l’or rouille, que fera le fer ? »
    Ils poursuivirent leur chemin en bavardant et plaisantant, et remontèrent Steward Street. Kathryn s’arrêta à l’hospice des Prêtres Indigents, en face de Hawks Lane. Pendant que Colum tenait les chevaux, elle entra pour voir le prieur, le vieux père Cuthbert.
    Celui-ci étant absent, elle ressortit, et, avec Colum, reprit sa route dans les rues animées. Ils prirent Hethenman Lane et s’engagèrent dans la Grand-Rue.
    — Où vous rendez-vous, maintenant ? demanda Colum.
    — Si vous étiez un pardonneur, où iriez-vous ?
    Colum sourit en hochant la tête.
    Ils dépassèrent le Guildhall et se frayaient un chemin au milieu de la foule agglutinée devant l’Échiquier de l’Espoir, la plus grande taverne de Cantorbéry et point de rencontre des pèlerins, quand Luberon, le visage rouge et transpirant, les rattrapa.
    Au début, ni Colum ni Kathryn ne comprirent ce qu’il disait : les mots s’échappaient de sa bouche, saccadés, à peine articulés, et il essayait de reprendre son souffle en même temps qu’il parlait. Colum lui intima de se calmer.
    — Mais oui, mais oui, haleta le clerc.
    Il prit une profonde inspiration puis baissa la voix.
    — Il faut que vous veniez ! On a repêché un corps de la rivière.
    Kathryn étouffa un gémissement en fermant les yeux.
    — Oui, insista Luberon. Vous êtes commissaire du roi, Maître Murtagh, et coroner dans les affaires de ce genre. Quant à vous, Maîtresse Swinbrooke, vous êtes médecin.

 
    CHAPITRE VII
    Luberon ramena Kathryn et Colum dans la Grand-Rue. En remontant celle-ci, le clerc leur expliqua la situation : le cadavre que l’on avait repêché était décapité, et on l’avait transporté à la morgue de la paroisse de Tous-les-Saints, une bâtisse basse et délabrée à l’extrémité d’un cimetière envahi de mauvaises herbes. Lorsqu’ils y arrivèrent, Luberon s’immobilisa, la main sur la poignée de la porte, pour expliquer :
    — J’ai pensé que vous voudriez voir le corps, et d’ailleurs quelqu’un doit faire le constat, c’est le règlement de la ville. D’autre part, et je trouve cela singulier, personne n’a été porté disparu, or le cadavre est celui d’un homme fort, robuste et bien nourri.
    Le clerc sourit à Colum.
    — Enfin, je me demande si cette affaire a un lien avec les désordres actuels qui font suite à la guerre.
    Tout en parlant, il conduisit ses compagnons à

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