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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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riche comme Crésus. Ses défenses ne valent pas tripette et elle est tenue par une bande de tapettes qui ont autant de couilles que leurs eunuques ou leurs femmes. C’est donc sa situation dans ce coin perdu qui lui procure sa sécurité. Et d’après moi, c’est une bonne chose qu’ils aient trop peur de nous donner des troupes.
    Ballista marqua une pause avant de parler.
    — Je pense que c’est exactement la conclusion à laquelle je serais arrivé si je ne m’étais pas entretenu aussi longtemps avec Iarhai. Maintenant, je ne suis plus si sûr.
    Mamurra resta silencieux.
    — La Cohors XX a été formée ici à l’origine et la plupart de ses recrues viennent d’ici. Ils me paraissent assez coriaces. Et puis il y a les mercenaires d’Iarhai. Certains sont recrutés parmi les nomades du désert, mais la plupart d’entre eux sont originaires de Palmyre ou d’Arété. Par tradition, ces deux villes fournissent des mercenaires et pas seulement aux Romains.
    On amena les chevaux. Tandis qu’ils montaient en selle, Ballista reprit :
    — On s’attend toi et moi à ce que les guerriers ressemblent à des guerriers ; des légionnaires endurcis ou des Barbares du Nord chevelus. Mais les apparences sont peut-être trompeuses. Il n’est pas sûr que tous les Orientaux soient des lâches.
    — Vous avez raison, j’en suis sûr, dit Mamurra.
    Il n’en était pas sûr, mais il n’était pas prêt à écarter totalement cette hypothèse. Comme à son habitude, il y réfléchirait.
    Les pensées de Ballista l’avaient transporté très loin avant que les paroles de Mamurra le ramenassent à la réalité. Très loin et dans de multiples directions, mais pour en revenir toujours au refus du roi de Palmyre, et du roi d’Émèse avant lui, de lui fournir des troupes. Ce n’était pas que ces Syriens eussent peur de combattre ; ils avaient combattu trois ans auparavant. C’était plutôt qu’ils ne voulaient pas combattre. Pour quelles raisons ? La richesse de Palmyre et d’Émèse dépendait des échanges entre Rome et son voisin à l’est. Les deux villes étaient comme suspendues au point d’équilibre entre Rome et la Perse. Ne pas satisfaire la requête de Ballista équivalait à ne pas satisfaire celle des empereurs romains. Avaient-elles décidé de pencher vers la Perse ? Et puis il y avait l’assurance avec laquelle les deux rois avaient refusé d’accéder à sa demande, comme s’ils n’encourraient aucunes représailles de la part des empereurs romains, pas même un léger ressentiment. Les empereurs leur avaient-ils dit, à l’insu de tous, qu’ils pouvaient refuser de l’aider ? Tout le monde s’attendait-il à ce qu’il échouât ?
    Les trois frumentarii se retrouvaient dans le genre d’environnement qu’ils affectionnaient : une taverne dans une ruelle. Un endroit sombre et miteux où ils se sentaient en sécurité. Pour quiconque regardant à l’intérieur, ils ressemblaient à deux scribes et un messager prenant quelques coupes ; seulement quelques coupes, car leur dominus avait ordonné pour le lendemain un autre départ aux aurores. Demain, ils entameraient la dernière partie du long périple qui devait les mener à Arété.
    Le frumentarus natif de Subura posa trois pièces de monnaie sur la table.
    — Qu’en pensez-vous ?
    Sur les trois antoniniani [45] , trois profils d’hommes assez semblables coiffés d’une couronne à fleurons regardaient fixement à droite de l’observateur.
    — Je pense que la hausse des prix est lamentable. Mais, en partant du principe qu’une fille prend à peu près l’équivalent de la solde quotidienne d’un soldat, tu devrais pouvoir t’en payer une jolie avec ça.
    Les frumentarii éclatèrent de rire.
    — Mais non Sertorius, espèce de sinistre abruti. Je voulais que vous regardiez les portraits sur ces pièces et que vous pensiez aux endroits où nous avons été.
    Le Romain ramassa l’une des trois pièces.
    — Mariadès, un rebelle originaire d’Antioche.
    Puis, les deux pièces restantes.
    — Iotapianus et Uranius Antoninus, deux autres rebelles, venant d’Émèse ceux-là. Et où sommes-nous allés ? À Antioche puis à Émèse. Notre barbare de Dux nous emmène en excursion sur les sites des récentes révolutions. Il veut voir si les braises de la révolte couvent toujours sous les cendres.
    Ils burent en silence pendant un moment.
    — Alors c’est peut-être dans l’autre direction qu’il

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