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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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faudrait aller voir. D’Arété à Palmyre, de Palmyre à Émèse, c’est la porchion ouest de la route de la choie, dit le Nord-Africain.
    — Et alors, Hannibal ?
    Le Romain était toujours aussi brusque.
    — Le produit des taxes sur la route de la choie pourrait financher n’importe quelle révolte.
    — Je ne suis toujours pas convaincu qu’il y ait une route de la soie, dit l’Espagnol.
    — Ah, ne commence pas avec ça, Sertorius. Tu as vraiment des théories ridicules parfois. Il ne manquerait plus que tu prétendes que ce Barbare n’est pas en train de mijoter quelque chose. Nous savons tous qu’il prépare un mauvais coup, une trahison, sinon l’empereur ne nous aurait pas confié cette mission.
    Derrière le rideau, à l’abri des regards, un quatrième frumentarius regardait et écoutait. Ce qu’il entendait le remplissait d’aise. Ses trois collègues se montraient exemplaires – la parfaite démonstration des dangers qu’il y avait à faire travailler des frumentarii en équipe : la rivalité, l’atmosphère étouffante, semblable à celle régnant dans une serre, qui favorisaient le développement de théories du complot toujours plus absurdes. On pouvait croire, à leur décharge, que chacun jouait double jeu. Si l’un d’entre eux pensait à un complot assez plausible pour qu’il en fît part aux empereurs, il ne serait pas assez stupide pour partager avec les autres l’honneur de l’avoir découvert, encore moins l’avancement et les avantages matériels qui en découleraient. De toute façon, ils étaient parfaits pour une autre raison : le Dux Ripæ se doutait certainement qu’il y avait des frumentarii dans son entourage et s’il cherchait bien, il trouverait ces trois-là bien avant qu’il ne le trouve lui.

PRAEPARATIO (Hiver 255-256)

VI
    La distance à vol d’oiseau de Palmyre à Arété faisait l’objet de discussions. Turpio considérait qu’elle n’était que de cent vingt milles ; Iarhai pensait qu’elle avoisinait plutôt les cent cinquante milles. Cela n’avait que peu d’importance. Tous deux étaient d’accord pour dire qu’elle était bien plus longue par la route – et quelle route ! En comparaison, le trajet précédent d’Émèse à Palmyre ressemblait à une promenade à cheval dans un de ces jardins ornementaux et récréatifs que les Perses nommaient paradis. Les trois premiers jours furent supportables ; une route romaine en direction du nord-est et un village pour s’y arrêter chaque nuit. Le quatrième jour, ils bifurquèrent plein est et durent suivre une piste caravanière. Ils mirent trois jours à descendre des montagnes. Puis ils se retrouvèrent dans le désert.
    Malgré les années qu’il avait passées en Afrique du Nord, Ballista, à l’instar de beaucoup de gens du Nord, imaginait le désert comme une vaste étendue de dunes de sable doré, un peu comme les plages de son enfance, en plus grand, et sans la mer. Le désert en cet endroit ne ressemblait en rien à cela. Il y avait du sable, mais l’élément dominant était la pierre ; une multitude de pierres pointues, dures, semblant guetter les animaux pour les estropier. Et sous les pierres, des scorpions et des serpents épiant les hommes pour les blesser.
    La caravane se traînait de point d’eau en point d’eau. Elle ne parcourait probablement pas plus de dix milles par jour en moyenne. Chaque jour était en tout point semblable au précédent : en selle avant l’aube, puis la chaleur torride sous laquelle hommes et bêtes peinaient et suaient. À chaque mille ou presque, il fallait s’arrêter pour soigner une bête qui boitait ou récupérer la charge qu’elle avait perdue. Seuls le bruit des sabots des animaux, le craquement du cuir et les quelques jurons machinaux des hommes venaient rompre le silence.
    Cette répétition, apparemment sans fin, de journées identiques évoquait dans l’esprit de Demetrius le châtiment de Sisyphe, condamné à pousser chaque jour dans le Tartare, sur une pente abrupte, un énorme rocher qui toujours retombait avant d’atteindre le sommet. Ballista pensait à Skoll, le loup qui pourchasse la queue du soleil. Maximus avait très peur des serpents.
    Le sixième jour, une chaîne de hautes collines apparut au loin. Ils étaient presque arrivés : Arété était juste derrière. Ballista partit au petit galop devant la colonne. Maximus, Demetrius et un nouveau porte-étendard, un Palmyréen qui, lorsqu’il s’était

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