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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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frumentarii échangèrent un regard de connivence, se réjouissant de leur perspicacité : ils avaient choisi la bonne taverne.
    Les deux frères propriétaires de la taverne regardaient leurs derniers clients avec une certaine appréhension. Le vieil esclave vilain comme tout, à la tête difforme, répondant au nom de Calgacus ne devrait pas causer de problème, mais on ne savait jamais. Mamurra, le prœfectus , comme tous les soldats, pourrait bien en poser. Il portait une tenue militaire – une tunique blanche brodée de svastikas, un pantalon sombre et des bottes – et, autour de sa taille, un cingulum, un ceinturon militaire élaboré, auquel était fixé un baudrier tout aussi orné qui passait par-dessus son épaule droite. Le cingulum comportait un feston extravagant rentré dessous pour former un arc de cercle à droite de la boucle du ceinturon. Il pendait et se terminait par les habituels ornements métalliques tintinnabulants. Les deux ceintures signalaient la durée de ses états de service et son statut. Elles étaient recouvertes de décorations pour bravoure, d’amulettes et de souvenirs de diverses unités et campagnes. Sur sa hanche gauche reposait une spatha, une longue épée, et sur la droite un pugio, une dague militaire. Au bon vieux temps, il se serait contenté de la dague, mais l’époque troublée changeait les habitudes. Ses cheveux coupés très courts, tout comme sa barbe, grisonnaient sur sa grosse tête carrée, comme un bloc de marbre. Une bouche en forme de ratière et des yeux graves ne cillant pour ainsi dire jamais suggéraient comme le reste qu’il était loin d’être étranger à la violence.
    Le troisième homme, qui répondait au nom de Maximus, semblait bien pire. Il revêtait une tenue similaire à celle de l’officier, mais ce n’était pas un soldat. Il portait un gladius – une courte épée espagnole – à l’ancienne mode, une dague ouvragée et un grand nombre d’ornements dorés bon marché. Ses cheveux noirs étaient plus longs que ceux de l’autre homme et il avait une barbe courte, mais fournie. La cicatrice à l’endroit où le bout de son nez avait été tailladé formait une tache blanche bien visible sur le hâle foncé de son visage, évoquant une tête d’oiseau. Les taverniers pensèrent qu’elle ressemblait au cul d’un chat, mais se gardèrent bien de le lui dire. Toute son apparence trahissait le temps qu’il avait passé dans l’arène et son actuel emploi d’homme de main. Mais c’étaient ses yeux qui leur inspiraient le plus de crainte : bleu pâle, écarquillés et légèrement dans le vague ; le regard d’un homme pouvant en un tournemain recourir à l’extrême violence.
    — C’est ma tournée.
    Mamurra leva sa tête en forme de parpaing pour attirer l’attention d’un des propriétaires. Le tavernier hocha la tête et fit signe à une fille d’apporter des boissons aux trois hommes.
    — Par Jupiter, ce tavernier est vraiment laid à faire peur, dit Calgacus avec un accent du nord à couper au couteau.
    — Vous voyez, mon cher Prœfectus, dit Maximus à Mamurra, notre Calgacus est une sorte d’expert en beauté. Cela lui vient de sa jeunesse. Vous trouverez peut-être cela difficile à croire mais, lorsqu’il était jeune, sa beauté irradiait tel le soleil. Tous le désiraient : hommes ou garçons, même les femmes et les jeunes filles. Lorsqu’il fut réduit en esclavage, les rois, les princes et les satrapes lui faisaient des ponts d’or pour s’attirer ses faveurs. On raconte qu’à Athènes, il causa une émeute car, comme chacun sait, les Athéniens sont des pédérastes assidus.
    Ce n’était pas tant difficile à croire que totalement invraisemblable. Mamurra détailla le visage de Calgacus : sa barbe clairsemée laissant entrevoir un menton fuyant, sa fine bouche amère, son front plissé, ses cheveux dégarnis coupés court et, son trait le plus frappant, son énorme crâne oblong s’élevant au-dessus de ses oreilles. Mamurra avait mis quelque temps à comprendre que Maximus plaisantait. « Par les couilles de Neptune, cela ne va pas être une sinécure », pensa-t-il. Ce n’était pas un homme sensible à ce genre d’ironie frivole et malicieuse.
    Une fille à la petite poitrine et à la croupe osseuse se présenta avec le vin. Alors qu’elle posait le grand cratère dans lequel on mélangeait le vin et l’eau, Maximus lui caressa les jambes avant de passer sa main sous sa courte

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