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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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Au printemps, il y souffle une légère brise et chaque petite dépression dans le désert se remplit de fleurs. L’un de vos généraux a dit que la région jouissait d’un climat sain – nonobstant la dysenterie, la malaria, la typhoïde, le choléra et la peste.
    Le jeune fille, Bathshiba, sourit.
    — Mon père vous taquine, Dominus. Il sait bien que ce qui vous importe est d’en apprendre plus sur l’époque des campagnes militaires.
    Son regard était d’un noir de jais, plein d’assurance et d’espièglerie.
    — Et ma fille ne sait pas tenir sa place. Depuis que sa mère est morte, je lui ai trop lâché la bride. Elle a oublié comment tisser et maintenant, elle monte à cheval comme une amazone.
    Ballista vit qu’elle ne se contentait pas de s’habiller en homme, elle était aussi armée comme les cavaliers de son père.
    — Vous voulez savoir quand viendront les Perses.
    C’était une affirmation. Les yeux de Ballista étaient encore fixés sur elle lorsqu’Iarhai reprit.
    — La saison des pluies commence à la mi-novembre. Peut-être aurons-nous la chance de rallier Arété avant qu’il ne se mette à pleuvoir. Les pluies transforment le désert en une mer de boue. Une petite troupe comme la nôtre peut passer, non sans difficultés. Mais il serait beaucoup plus difficile à une grande armée de se déplacer. Si l’armée en question était cantonnée devant une ville, il serait impossible de la ravitailler.
    — Pendant combien de temps encore Arété sera-t-elle en sûreté ?
    Ballista ne voyait pas l’intérêt de refuser d’admettre ce dont tout le monde était déjà persuadé.
    — Les pluies cessent en janvier habituellement. S’il pleut encore en février, cela veut dire que les récoltes seront bonnes.
    Iarhai se tourna sur sa selle.
    — Les Sassanides viendront en avril, lorsqu’il y aura de l’herbe pour leurs chevaux et plus de pluie pour pourrir la corde de leurs arcs.
    « Et ensuite, il nous faudra tenir jusqu’en novembre », pensa Ballista.
    Le caractère improbable de l’emplacement de Palmyre frappait l’imagination de Mamurra. C’était bien le dernier endroit où l’on s’attendait à trouver une ville ! Comme si quelqu’un avait décidé d’en construire une dans les lagons et marécages des Sept Mers [44] au bord de l’Adriatique.
    Il avait fallu six jours pour rallier Palmyre depuis Émèse ; six jours d’un trajet monotone et ardu. Il y avait bien une route romaine, en bon état qui plus est, mais le voyage avait été difficile. Deux jours d’ascension jusqu’à la crête de ce massif montagneux sans nom, quatre jours pour en redescendre. Au cours des cinq premiers jours, ils ne rencontrèrent qu’un hameau et une petite oasis. Cela mis à part, rien ; un amoncellement sans fin de rochers fauves renvoyant l’écho de leur passage. L’après-midi du sixième jour, Palmyre surgit brusquement devant leurs yeux.
    Ils se trouvaient dans la Vallée des tombes. Les immenses sépultures rectangulaires bordant les versants escarpés de la vallée écrasaient de leur démesure hommes, chevaux et chameaux. Mamurra trouvait cela troublant. Il y avait, certes, une nécropole à l’extérieur de chaque ville, mais rien de semblable à ces imposants monuments funéraires ressemblant à des forteresses.
    En tant que Prœfectus Fabrum, il avait dû s’occuper du train d’équipage, empêcher qu’il ne fût pris dans le flot, apparemment inépuisable, des véhicules et bêtes de somme se dirigeant vers la ville. La plus grande partie de cette circulation était locale, des ânes et des chameaux en provenance des villages du nord-ouest, charriant des outres d’huile d’olive, du suif et des pommes de pin, avec çà et là quelques négociants venus de plus loin à l’ouest, apportant de la laine italienne, des statues de bronze et du poisson salé. Un bon bout de temps s’était écoulé avant qu’il ne fût libre de contempler Palmyre.
    Des bâtiments s’alignaient sur une distance d’au moins deux milles en direction du nord-est, rangée après rangée de colonnades bien ordonnées. Des jardins s’étendaient sur une distance similaire vers le sud-est jusqu’au pied des murs. La ville était immense et à l’évidence très prospère.
    L’enceinte était constituée de bas murs de briques crues d’environ six pieds de large et ne comportait pas de tours. Les portes étaient réduites à leur plus simple expression : de simples

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