Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
la foule, d’humeur changeante, soutenait maintenant le bateleur, et hua le jeune homme jusqu’à ce qu’il consente de mauvaise grâce à payer son dû.
    Colum prit Kathryn par le coude et ils s’éloignèrent.
    — J’ai vu ce farceur jouer son tour dans plus d’une ville, déclara l’Irlandais, mais même quand ils le connaissent, les gens croient toujours qu’ils ne se feront pas duper.
    Kathryn jeta un regard par-dessus son épaule car la foule hurlait de nouveau, tandis qu’un nouvel infortuné relevait le défi du bateleur. Mais Colum l’entraînait, et, se frayant un chemin à travers la cohue, ils arrivèrent bientôt à Buttermarket où la jeune femme repéra tout de suite le Vertueux.
    Il se tenait sur la marche la plus haute de la croix surplombant le marché, et, d’une voix grêle, invitait les gens à l’écouter.
    — Mes amis, frères dans le Christ, criait-il, posant sur la foule son regard alerte, j’ai couru les terres et les mers, et j’ai souffert bien des tourments en oeuvrant pour le Christ, afin de vous rapporter ceci !
    Il tendit un rouleau de parchemin portant un sceau de cire violette.
    — Regardez, reprit-il, ce sceau est celui de notre Saint-Père de Rome, en personne. Et cette bulle, cette lettre du pape, vous absoudra de tous vos péchés, ou, si vous venez seulement de vous confesser, elle vous épargnera des milliers d’années de Purgatoire ! Et j’ai aussi…
    L’homme montra ses fontes de selle renflées.
    — J’ai de saintes reliques authentifiées par l’archevêque de Bordeaux, l’évêque de Clermont et le cardinal Hubert de Sainte-Priscilla-Hors-les-Murs : un morceau de bois de la barque de saint Pierre, un maillet qui servit au très saint Joseph, un fragment du voile de Marie, et un bout de la canne qu’utilisa Aaron pour confondre les magiciens de Pharaon.
    À l’écart derrière la foule, Kathryn et Colum avaient du mal à imaginer que les badauds soient assez crédules pour prêter foi aux boniments du pardonneur. Or plusieurs personnes tendaient déjà leur bourse, prêtes à acheter une fausse relique.
    — Par le Ciel, souffla Kathryn, cet homme est un gredin et un charlatan.
    — « Ce pardonneur avait les cheveux jaunes comme de la cire, déclama Colum, et ils tombaient aussi moelleux qu’écheveau de lin… »
    Et il poursuivit :
    — « Sa valise était devant lui dans son giron, bondée d’indulgences venues de Rome toutes chaudes. » Comme c’est étrange, murmura-t-il.
    — Quoi donc ?
    — Toutes ces similitudes entre ce charlatan et le Pardonneur de Chaucer.
    Le Vertueux acheva enfin sa grotesque harangue. La foule se dispersa, et il ramassa ses fontes de selle pour se diriger vers Kathryn et Colum. Kathryn savait qu’il les avait repérés pendant son discours. De près, il était plus horrible encore qu’il ne lui avait paru au château, avec ses cheveux teints en jaune cru et son visage si blafard que Kathryn le soupçonna de l’avoir poudré.
    — Accordez-nous un moment, Maître, mais oubliez vos reliques.
    Le Vertueux sourit.
    — Je me demandais quand vous viendriez. Je connais les nouvelles. Webster est mort, son âme s’est envolée, et non, Maître Murtagh, je ne sais ni pourquoi ni comment.
    — Voilà qui est dit sans détour, répliqua Colum. Comptez-vous demeurer longtemps à Cantorbéry ?
    — Sait-on combien est longue la ficelle d’une pelote ? répliqua l’homme qui, soulevant ses sacs, fit mine de s’éloigner.
    — Maître pardonneur, vos allées et venues dans cette ville vous regardent. Mais si vous quittez Cantorbéry sans mon autorisation, je vous déclarerai hors-la-loi.
    Le pardonneur se contenta d’esquisser un geste de bénédiction et s’éloigna, ignorant la mise en garde de Colum.
    — Hâtons-nous de nous rendre à la cathédrale, dit Kathryn, Luberon va nous attendre.
    Colum regardait le charlatan qui s’éloignait.
    — Deux choses sont singulières, murmura-t-il.
    D’abord, pourquoi notre pardonneur ressemble-t-il tant à celui de Chaucer ? Et ensuite, que Dieu me soit témoin, pourquoi s’est-il installé au château de Cantorbéry ?
    — Ne serait-il pas un des Chiens d’Ulster ? demanda Kathryn. Car si l’assassin frappe, Colum, il le fera soit en cachette, soit sous l’apparence de quelqu’un qu’il n’est pas.
    — Non, non. Occupons-nous de Luberon, à présent.
    Ils passèrent devant l’Auberge du Soleil, puis franchirent la porte de

Weitere Kostenlose Bücher