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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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vint chercher sa part de la chasse : les ailerons du lion de mer et l'épaisse couche de graisse sous la peau. Mais soudain Traqueur de Phoques secoua la tête et se tourna vers le père de Chagak en lui tendant un long couteau de chasse en pierre :
    — J'ai besoin d'une femme, dit-il. Que cet animal soit le premier paiement pour le prix de ta fille.
    Le père de Chagak hésita et la jeune fille couvrit son visage de ses mains tandis que derrière elle, ses amies se mettaient à rire. Mais elle observait son père à travers ses doigts tremblants pendant que celui-ci se tournait vers la mère de Chagak. Celle-ci inclina la tête comme si elle avait toujours su ce que Traqueur de Phoques préparait. Alors le père de Chagak découpa la peau épaisse et commença à donner à chaque homme une part pour sa famille. Chagak regarda Traqueur de Phoques et détourna aussitôt les yeux, ses joues devenant soudain trop chaudes même sous ce vent froid. Mais sa mère frappa des mains et la poussa vers le lion de mer et là, devant tout le village réuni, Chagak et sa mère commencèrent le dépeçage.
    Chagak fut soulagée que son père ait récemment aiguisé son couteau de femme de sorte que la lame entamait facilement la chair et la graisse. La jeune fille commença le dépeçage de façon si vive et si précise que bientôt sa mère s'assit sur ses talons et laissa sa fille terminer la besogne.
    Traqueur de Phoques la surveilla longtemps et Chagak sentit la chaleur de son regard sur le sommet de sa tête et sa nuque à l'endroit où ses cheveux noirs disparaissaient sous le col de son suk. Malgré sa timidité, et tout en continuant à travailler le cœur battant, elle risqua un coup d'œil vers Traqueur de Phoques. Il lui sourit. Mais finalement il se détourna pour aider les autres chasseurs et prendre sa part de l'autre lion de mer.
    Quand Chagak et sa mère eurent terminé, elles plièrent et roulèrent la peau, la chair à l'intérieur, puis elles enveloppèrent les os dans une vieille dépouille de phoque. Plusieurs femmes les aidèrent à porter les paquets dans leur ulaq.
    Chagak s'était attendue à commencer tout de suite le dépeçage de la peau, mais sa mère lui indiqua les rangées de bateaux de femmes près de la plage.
    — Nous devons rendre visite aux loutres de mer, dit-elle.
    Aussi Chagak et sa mère transportèrent-elles jusqu'au bord de la mer leur bateau de femme, un ik ouvert, construit en bois sec et doublé de peau de lion.
    La mère grimpa la première et Chagak poussa l'embarcation dans les eaux peu profondes. La fraîcheur de la mer engourdit ses chevilles au point de lui faire mal. Lorsque l'ik fut assez loin de la rive, elle sauta à bord et sa mère lui tendit une pagaie en l'invitant à se diriger vers les lits de varech où vivaient les loutres de mer.
    D'abord Chagak crut que sa mère allait lui raconter l'histoire du jour où une loutre avait sauvé la vie de son père. C'était une histoire qu'elle avait entendue bien souvent, à propos de la façon dont la loutre avait dirigé son père vers la terre, alors que son ikyak avait été retourné par un orage. Depuis ce temps, son père considérait les loutres comme sacrées et ne les chassait plus pour leur peau ou leur chair.
    En soupirant Chagak ferma les yeux et attendit que sa mère commence son récit, mais celle-ci demanda :
    — Qui sont de meilleures mères que les loutres? N'ont-elles pas enseigné à la première femme à soigner ses enfants ?
    Alors Chagak ouvrit les yeux et regarda les loutres pendant que sa mère lui expliquait comment être une bonne épouse et plaire à son mari. Elle parla des traditions de leur peuple, celui du Premier Homme. Comment le monde n'était constitué que d'eau avant que les loutres décident qu'elles avaient besoin de la terre ferme pour se cacher quand il y avait des orages. De leur côté, les phoques voulaient des plages où ils pourraient mettre leurs bébés au monde. Aussi chacun de ces animaux travailla-t-il dur et creusa-t-il le fond de la mer pour rapporter de la boue jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour constituer une longue courbe de terre au-dessus de la mer. Puis les montagnes se formèrent pour garder les plages. De l'herbe verte et brillante grimpa à l'assaut des montagnes. La bruyère et toutes les plantes poussèrent. Les oiseaux arrivèrent, puis les petits mammifères rongeurs appelés lemmings et enfin les hommes.
    Le peuple de Chagak était le premier à s'être

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