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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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pressentiment. Il tenait toujours la coupe dans sa main. Il but le reste de vin.
    Il se décida à rentrer au palais. Il appela Maximus, lequel dévala l’escalier menant au toit plat.
    — Qu’est-ce que tu fichais là-haut ?
    — Je n’en sais trop rien. En tout cas, je n’étais pas en train de t’espionner. De toute façon, il n’y aurait pas eu grand-chose à voir, comme d’habitude. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais il y a quelque chose qui cloche.
    — Pour une fois, je vois ce tu veux dire. Va me chercher une cape. Dis à Calgacus que nous sortons. Nous allons inspecter les défenses.
    On avait obéi à la lettre aux ordres du Dux Ripæ. Tout le long des chemins de ronde et sur chaque tour, il y avait deux fois plus de sentinelles qu’à l’habitude. Les lanternes bleues destinées à donner l’alerte étaient accrochées dans chacune des tours. Des gardes à la mine butée arpentaient lentement la muraille ou se penchaient au parapet, mécontents qu’on leur impose la sobriété et envieux des célébrations de leurs collègues. Le bruit de réjouissances débridées leur parvenaient aux oreilles depuis l’intérieur de la ville : éclats de rire, cris confus, gloussements de filles, courses effrénées, coupes qu’on fracassait par terre – la cacophonie caractéristique des soldats romains réclamant à cor et à cri de l’alcool et des femmes.
    Les sentinelles saluèrent Ballista et Maximus, tandis qu’ils marchaient vers le sud, le long de la muraille du désert.
    — Nous ferons ce qui nous est ordonné et nous nous tenons prêts.
    Leurs voix étaient empreintes de résignation et de dépit, parfois même d’insubordination. Ballista leur serrait la main, louant leur disciplina , leur promettant trois jours de permission et une prime dont il évitait soigneusement de donner le montant. Mais rien n’y faisait : les soldats manquaient singulièrement d’enthousiasme.
    Au-delà de la grande plaine sombre s’étendant vers l’ouest, on apercevait les feux du camp perse. Des hommes étaient éveillés, là-bas. Les lumières clignotaient tandis qu’ils passaient devant les torches ou les feux. Pourtant, un calme étrange régnait. Un silence dérangeant s’était substitué aux habituelles lamentations funèbres, aux mélopées plaintives et aux gémissements aigus auxquels Ballista s’attendait. Cela ne faisait qu’ajouter à son mauvais pressentiment.
    La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Ballista et Maximus rentrèrent au palais. Ils prirent une coupe de vin chaud et Ballista se retira dans ses appartements. Il se dévêtit et s’allongea sur le grand lit vide. Il se laissa aller à quelques regrets et finit par s’endormir.
    Ce fut bien après minuit, peut-être vers la fin du troisième quart, qu’il entendit le bruit. Instinctivement, sa main se referma sur le pommeau de son épée, mais il savait que c’était inutile : il était sûr de ce qu’il verrait. Il se força à regarder. Le colosse se tenait sur le seuil de la porte, son large visage était livide sous la grande capuche de son caracallus rouge foncé miteux. Il s’avança et resta debout au pied du lit. L’épais torque d’or et l’aigle gravé sur la gemme enchâssée dans sa grosse chevalière scintillaient à la lumière de la lampe à huile.
    — Parle, dit Ballista.
    — Je te reverrai à Aquilée.
    Les grands yeux gris malfaisants luisaient de mépris.
    — Alors, à bientôt.
    L’homme partit d’un grand rire, un horrible grincement, puis il se retourna et sortit.
    L’odeur de la cire qui enduisait sa cape à capuche flottait dans la pièce. Ballista était en sueur. Il rabattit la couverture, se leva et ouvrit la fenêtre pour laisser entrer l’air frais de la nuit. Il resta debout, nu, à la fenêtre attendant que la sueur séchât sur sa peau. Au-dehors, les Pléiades étaient bas sur l’horizon.
    « Il en sera comme Père-de-Tout voudra. »
    Ballista se dirigea vers la cuvette, s’aspergea le visage d’eau fraîche, se sécha et se remit au lit. Après ce qui lui sembla être une éternité, il s’endormit profondément.
    — Réveille-toi, réveille-toi !
    Ballista avait du mal à émerger.
    — Allez, debout, sale flemmard !
    Il ouvrit les yeux. Calgacus était à son chevet et secouait son épaule.
    — Quoi ?
    Ballista se sentait comme drogué, hébété de sommeil. Les fines lèvres de Calgacus semblaient plus pincées encore que

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