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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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l’intérieur du bâtiment. Il y faisait très sombre, et cela sentait fort le poisson et l’eau croupie. Luberon alluma une torche qu’il approcha d’un cercueil de fortune dont il souleva le couvercle.
    Kathryn se garda de regarder l’endroit où la tête avait été sectionnée. Elle s’efforçait de réprimer une étrange impression macabre qui lui donnait des frissons, et un vague vertige l’obligea à s’accrocher à la table sur laquelle était posé le cercueil.
    — Le cadavre a séjourné dans l’eau pas mal de temps, fit observer Colum.
    Kathryn observa attentivement la chair détrempée, gonflée et bleuâtre. Le corps portait aussi des marques de morsures, là où un poisson l’avait grignoté ; à l’endroit où la tête avait été tranchée, le sang était durci et séché.
    — Où l’a-t-on trouvé ? demanda Kathryn.
    — Il flottait sous l’une des arches du vieux mur de la ville, à l’endroit où il enjambe la rivière. Deux gamins qui jouaient là l’ont vu, accroché dans une touffe de joncs. Les gardes ont été alertés et le corps a été amené ici. Quand des étrangers meurent à Cantorbéry et que personne ne réclame leur dépouille, on les enterre toujours à la paroisse de Tous-les-Saints.
    Colum saisit la torche pour l’abaisser sur le corps, et des gouttes de poix en fusion tombèrent sur la chair détrempée avec un bruit de grésillement.
    — Qu’en pensez-vous, Kathryn ?
    Celle-ci, qui avait réussi à surmonter sa nausée, se sentait un peu mieux.
    — Il s’agit d’un homme jeune, déclara-t-elle, jeune, fort et bien bâti.
    — Pensez-vous que cette affaire ait un rapport avec les événements du château ?
    — Vous voulez dire Sparrow ?
    — Oui. Ce cadavre pourrait être le sien : après tout, il était étranger à Cantorbéry, et sa mort pouvait passer inaperçue.
    — Si c’était le cas, rétorqua Kathryn, pourquoi l’aurait-on décapité ? C’est un meurtre, à n’en pas douter !
    Elle indiqua du doigt le cou du cadavre.
    — La plaie n’est pas récente. La tête de cet homme a été tranchée avec une hache ou par un coup d’épée.
    Il ne l’a pas perdue dans la rivière.
    Kathryn eut un mince sourire à l’adresse de Luberon.
    — Maître clerc, je crois que nous en avons vu suffisamment.
    Luberon abaissa le couvercle, et Kathryn ne se fit pas prier pour sortir de la morgue et respirer à l’air libre.
    Luberon les rejoignit et demanda :
    — Qu’est-il arrivé au château ? J’ai entendu dire que Webster était tombé du belvédère ?
    Kathryn interrogea du regard Colum, qui inclina la tête.
    — Notre ami Luberon est clerc de la municipalité, commenta Colum en tapotant l’épaule du petit homme rondouillard. Et si nous ne le mettons pas au courant de ce que nous savons, il va mourir de curiosité.
    Ils quittèrent la paroisse de Tous-les-Saints pour gagner une taverne dans Best Lane. Là, Kathryn fit jurer à Luberon de tenir sa langue et lui narra les événements du château.
    — Si j’ai bien compris, souffla Luberon, les faits sont les suivants : nous avons un prisonnier qui meurt de façon inattendue, un autre qui s’échappe d’une manière tout aussi surprenante, et enfin le gouverneur que l’on assomme d’un coup derrière la tête avant de le jeter en bas du belvédère du donjon.
    Le clerc avala une gorgée de vin.
    — Hélas, Maîtresse Kathryn, vous n’avez guère d’indices pour mener votre enquête. Brandon est décédé, quant à la mort de Webster, elle constitue un mystère complet. Je connais le belvédère du château de Cantorbéry, et je savais que le gouverneur aimait y monter seul, le matin. Enfin, il y a ce cadavre décapité : pourquoi serait-il celui de Sparrow ? Il passait pour un homme violent, il ne se serait pas fait reprendre si vite après s’être évadé… Et pourquoi l’aurait-on décapité ?
    Kathryn passa un doigt sur le pourtour de sa coupe, le regard fixé sur une tablée de camelots qui jouaient aux dés avec acharnement.
    — Rien ne dit que ce noyé soit Sparrow, dit-elle. Le cadavre, tel que je l’ai vu, est celui d’un homme bien nourri, pas celui d’un prisonnier réduit à la portion congrue depuis quelque temps au château de Cantorbéry. Cependant, Maître Luberon, vous pouvez peut-être nous aider : les prisonniers ont bien les poignets et les chevilles entravés ?
    — Certes, Maîtresse, et une chaîne très ajustée relie les fers

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