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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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toutes les statues de Barbare du Nord jamais sculptées – même si la plupart d’entre elles représentaient ledit Barbare ou bien enchaîné, ou bien mourant. Mais il lui restait une tâche à accomplir avant de pouvoir se raser et prendre un bain. « Cela doit être le temple de Zeus qu’on voit là-haut. »
    Les prêtres de Zeus attendaient sur les marches du temple. Ils avaient vu entrer dans le port la trirème endommagée et n’auraient guère pu se montrer plus accueillants. Ballista produisit quelques pièces et les prêtres, l’encens et le mouton sacrificiel. Il fallait remercier les dieux d’avoir exaucé la prière que Ballista leur avait faite publiquement au plus fort de la tempête et d’avoir permis que tous regagnassent la terre sains et saufs. L’un des prêtres inspecta le foie du mouton et le déclara de bon augure. Les dieux se repaîtraient de la fumée dégagée par les os et la graisse et les prêtres dégusteraient par la suite de plus substantielles grillades. Que Ballista renonçât généreusement à sa part était vu d’un bon œil, à la fois par les dieux et par les hommes.
    Au sortir du temple, il advint l’un de ces petits désagréments inhérents au voyage : ils se retrouvèrent seuls tous les trois et aucun d’entre eux ne savait où exactement se trouvait le relais de poste.
    — Je n’ai pas envie de passer la matinée à arpenter ces collines, dit Ballista. Maximus, pourrais-tu retourner au Concordia et t’enquérir du chemin à prendre ?
    Une fois que le garde du corps se fut éloigné, Ballista se tourna vers Demetrius.
    — J’ai pensé qu’il valait mieux attendre que nous soyons seuls. Qu’est-ce que c’est que ces histoires que tu nous chantais pendant la tempête, ces mythes et ces îles pleines de violeurs ?
    — Je… je ne m’en souviens pas, Kyrios.
    Ses yeux noirs évitaient le regard de son maître. Ballista restait silencieux quand soudain, le garçon se mit à parler précipitamment, un torrent de mots sortant de ses lèvres.
    — J’avais peur, je disais n’importe quoi, juste parce que j’étais effrayé – le bruit, les vagues. Je pensais que nous allions mourir.
    Ballista le regardait fixement.
    — Le capitaine était en train de parler des îles de Diomède lorsque tu as commencé. Qu’est-ce qu’il disait ?
    — Je ne sais pas, Kyrios.
    —  Demetrius, autant que je sache, tu es mon esclave, ma propriété. N’est-ce pas l’un des anciens écrivains que tu aimes tant qui disait qu’un esclave était « un outil doué de parole » ? Dis-moi ce dont vous parliez, le capitaine et toi.
    — Il allait vous conter le mythe de l’île de Diomède. Je voulais l’en empêcher, alors je l’ai interrompu et j’ai raconté l’histoire de l’île aux Satyres. Pausanias en parle dans sa Description de la Grèce. Je voulais dire que, aussi fascinantes qu’elles soient – même des hommes éduqués comme Pausanias s’y sont laissé prendre – il n’y a probablement pas une once de vérité dans toutes ces histoires.
    Embarrassé, le garçon se tut.
    — Et donc, quel est ce mythe sur les îles de Diomède ?
    Les joues de Demetrius s’embrasèrent.
    — Des bêtises, rien de plus…
    — Raconte-moi, ordonna Ballista.
    — On dit qu’après la guerre de Troie, le héros grec Diomède ne rentra pas chez lui, mais s’installa sur deux îles lointaines de l’Adriatique. Un sanctuaire lui y est dédié. Tout autour de ce sanctuaire se tiennent de grands oiseaux au gros bec acéré. La légende veut que lorsqu’un Grec accoste sur ces îles, les oiseaux demeurent calmes, mais si un Barbare se risque à y poser le pied, les oiseaux s’envolent et piquent sur lui pour le tuer. On raconte que ce sont les compagnons de Diomède qui furent métamorphosés en oiseaux.
    — Et tu voulais me ménager ? Ne pas heurter ma sensibilité ? ( Ballista renversa la tête en arrière et éclata de rire.) À l’évidence, on ne t’a pas mis au courant. Sache que nous autres, les Barbares de ma tribu, ne sommes pas vraiment sensibles – ou alors, c’est qu’on est saouls comme des grives !

II
    Depuis qu’ils avaient quitté Kassiopi, les dieux s’étaient montrés cléments. La violence imprévisible de Notus, le vent du sud, avait laissé place à Borée, le vent du nord, d’humeur paisible et bienveillante. Laissant derrière lui, sur la gauche, les montagnes escarpées d’Épire, l’Acarnanie et le Péloponnèse,

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