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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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Pape et Cie. Expédition de Crimée pour affermir son trône chancelant (1854), même jeu en Italie, peur du spectre rouge (1859). Expédition fantastique décidée par le fidèle et loyal de Morny et Cie au Mexique (1862). Affaires et tripotages de Bourse, association avec un autre oiseau de proie: Bismarck, dont ce dernier vautour seul profite. Merveille du Chassepot par son valet de Failly (1866). Abrutissement essayé sur le moral des Français, protection des cocottes et chevaliers d'industrie de tout genre (1867). Couronnement de l'édifice, afin d'assurer sa succession à sa progéniture putative. Guerre de Prusse. Apothéose, honte et capitulation de Sedan (1870). »
    Louis Napoléon n'ignorait rien de ce déchaînement de haine. S'il en souffrit, il s'attacha à le laisser peu paraître. Il prenait les choses avec beaucoup de philosophie et de noblesse, comme le rapporta, quelque quarante ans plus tard, l'impératrice.
    « Quand nous étions heureux, j'ai toujours vu l'Empereur simple et bon, charitable et miséricordieux. Quand les malheurs nous ont accablés, il a porté la mansuétude et le stoïcisme jusqu'au sublime. Jamais un mot de plainte, de blâme ou de récrimination.
    « Souvent, je le suppliais de se défendre, de repousser les malédictions dont il était l'objet, d'arrêter ce torrent d'injures qui se déversait continuellement sur nous.
    « Il me répondait avec placidité: "Non, je ne me défendrai pas. Certaines catastrophes sont si douloureuses pour une Nation qu'elle a le droit d'en rejeter, même injustement, la faute sur son Chef.
    « Un monarque, un Empereur surtout se dégraderait en cherchant à se disculper car il plaiderait sa cause contre son peuple." »
    Mais il était écrit qu'à la différence d'Eugénie, Louis Napoléon n'aurait pas à supporter trop longtemps les injures dont on l'accablait.
    L'été 1872, passé en partie dans l'île de Wight, marqua le commencement de la fin. Dans un climat familial assombri par la perspective du départ du prince impérial, qui devait entrer à l'Académie militaire de Woolwich, la santé de l'empereur, après une assez longue période de rémission, vint de nouveau à s'altérer.
    En juillet 1872, Louis Napoléon consulta le chirurgien sir Henry Thompson, qui avait opéré avec succès le roi des Belges et dont la méthode consistait à concasser le calcul. On convint d'une nouvelle séance à Noël, qui devait préluder à l'opération.
    Plus actif que jamais, le malade cherchait dans le travail à tromper sa souffrance. Il avait entrepris la rédaction d'une étude sur la création d'une « Cour des arbitrations » habilitée à proposer sa médiation dans les conflits internationaux. Avec l'aide d'un économiste, il s'efforçait d'élaborer un plan de suppression de l'octroi en France (octroi qui devait d'ailleurs subsister jusqu'à la Seconde Guerre mondiale). Il avait aussi repris la rédaction d'un projet visant à assurer une retraite de 365 francs aux travailleurs âgés de soixante-cinq ans. Et la mise au point d'un appareil de chauffage capable de réduire de moitié le besoin en combustible occupait toujours son esprit. Sa mécanique intellectuelle, orientée vers la solution de problèmes concrets, était donc en bon état de marche.
    Le 2 janvier 1873 eut lieu la première opération qui parut se solder par un succès. Bien que la douleur ait nécessité l'administration d'opium, on crut pouvoir tenter, le 6, une nouvelle intervention pour tenter d'extraire les débris de la pierre. Le malade en sortit très fatigué. Son pouls comme son visage indiquaient l'aggravation de son état. Pourtant, Louis Napoléon ne se plaignait pas. Le lendemain, il demanda simplement à l'impératrice : « Où est Louis? ». Elle lui répondit qu'il était retourné à Woolwich et qu'elle allait lui demander de venir: «Non, non. Il travaille. Je ne veux pas qu'on le dérange. »
    Comme il paraissait aller mieux et qu'il fallait aller jusqu'au bout, sir Henry Thompson décida une troisième intervention. Mais tout à coup, l'état du malade s'aggrava à un point tel qu'on imagina le pire et l'impératrice exprima le désir d'en informer elle-même son fils. Mais les médecins lui demandèrent de ne pas s'éloigner... On appela l'abbé Goddard qui administra l'extrême onction.
    L'impératrice annonça à Louis Napoléon la venue imminente de leur fils que le comte Clary était parti chercher d'urgence à Woolwich. L'empereur en éprouva sans

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