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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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le bouclier, le faisant presque tomber de l’échelle. Le bruit était indescriptible. Un long poteau apparut au-dessus des murs et s’abaissa à l’aplomb de l’échelle voisine. À son extrémité pendait une grosse amphore. Lentement, le poteau tourna et l’amphore se renversa, déversant le mélange enflammé de résine, d’huile, de soufre et de goudron sur les hommes gravissant l’échelle. Ils hurlaient, leurs vêtements brûlaient en s’incrustant dans leurs chairs rôties, et l’un après l’autre, ils churent. Le liquide ardent éclaboussa ceux qui se trouvaient au pied de l’échelle, lesquels se mirent à battre les flammes de leurs mains et à se rouler par terre, mais rien n’y faisait : ils ne parvenaient pas à les éteindre.
    Lorsque Ballista leva les yeux, une autre amphore se balançait au-dessus de sa tête et le poteau auquel elle était accrochée commença à tourner. Sans hésiter, il sauta de l’échelle et atterrit lourdement. L’espace d’un instant, pensant s’être cassé ou foulé la cheville, il se vit brûler vif, puis l’instinct de survie l’emporta sur la douleur et, hurlant à ses hommes de le suivre, il battit en retraite.
    Depuis quelque temps déjà, Ballista pensait qu’un complot était inévitable. Aussi impressionné qu’il fût par la discipline romaine, il lui semblait évident qu’aucune troupe de combattants ne pourrait supporter ce siège plus longtemps. Et après le désastre de l’assaut, il ne fut pas surpris d’être approché.
    Alors qu’il attendait d’entrer en scène, il réalisa combien il avait peur. Il ne souhaitait pas jouer les héros, mais il n’avait pas le choix. S’il ne faisait rien, Maximin le Thrace le ferait exécuter ou les conspirateurs l’assassineraient.
    Ces derniers ne s’étaient pas trompés : il n’y avait que très peu de gardes autour de la tente impériale. Nombre d’entre eux s’étaient endormis, succombant à la torpeur de ce début d’après-midi, une heure à laquelle les assiégeants faisaient une pause et où l’Empereur et son fils se reposaient.
    Au signe de tête de l’un des conspirateurs, Ballista s’avança vers l’énorme tente violette devant laquelle flottait l’étendard. Il prit brusquement conscience de la beauté de cette journée du début juin en Italie ; une journée idéale : chaude et traversée par une brise légère. Une abeille bourdonnait autour de lui ; haut dans le ciel, les hirondelles décrivaient leurs arabesques.
    De sa lance abaissée, un garde prétorien lui interdit le passage.
    — Que fais-tu là, Barbare ?
    — Je dois parler à l’empereur, dit Ballista.
    Son latin n’était pas mauvais, mais il le parlait avec un accent prononcé.
    — Tout le monde veut parler à l’empereur ! Maintenant, tire-toi, mon gars.
    — J’ai su que l’on conspirait contre lui, dit Ballista à voix basse. Certains des officiers, les nobles, veulent l’assassiner.
    L’indécision se lit sur le visage du garde. Le danger qu’il y avait à ne pas informer un empereur soupçonneux et vindicatif d’un complot contre lui finit par l’emporter sur la peur de réveiller un homme de plus en plus irritable et violent, pour qui les événements ne prenaient pas la tournure voulue.
    — Attends ici.
    Le garde enjoignit un de ses collègues de surveiller le Barbare et disparut à l’intérieur de la tente. Il réapparut peu après et demanda à l’autre prétorien de désarmer et de fouiller le jeune homme. Une fois débarrassé de son glaive et de sa dague, on le fit entrer dans la tente. D’abord dans l’antichambre, puis dans le Saint des Saints.
    Au début, Ballista n’y voyait pas grand-chose. À l’intérieur, la pénombre à peine teintée d’une lueur violette et diffuse contrastait violemment avec la lumière vive du dehors. Ses yeux s’accoutumant à l’obscurité, il finit par distinguer sur l’autel portatif les braises rougeoyantes du feu sacré qui, c’était l’usage, accompagnaient toujours l’empereur régnant. Puis il put voir un grand lit de camp d’où émergeait l’énorme et pâle visage de l’empereur Caius Julius Verus Maximinus, connu sous le nom de Maximin le Thrace. Autour de son cou scintillait le célèbre torque d’or que l’empereur Septime Sévère lui avait donné pour récompenser son courage alors qu’il n’était que simple soldat.
    À l’autre bout de la tente, une voix impérieuse retentit :
    —  Proskynesis ,

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