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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Fénelon et lui a demandé de prêcher à Saint-Cyr, devant les jeunes pensionnaires.
    Louis se méfie de cet évêque, qui est pourtant bon précepteur, et le duc de Bourgogne semble avec lui apprendre ce que doit savoir un roi.
    Et il peut l’être bientôt, tant la mort frappe de manière inattendue qui bon lui semble.
    Il la voit s’emparant du corps de Marie-Anne de Bavière, le secouant, lui tordant les bras, lui raidissant les jambes, révulsant les yeux et secouant la tête de soubresauts.
    Puis, après une dernière convulsion et un cri étouffé, c’est le silence et l’immobilité de la pierre.
    Mme la dauphine est retournée à Dieu, dit une voix.
    Louis s’agenouille au pied du lit et commence à prier.
    Il entend les sanglots d’Élisabeth Charlotte.
    Il l’a reçue il y a peu.
    Elle était à la fois respectueuse et indignée, soumise et prête, disait-elle, à ne pas céder.
    Il l’avait écoutée, avec d’abord de l’irritation, puis de la lassitude.
    Elle a dit que Monsieur avait décidé de nommer pour gouverneur de leur fils Philippe d’Orléans, duc de Chartres, ce marquis d’Effiat, maintenant membre de l’ordre du Saint-Esprit et l’on savait pourquoi. Mais Effiat avait beau porter le grand cordon, la cape de velours noir doublée de satin orange, le mantelet tissé d’argent et le collier d’or soutenant la croix, composé de lys et des armes du roi, il n’en restait pas moins adonné aux débauches de la pire espèce.
    — S’il devient gouverneur de mon fils, il lui apprendra ce qui est le plus horrible au monde. Effiat, c’est le plus grand sodomite de France, qui a toujours sa chambre au Palais-Royal pleine de putains et de jeunes garçons.
    Louis l’avait d’un geste interrompue.
    Il n’admettait pas ce ton. Mais en même temps, il l’avait rassurée. Il n’avait pas donné son consentement pour cette nomination. Il avait même depuis un an empêché Monsieur son frère d’annoncer son choix.
    La princesse Palatine s’est confondue en remerciements, a exprimé sa gratitude, sa fidélité.
    Il l’a toisée.
    C’était elle qui venait d’écrire à propos de Françoise de Maintenon :
    « Je ne crois pas qu’on puisse trouver au monde plus méchant diable qu’elle avec toute sa dévotion et son hypocrisie, tous les malheurs viennent de cette vieille conne ! »
    Il ne pouvait pas condamner publiquement Élisabeth Charlotte. Il devait respecter Madame, épouse de son frère.
    Mais il l’avait privée des deux mille pistoles d’étrennes qu’il donnait chaque année à chacun des membres de la famille royale.
     
    Tout cela, dans cette pièce où la mort s’est emparée de Marie-Anne de Bavière, lui paraît si dérisoire.
    Il lui semble que ces mois qui viennent de s’écouler, que cette année 1690 ne sont pleins que de cette mort, de celle de Seignelay aussi, car le fils de Colbert, ce ministre efficace, a été emporté sans que rien annonçât qu’il serait frappé par la faucheuse noire, la souveraine de toutes les vies.
    Pourtant, les victoires du maréchal de Luxembourg contre les troupes espagnoles, allemandes, hollandaises à Fleuras, celles des flottes de Tourville dans la Manche contre les navires anglo-hollandais, puis des navires de Duquesne au large de Madras contre les navires anglais, ou bien celles des troupes de Catinat, victorieuses en Piémont, l’avaient comblé.
    On avait tapissé la nef de Notre-Dame des drapeaux pris par Luxembourg et Catinat à l’ennemi.
    Louis avait assisté au Te Deum célébrant ces victoires.
    Il avait dit, après le succès des soixante-quinze vaisseaux de Tourville sur la flotte ennemie :
    — Je me trouve à présent le maître de la Manche, après avoir battu les Anglais qui se vantaient depuis plusieurs siècles d’en être les maîtres, fortifiés de tous les vaisseaux de Hollande.
    Mais que restait-il de ces victoires, à l’instant ? Face à la mort ?
    Il fallait les remporter, pour la gloire du roi et donc celle du royaume, pour ne pas être un souverain humilié et déchu, comme l’était Jacques II, vaincu en Irlande, à la bataille de la Boyne, et contraint de vivre en exil, laissant son royaume à l’hérétique Guillaume III d’Orange.
    Il a donc fait ce qu’il devait.
    Il ne sera pas un Jacques II que le remords dévore, qui quitte souvent le château de Saint-Germain où il est hébergé pour la cellule d’un monastère, tant le roi d’Angleterre est sûr que sa défaite et

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