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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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portails de bois. Vers l’ouest, sur les hauteurs, les murailles ne formaient pas un vrai rempart ; c’étaient plutôt des tronçons de murs espacés, destinés à renforcer les barrières naturelles. Le lit d’un oued traversait la ville et les jardins signalaient la présence d’eau mais l’aqueduc qui partait de la nécropole serait assez facile à couper. Lentement, avec sa pondération coutumière, Mamurra parvint à la conclusion que les défenses de la ville n’étaient pas bonnes. Il avait été jadis speculator, éclaireur de l’armée, et chacune des identités qu’il avait revêtues laissait son empreinte. Mamurra était d’autant plus fier de cette perspicacité qu’il ne pouvait en faire état.
    Il y avait une belle pagaille devant la porte, mais ils finirent par pénétrer dans la ville. Hommes et bêtes gagnèrent leurs quartiers et Mamurra s’en fut trouver Ballista. Le Dux attendait en compagnie de Maximus et Demetrius.
    — Il se nomme Odénath, expliquait le jeune Grec à Ballista. En latin ou en grec, on lui donne le titre de roi de Palmyre. Dans leur dialecte dérivé de l’araméen, c’est le seigneur de Tadmor. On raconte qu’il a levé une armée d’au moins trente mille cavaliers pour combattre les Perses, il y a trois ans, à l’époque des événements.
    Iarhai, accompagné de la jeune dévergondée qu’il avait pour fille, s’approchait à cheval. Mamurra et les autres montèrent en selle. Ballista demanda à Iarhai de les guider jusqu’au palais d’Odénath et ils se mirent en marche, progressant lentement à travers les rues à colonnades très fréquentées et jalonnées de boutiques qui étaient autant d’explosions de couleurs. L’odeur qui s’en échappait était puissante, mais pas du tout désagréable : des senteurs d’épices exotiques mêlés aux familières odeurs de cheval et d’humanité grouillante. Ils débouchèrent sur une belle place, passèrent devant une agora et un théâtre avant d’arriver au palais, où le chambellan courtois qui les attendait les fit entrer.
    Mamurra n’avait aucun rôle à jouer dans la réception du nouveau Dux Ripæ par Odénath, Roi de Palmyre, à part peut-être faire un pas en avant lorsqu’on le présentait et reprendre aussitôt sa place. Il avait donc tout loisir d’observer les gens qui y participaient. Odénath y alla de son bref discours officiel de bienvenue : la réputation martiale de Ballista qui avait franchi montagnes et océans… la confiance en un avenir radieux que sa présence faisait naître, etc., etc. La réponse de Ballista, après une introduction tout aussi futile, se terminait par une requête polie, mais sans ambiguïté : il lui fallait des troupes. Odénath s’étendit alors longuement sur les troubles qui agitaient l’Orient depuis l’invasion perse – des brigands partout, les Arabes, les bédouins s’éveillant à une cupidité forcenée ; bref, il était terriblement navré, mais tous ses hommes étaient affectés au maintien de la paix dans le désert et ils parvenaient tout juste à mener à bien leur mission.
    Mamurra avait bien du mal à dénombrer toutes les choses qu’il détestait chez Odénath, Seigneur de Tadmor, et sa cour. Pour commencer, il y avait ses cheveux et sa barbe soigneusement frisés et parfumés. Ensuite, la manière raffinée dont il tenait sa coupe de vin, en se servant seulement de son pouce et de deux doigts, les rubans et cordons brodés qui ornaient ses vêtements, les coussins doux et moelleux, richement décorés eux aussi et empestant le parfum, sur lesquels il s’asseyait. Et sa cour, bien que ce fût difficile à concevoir, était encore pire. Le ministre en chef, Verodes, et les deux généraux – affublés de noms barbares ridiculement semblables, Zabda et Zabbai – étaient attifés comme des copies conformes de leur seigneur. Il y avait un fils minaudant, dont on aurait dit qu’il vendait son cul au coin de la rue, et, comme si tout cela ne suffisait pas, effrontément assis avec tout ce beau monde, non seulement un eunuque (probablement une sorte de secrétaire, à moins qu’il ne fût employé à des divertissements coupables) mais une femme (une salope sournoise nommée Zénobie – la nouvelle épouse d’Odénath).
    — Cela doit être parce que c’est au beau milieu de nulle part, dit Mamurra à voix basse à l’adresse de Ballista.
    — Quoi donc ?
    — Cet endroit. (Mamurra eut un geste circulaire). Palmyre est

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