L'oeil de Dieu
l’assassin de Brandon de révéler la vérité sur la mort du prisonnier, et qu’il s’était fait tuer à son tour.
La jeune femme secoua la tête.
— Quant à moi, je jouais avec la cordelière de ma robe quand j’ai soudain compris qu’une corde ou une chaîne entravait singulièrement les mouvements.
— Donc, intervint Colum, les menottes de Sparrow étaient ouvertes avant qu’il tue le gardien ? Il avait un complice, qui lui a permis de s’échapper et qui l’a ensuite tué pour qu’il ne parle pas.
— Exactement, et j’ai appliqué la même logique à tous les autres meurtres, sans accepter ce que l’on nous avait dit.
Kathryn indiqua la porte et demanda à Wuf :
— À présent, Wuf, si je te disais que cette porte est verrouillée de l’extérieur, et que tu veuilles sortir, que ferais-tu ?
— Je passerais par la fenêtre, rétorqua le gamin aussitôt.
Kathryn se mit à rire.
— Non, non, disons que la pièce n’aurait pas de fenêtre.
— Eh bien, j’irais chercher un marteau ou une bûche pour forcer la porte, répondit Wuf, ravi d’être le centre d’intérêt.
— Et si tu étais très pressé, insista Kathryn, si par exemple il y avait le feu, une fois dans le jardin, tu ne t’attarderais pas à vérifier que la porte était bien fermée de l’extérieur et pas l’inverse, n’est-ce pas ?
Colum claqua les mains sur ses cuisses.
— La trappe du belvédère !
— Oui, expliqua Kathryn. J’ai commencé à avoir des doutes quand je me suis demandé comment Webster avait pu crier s’il était inconscient.
— On l’a pourtant vu en haut de la tour, fit valoir Colum.
— L’a-t-on vraiment vu ? demanda Kathryn. Il y a quelques jours, en rentrant à la maison, j’ai cru voir Agnes dans le jardin parce que j’avais vu sa cape brune, alors que c’était Wuf qui l’avait empruntée. Non, non ! s’exclama-t-elle, étendant les mains pour intimer à Agnes de ne pas s’emporter, nous n’allons pas nous quereller maintenant pour une bêtise pareille.
S’adressant de nouveau à Colum, elle reprit son raisonnement :
— Comprenez-vous, ces meurtres étaient très simples. On nous a montré des images déformées de la réalité. Brandon est mort, mais en réalité il a été empoisonné. Sparrow s’est-il échappé ? Non, on lui a permis de le faire. On a vu Webster en haut de la tour, et la trappe était fermée du côté du belvédère. Mais était-ce bien Webster ? Et la trappe était-elle bien verrouillée ?
— Dans ce cas, qui est l’assassin ? demanda Colum.
Kathryn se frotta les yeux.
— Là encore, on a voulu nous présenter une image déformée de la réalité. Brandon, Moresby et quatre amis ont fui Barnet avec l’OEil de Dieu. À présent que nous sommes allés à Sellingham, nous avons vu les corps de tous ces hommes sauf un.
— Celui de Moresby, dit Colum.
— En effet, nous n’avons pas vu le corps de Moresby. Sommes-nous sûrs qu’il soit mort ? Quelqu’un s’est-il fait passer pour lui ? Ou, pour dire les choses autrement, qui, au château, pourrait se faire passer pour ce qu’il n’est pas ?
— Le pardonneur !
— Et qui dans ce même château peut aller et venir où bon lui semble ?
— Le pardonneur, répéta Colum, et, cette fois, Wuf, Thomasina et Agnes firent choeur avec lui.
— Dans ce cas, Irlandais, il faut nous rendre au château avant que quiconque n’en parte.
— Je peux venir ? s’écria Wuf.
Kathryn l’embrassa sur le sommet du crâne.
— Non. Tu m’as déjà été d’une aide précieuse avec Agnes.
Imitée par Colum, Kathryn s’en fut prendre sa cape puis ils sortirent chercher leurs chevaux.
— Vous savez qui est le meurtrier ? demanda Colum.
— Un détail me tracasse encore, répondit-elle.
Deux cavaliers se sont rendus au village abandonné, séparément, n’est-ce pas ?
Colum hocha la tête en tamponnant une coupure due à un rasage trop rapide.
— Je connais les chevaux, dit-il. Je ne peux pas me tromper.
— Dans ce cas, reprit Kathryn, nous devrons reconsidérer qui avait accès à Brandon, Sparrow et à la trappe du belvédère.
Après avoir enfourché leurs montures, Kathryn et Colum prirent le chemin du château. À Winchepe, juste avant le portail, Kathryn s’arrêta.
— Pendant que j’occupe les autres, allez examiner le verrou de la trappe, dit-elle.
Et après avoir cité quelques vers appropriés tirés de « La
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